lundi 4 août 2025

« Punition collective pour les Gazaouis », l’éditorial de Lionel Venturini.



Par quel principe la faute d’un individu entraîne-t-elle une punition collective ? C’est cette règle-là qu’applique pourtant le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, en annonçant geler jusqu’à nouvel ordre toute évacuation de personnes de Gaza. La faute à une étudiante gazaouie qui devait être accueillie en France à Sciences-Po Lille, accusée d’antisémitisme et d’apologie du terrorisme en raison de publications sur les réseaux sociaux, supprimées depuis. « Elle doit quitter le territoire national », a estimé le ministre, qui promet aussi que « tous les profils qui sont entrés en France vont faire l’objet d’une nouvelle vérification après les failles dans le criblage sécuritaire ». Environ 300 Gazaouis ont été accueillis France depuis le mois de mars.

Le parquet de Lille a annoncé avoir ouvert une enquête, il devra sans doute surmonter une première difficulté, celle de sa compétence – la cour de cassation a récemment défini les conditions cumulatives pour permettre la condamnation. L’autre difficulté est le renvoi annoncé de l’étudiante : pour la réexpédier à Gaza ? « La question de sa destination fait partie des discussions qui sont en cours » a botté en touche le ministre.

L’affaire brasse des questions légitimes sur l’accueil sur notre territoire comme elle conduit aux pires excès. On aimerait le même empressement quand, par exemple, un représentant de mouvement étudiant juif proche du Betar décrète que tout Palestinien est « issu de cultures arriérées ».

N’empêche, le gel de la solidarité avec Gaza, que ne compensent guère les largages aériens français d’aide alimentaire, est un bien mauvais signal que Paris envoie, après avoir pris l’initiative d’une reconnaissance de la Palestine à la prochaine Assemblée générale de l’ONU début septembre. Tout ce qui affaiblit cette position est bon à prendre pour Benyamin Netanyahou, à l’heure où même l’allié Trump admet la famine qui règne à Gaza. Dans l’impossibilité désormais de nier la catastrophe humanitaire après avoir minoré le nombre des cadavres gazaouis, le premier ministre israélien est sous une pression internationale croissante. Ce n’est pas le moment de la relâcher.

 

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