Par quel
principe la faute d’un individu entraîne-t-elle une punition collective ?
C’est cette règle-là qu’applique pourtant le ministre des Affaires étrangères,
Jean-Noël Barrot, en annonçant geler jusqu’à nouvel ordre toute évacuation de
personnes de Gaza. La faute à une étudiante gazaouie qui devait être accueillie
en France à Sciences-Po Lille, accusée d’antisémitisme et d’apologie du
terrorisme en raison de publications sur les réseaux sociaux, supprimées
depuis. « Elle doit quitter le territoire national », a estimé
le ministre, qui promet aussi que « tous les profils qui sont entrés en
France vont faire l’objet d’une nouvelle vérification après les failles dans le
criblage sécuritaire ». Environ 300 Gazaouis ont été accueillis France
depuis le mois de mars.
Le parquet de
Lille a annoncé avoir ouvert une enquête, il devra sans doute surmonter une
première difficulté, celle de sa compétence – la cour de cassation a récemment
défini les conditions
cumulatives pour permettre la condamnation. L’autre difficulté est le renvoi annoncé de l’étudiante : pour la
réexpédier à Gaza ? « La question de sa destination fait partie
des discussions qui sont en cours » a botté en touche le ministre.
L’affaire
brasse des questions légitimes sur l’accueil sur notre territoire comme elle
conduit aux pires excès. On aimerait le même empressement quand, par exemple,
un représentant de mouvement étudiant juif proche du Betar décrète que tout
Palestinien est « issu de cultures arriérées ».
N’empêche, le
gel de la solidarité avec Gaza, que ne compensent guère les largages aériens
français d’aide alimentaire, est un bien mauvais signal que Paris envoie, après
avoir pris l’initiative d’une reconnaissance de la
Palestine à la prochaine Assemblée générale
de l’ONU début septembre. Tout ce qui affaiblit cette position est bon à
prendre pour Benyamin Netanyahou, à l’heure où même l’allié Trump admet la
famine qui règne à Gaza. Dans l’impossibilité désormais de nier la catastrophe
humanitaire après avoir
minoré le nombre des cadavres gazaouis, le premier ministre israélien est sous
une pression internationale croissante. Ce n’est pas le moment de la relâcher.
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