dimanche 7 décembre 2025

« Le monde de Trump : un impérialisme total », l’éditorial de Marion d’Allard.



En moins d’un an, Donald Trump a renversé la table, mis à terre le multilatéralisme, réduit la diplomatie à une succession de deals, d’extorsions, de coups de menton, piétiné le droit et les institutions internationales au seul profit des États-Unis. Le président milliardaire a rompu violemment avec l’ordre mondial et la Stratégie de sécurité nationale, publiée par la Maison-Blanche vendredi, le confirme en tous points. En une trentaine de pages, ce texte entérine l’abandon des alliances héritées de la Seconde Guerre mondiale, exercice stupéfiant d’autosatisfaction dans lequel Trump règle ses comptes et pose ses jalons. Il y étrille Bruxelles, épargne Moscou, prévient Pékin, confirme son ingérence en Amérique latine et lorgne sur les minerais d’Afrique.

Dans le fond, ce document ne dit pas autre chose que ce que le président états-unien et ses lieutenants ont déjà évoqué publiquement. Il officialise un impérialisme total, façonné par la prédation des ressources et le contrôle des frontières, axé sur la préservation des intérêts commerciaux et financiers, le développement de la « puissance » de Washington et le rejet des « idéologies désastreuses du “changement climatique” ». Qu’importent les méthodes. Qu’importent les conséquences des jeux d’alliances opportunistes et des petits arrangements court-termistes. Mais cette Stratégie de sécurité nationale révèle aussi et sans détour les aspirations d’un Trump conservateur, rétrograde et suprémaciste, déterminé à déstabiliser tous ceux qui n’y adhéreraient pas.

Au centre de son viseur, l’Europe, dont « le déclin économique est éclipsé par la perspective réelle et plus sombre de l’effacement civilisationnel », où il convient de « restaurer l’identité occidentale » en s’appuyant sur « l’influence croissante des partis patriotiques », considérée par la Maison-Blanche comme la « source d’un grand optimisme ». La messe est dite. Trump construit des ponts entre les extrêmes droites, partout où elles prospèrent et promet de « cultiver, au sein des nations européennes, la résistance à la trajectoire actuelle de l’Europe ». Il y met les moyens, il faut y mettre des entraves.

 

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