D’un discours à
l’autre, affectant de préparer le pays à des périls imminents, sinon
existentiels, Emmanuel Macron façonne méthodiquement une angoissante rhétorique
guerrière. « Notre génération ne touchera plus les dividendes de la
paix », clamait-il le 5 mars dernier.
Depuis, ce sont
des sirènes ininterrompues : « Jamais depuis 1945, le risque de
guerre n’avait été aussi élevé » ; « Nous devons nous
préparer à des conflits de haute intensité » ; « Nous
devons montrer que nous ne sommes pas faibles ». Jusqu’à la harangue
du chef d’état-major, Fabien Mandon, le 18 novembre, exhortant les
Français à « accepter de perdre [leurs] enfants ».
Le projet de
rétablir un service militaire volontaire s’inscrit dans cette stratégie :
installer l’effroi, préparer les esprits à la guerre, ancrer la certitude qu’un
conflit sur le sol européen impliquant directement la France serait inévitable.
Le président de la République n’en finit plus d’invoquer la « fin de la
parenthèse de paix » ouverte après 1945 ; mais pourquoi cette
parenthèse se referme-t-elle ?
Parce que les
puissances, au lieu de renforcer les institutions multilatérales, ont choisi la
confrontation, la logique de blocs, la compétition pour les ressources, la
mutilation permanente du droit international qu’elles ont elles-mêmes édicté.
Parce que l’Otan, loin d’être un instrument de stabilité, en s’élargissant sans
cesse, a délibérément nourri le feu. Parce que la diplomatie a été
déconsidérée, piétinée, reléguée loin derrière les démonstrations de force.
Jamais la paix
n’a été maintenue en préparant la guerre. Le Vieux Continent sait ce qu’il en
coûte quand le capitalisme déliquescent cherche son salut au fond des
tranchées : des millions de vies fauchées, des nations ruinées, et
l’humanité tout entière précipitée dans la nuit.
L’Europe a la
mémoire courte. Si courte que, dans cette suffocante atmosphère de cynisme et
de bruit de bottes, le principe même de résolution pacifique des conflits est
tourné en dérision, disqualifié. C’est pourtant, avec le désarmement, la seule
voie réaliste pour bâtir un ordre international fondé sur la sécurité
collective.

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