mercredi 17 décembre 2025

« Venezuela : Donald Trump travaille à une alternative fantoche », l’éditorial de Cathy Dos Santos.



Aveuglé par l’impérialisme de sa doctrine de sécurité nationale, le président des États-Unis prétend administrer le monde comme il gère son portefeuille d’actions. Ici, à coups de spéculation et d’OPA ; là, à coups de rétorsions économiques et d’interventions militaires. En décrétant un blocus maritime « total » contre les pétroliers du Venezuela, le locataire de la Maison-Blanche mise gros sans peut-être mesurer l’onde de choc interne et internationale de ses oukases. Sa base Maga – virulemment remontée contre de nouveaux conflits armés – attend toujours le retour de la croissance promise. L’opposition, elle, lui rappelle que la centaine d’assassinats extrajudiciaires perpétrés depuis septembre dans les eaux des Caraïbes, ainsi que le déploiement de son armada, sont autant d’actes de guerre qui n’ont jamais reçu l’aval du Congrès.

Certains feignent de s’interroger sur les intentions réelles du bureau Ovale. C’est dédouaner à bon compte Washington et nier l’histoire récente : depuis 2002, date du premier coup d’État contre Hugo Chavez, Caracas a essuyé des tentatives de putschs à répétition et enduré une batterie de sanctions économiques visant à faire tomber la gauche au pouvoir. L’objectif était et reste idéologique et financier : la ceinture de l’Orénoque est un puits sans fond de pétrole. La récente grâce accordée par Trump à l’ex-président du Honduras condamné à quarante-cinq ans de prison pour narcotrafic, démontre que la lutte contre les cartels de la drogue n’est qu’un prétexte fumeux.

Donald Trump joue sur tous les tableaux. Il prive Caracas de ressources économiques, traite le gouvernement vénézuélien d’« organisation terroriste étrangère » pour effrayer les investisseurs, isole Nicolas Maduro jusqu’à l’éjecter du jeu politique – faute de pouvoir le déloger par les armes –, et cherche, comme par le passé, à imposer une alternative fantoche en la personne de Maria Corina Machado.

L’ultramédiatisation de son Nobel de la paix sert à préparer les opinions publiques. Derrière ce scénario de déjà-vu, qui jouit du soutien des gouvernements d’extrême droite de la région, le président des États-Unis s’attaque, par pays interposé, à sa vraie rivale, la Chine, partenaire stratégique du Venezuela. Dans les Caraïbes, Trump se paye un nouveau front de guerre à l’issue aussi hasardeuse que risquée.

 

 

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