Regarde cet enfant, il dort là innocent
! Sa vie commence juste dans un monde en folie. À la radio, à la télé : tous
les soirs on entend que des hommes sont tués par des frères ennemis. Ici des
attentats ; là des guérillas. Au siècle de la science, au siècle de l’espoir, des
hommes vont sur la lune, des hommes se font la guerre. La guerre des gros sous,
la guerre politique, la guerre des idéaux, la guerre atomique, la guerre des
symboles, les guerres des régions, la
guerre des énergies…mais en finira-t-on ? Toi l’enfant, tu ris, là, innocent tu
n’as pas demandé d’être là, à présent. Deux êtres t’ont créé, t-ont-ils voulu
vraiment ? Ou bien es-tu un fruit venu par accident ? Accroché au sein gonflé
que te tend là ta mère tu refais cette action vieille de trente mille ans. Le
geste de la vie, celui des mammifères, tu têtes là ce lait, le premier aliment.
Malgré tout tu vis là, devant nous, innocent auprès de ton aïeule une femme de
cent ans. Elle fit ses premiers pas avec notre industrie, elle vit ses derniers
souffles comme dans une rêverie. Une fleur qui éclate au printemps, elle
respire à la vie comme toi à présent. Vivra-t-elle sa vie ou sera-t-elle
cueillie ? Vivras-tu dans cent ans avec cette euphorie ? La rancœur des âmes,
la fierté de l’orgueil la vanité, le vouloir tout avoir : la dot du cercueil. Dans
mon rêve par la plume, je rêve sur ton berceau pour que s’effacent pour toi ces
fiefs féodaux. À tous les contemporains de cet enfant tout blond, je hurle comme en prière : arrêtez là les
guerres ! Et avec la science, ne jouez plus aux cons, mais trouvez la pilule
qui vous fera tous frères !
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