« Je pèse mes mots,
il faut peut-être en tuer. » Un élu de la République a donc lancé un appel au meurtre, à l’assassinat même – puisque préméditation il y a –, en direct sur une chaîne de télévision du
service public. L’impétrant s’appelle Salim Mdéré, vice-président du conseil départemental de
Mayotte. « Je ne peux pas vous laisser dire ça ! » a réagi fort à propos la journaliste. Si l’élu
s’est fendu d’une explication pour le moins filandreuse, convoquant la passion
(sic) et présentant ses excuses si ses propos « ont pu (re-sic) heurter », la question, désormais, est : le procureur de la République va-t-il s’autosaisir
et lancer une enquête ? Si rien de
tel ne survient, c’est ni plus
ni moins un permis de tuer qui serait accordé aux forces dites de l’ordre
lancées dans une opération dont le nom shimaroé porte – comme la nuée l’orage –
l’étendue du problème : « Wuambushu », soit « Reprise ». Pourquoi pas « Reconquête », tant qu’on y est…
Question pour question : cette phrase abjecte constitue-t-elle vraiment un
dérapage ou représente- t-elle finalement la pointe ultime, presque absurde,
de la logique d’un pouvoir tellement impatient de refermer la « séquence » sociale de la réforme des retraites pour ouvrir celle de l’ordre et de la loi sur l’immigration ? Gérald
Darmanin plutôt qu’Olivier Dussopt : voilà ce qu’ils pensent être « payant »
politiquement.
Attention à ne pas s’y méprendre : la dérive à droite n’est plus seulement un expédient face à une impopularité croissante
et un isolement grandissant, elle est devenue un moteur du macronisme qui,
d’incarnation supposée d’un double libéralisme (économique et sociétal),
poursuit sa mue vers l’illibéralisme. On ne fera pas dire aux « casseroles » plus que le
bruit qu’elles projettent dans l’espace public, mais elles possèdent au moins une vertu : celle de
distiller une autre petite musique que cette marche funèbre
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