jeudi 27 novembre 2025

« Pourquoi Emmanuel Macron veut préparer les esprits à la guerre », l’éditorial de Rosa Moussaoui.



D’un discours à l’autre, affectant de préparer le pays à des périls imminents, sinon existentiels, Emmanuel Macron façonne méthodiquement une angoissante rhétorique guerrière. « Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix », clamait-il le 5 mars dernier.

Depuis, ce sont des sirènes ininterrompues : « Jamais depuis 1945, le risque de guerre n’avait été aussi élevé » ; « Nous devons nous préparer à des conflits de haute intensité » ; « Nous devons montrer que nous ne sommes pas faibles ». Jusqu’à la harangue du chef d’état-major, Fabien Mandon, le 18 novembre, exhortant les Français à « accepter de perdre [leurs] enfants ».

Le projet de rétablir un service militaire volontaire s’inscrit dans cette stratégie : installer l’effroi, préparer les esprits à la guerre, ancrer la certitude qu’un conflit sur le sol européen impliquant directement la France serait inévitable. Le président de la République n’en finit plus d’invoquer la « fin de la parenthèse de paix » ouverte après 1945 ; mais pourquoi cette parenthèse se referme-t-elle ?

Parce que les puissances, au lieu de renforcer les institutions multilatérales, ont choisi la confrontation, la logique de blocs, la compétition pour les ressources, la mutilation permanente du droit international qu’elles ont elles-mêmes édicté. Parce que l’Otan, loin d’être un instrument de stabilité, en s’élargissant sans cesse, a délibérément nourri le feu. Parce que la diplomatie a été déconsidérée, piétinée, reléguée loin derrière les démonstrations de force.

Jamais la paix n’a été maintenue en préparant la guerre. Le Vieux Continent sait ce qu’il en coûte quand le capitalisme déliquescent cherche son salut au fond des tranchées : des millions de vies fauchées, des nations ruinées, et l’humanité tout entière précipitée dans la nuit.

L’Europe a la mémoire courte. Si courte que, dans cette suffocante atmosphère de cynisme et de bruit de bottes, le principe même de résolution pacifique des conflits est tourné en dérision, disqualifié. C’est pourtant, avec le désarmement, la seule voie réaliste pour bâtir un ordre international fondé sur la sécurité collective.

 

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