mardi 25 novembre 2025

« Le nerf de la guerre contre les violences faites aux femmes », l’éditorial de Marion d’Allard.



Quatre. Quatre femmes sont mortes assassinées par leur conjoint ou par leur ex, en une seule journée, jeudi dernier. Mélina, Élodie, Laure et Béatrice n’avaient ni la même vie ni la même histoire. Mais un dénominateur commun : une fin tragique infligée par un homme, drapé dans la toute-puissance de ceux qui se croient dépositaires de la vie des autres, de la vie des femmes.

Depuis le 1er janvier 2025, en France, elles sont 151 – sans compter les suicides forcés – à être tombées sous les coups de celui avec qui elles ont partagé une tranche de vie. Un chiffre terrifiant que les pouvoirs publics ne considèrent toujours pas à la hauteur de ce qu’il est, un drame national nourri d’un échec politique.

Les féminicides sont des morts évitables. Ils sont le point final dramatique d’un continuum de violences, d’humiliations, de rabaissements, de prises de contrôle, souvent dénoncé par les victimes mais rarement entendu.

Combien d’entre elles ont porté plainte, à plusieurs reprises ? et combien ont été prises au sérieux, écoutées, protégées, accompagnées ? Les violences faites aux femmes sont multiples. Économiques, physiques, sexuelles, verbales, psychologiques, par procuration, elles ont toutes en commun de maintenir les femmes sous domination.

La lutte pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ne se satisfera pas d’une journée internationale. Elle exige la mise en œuvre de politiques publiques courageuses, dotées de moyens humains et financiers, là où l’État continue de se défausser sur un tissu associatif exsangue.

Le dépôt d’une « proposition de loi intégrale de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants » est un acte important, qui promet de s’attaquer au « déficit de protection », à l’« impunité » des agresseurs, entend « réformer la police et la justice »… Mais rien ne se fera sans moyens. Les besoins sont colossaux. Y répondre est indispensable pour briser la mécanique infernale. Pour qu’enfin la vie des femmes ne soit plus classée sans suite.

 

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