On les voit souvent passer, arrivant au
bout de l’allée, par petite groupes ou deux par deux, à pas très lents, parlant
entre eux. Ils rient, lisent ou tricotent à l’ombre d’un solide chêne, qui a
bien l’âge de l’un d’eux, et qui se porte on ne peut mieux. On se remémore ses
souvenirs, on se souvient de tout, des guerres, d’un conjoint trop tôt disparu,
des enfants qu’on n’a jamais eus, d’un
voyage ou d’une croisière. On aborde aussi l’avenir : Si le destin nous le
propose pour nous il ne sera pas rose, maison
de retraite, hôpital, rien que des choses très banales, résignés, mais non
consentants, On devient sage en vieillissant. Lorsqu’ils parlent de politique, chacun
y va de sa réplique, gesticulant, le verbe haut, ils attirent tous les badauds.
Mais que vienne un nuage bas, ou la menace d’un grand vent, vite ils se lèvent de leur banc, laissant en
plan leurs pugilats. Reprenant livres et cabas, se séparent en pressant le pas ; Mais demain,
s’il fait beau temps, ils reviendront l’après-midi, ils s’assiéront sous la
rotonde de leur bel arbre rajeuni : Ils referont encore le monde, quand on est
vieux, par temps de pluie.
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