En moins d’un
an, Donald Trump a renversé la table, mis à terre le multilatéralisme, réduit
la diplomatie à une succession de deals, d’extorsions, de coups de menton,
piétiné le droit et les institutions internationales au seul profit des
États-Unis. Le président milliardaire a rompu violemment avec l’ordre mondial
et la Stratégie de sécurité
nationale, publiée par la Maison-Blanche vendredi, le confirme en tous points. En une
trentaine de pages, ce texte entérine l’abandon des alliances héritées de la
Seconde Guerre mondiale, exercice stupéfiant d’autosatisfaction dans lequel
Trump règle ses comptes et pose ses jalons. Il y étrille Bruxelles, épargne
Moscou, prévient Pékin, confirme son ingérence en Amérique latine et lorgne sur
les minerais d’Afrique.
Dans le fond,
ce document ne dit pas autre chose que ce que le président états-unien et ses
lieutenants ont déjà évoqué publiquement. Il officialise un
impérialisme total, façonné par la prédation des ressources et le contrôle des
frontières, axé sur la préservation des intérêts commerciaux et financiers, le
développement de la « puissance » de Washington et le rejet des
« idéologies désastreuses du “changement climatique” ». Qu’importent
les méthodes. Qu’importent les conséquences des jeux d’alliances opportunistes
et des petits arrangements court-termistes. Mais cette Stratégie de sécurité
nationale révèle aussi et sans détour les aspirations d’un Trump conservateur,
rétrograde et suprémaciste, déterminé à déstabiliser tous ceux qui n’y adhéreraient
pas.
Au centre de
son viseur, l’Europe, dont « le déclin économique est éclipsé par la
perspective réelle et plus sombre de l’effacement civilisationnel »,
où il convient de « restaurer l’identité occidentale » en
s’appuyant sur « l’influence croissante des partis patriotiques »,
considérée par la Maison-Blanche comme la « source d’un grand
optimisme ». La messe est dite. Trump construit des ponts entre les
extrêmes droites, partout où elles prospèrent et promet de « cultiver,
au sein des nations européennes, la résistance à la trajectoire actuelle de
l’Europe ». Il y met les moyens, il faut y mettre des entraves.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire