Aveuglé
par l’impérialisme de sa doctrine de sécurité nationale, le
président des États-Unis prétend administrer le monde comme il gère
son portefeuille d’actions. Ici, à coups de spéculation et
d’OPA ; là, à coups de rétorsions économiques
et d’interventions militaires. En décrétant un blocus
maritime « total » contre les pétroliers
du Venezuela, le locataire de la Maison-Blanche mise gros sans
peut-être mesurer l’onde de choc interne et internationale de ses oukases.
Sa base Maga – virulemment remontée contre de nouveaux conflits armés
– attend toujours le retour de la croissance promise. L’opposition, elle, lui
rappelle que la centaine d’assassinats extrajudiciaires perpétrés
depuis septembre dans les eaux des Caraïbes, ainsi que le
déploiement de son armada, sont autant d’actes de guerre qui n’ont jamais reçu
l’aval du Congrès.
Certains
feignent de s’interroger sur les intentions réelles du
bureau Ovale. C’est dédouaner à bon compte Washington et nier l’histoire
récente : depuis 2002, date du premier coup d’État contre Hugo Chavez,
Caracas a essuyé des tentatives de putschs à répétition et enduré une batterie
de sanctions économiques visant à faire tomber la gauche au pouvoir. L’objectif
était et reste idéologique et financier : la ceinture de l’Orénoque est un
puits sans fond de pétrole. La récente grâce accordée par Trump à
l’ex-président du Honduras condamné à quarante-cinq ans de prison pour
narcotrafic, démontre que la lutte contre les cartels de la drogue n’est qu’un
prétexte fumeux.
Donald Trump
joue sur tous les tableaux. Il prive Caracas de ressources économiques, traite
le gouvernement vénézuélien d’« organisation terroriste
étrangère » pour effrayer les investisseurs, isole Nicolas Maduro
jusqu’à l’éjecter du jeu politique – faute de pouvoir le déloger par les armes
–, et cherche, comme par le passé, à imposer une alternative fantoche en la
personne de Maria Corina Machado.
L’ultramédiatisation
de son Nobel de la paix sert à préparer les opinions publiques. Derrière ce
scénario de déjà-vu, qui jouit du soutien des gouvernements d’extrême droite de
la région, le président des États-Unis s’attaque, par pays interposé, à sa
vraie rivale, la Chine, partenaire stratégique du Venezuela. Dans les Caraïbes,
Trump se paye un nouveau front de guerre à l’issue aussi hasardeuse que
risquée.

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