mercredi 26 novembre 2025

« Les droits des travailleurs, premières victimes du militarisme déchaîné », l’éditorial de Stéphane Sahuc.



Certes les mots sont plus mesurés que ceux de son chef d’état-major des armées (Cema) exhortant la population à être prête « à perdre ses enfants », mais la logique reste la même. Celle d’une guerre inéluctable contre la Russie. Le président de la République l’affirme, « nous devons montrer que nous ne sommes pas faibles avec la puissance qui nous menace le plus ».

Et de convoquer les missiles balistiques intercontinentaux russes menaçant Paris à l’appui de sa démonstration. Conclusion ? il faut s’armer davantage. Certes la Russie injecte environ 150 milliards d’euros par an dans le militaire. Une somme colossale. Mais en 2024, les dépenses de défense des États membres de l’UE ont atteint 343 milliards d’euros. En 2025, elles devraient atteindre 381 milliards d’euros. Et on ne parle pas du budget des États-Unis…

Mais cela ne suffit pas, nous dit-on. Pour produire plus, « pour protéger ce que l’on est », il faudra « accepter de nous faire du mal », explique le Cema. En clair accepter que les revendications sociales, de salaires, d’emplois, passent au second plan, voire s’asseoir sur les droits sociaux. Et c’est bien ce que prévoit déjà l’Union européenne avec l’Edip, un programme qui doit favoriser l’industrie de l’armement européenne.

Ce programme, porté notamment par les eurodéputés français François-Xavier Bellamy (« Les Républicains ») et Raphaël Glucksmann (Place publique), outre qu’il valide la logique du surarmement, porte aussi des reculs lourds pour les droits des travailleurs et des menaces sur l’environnement. Journées de travail de plus de 13 heures, semaines de plus 48 heures, dérogations aux directives européennes qui protègent l’environnement et les nappes phréatiques…

Tout doit plier devant la menace de guerre. En 1914, les patrons furent autorisés à dépasser la durée normale du travail fixée alors 10 heures par jour, à suspendre le repos hebdomadaire, à affecter des enfants à des travaux dangereux et à les faire travailler la nuit. La stratégie de la peur vise toujours à faire accepter le pire.

 

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