C’est par une lettre sobre rendue publique sur les
réseaux sociaux et portée par le consul de France à Jérusalem à Mahmoud Abbas
que le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé qu’il reconnaîtrait
l’État de Palestine en septembre prochain.
La portée de cette reconnaissance est certes symbolique,
mais importante. Cette intention, si elle était confirmée, serait donc une
victoire pour les soutiens de la justice et de la paix, pour les milliers de
jeunes qui ont défilé dans les rues, milité dans les universités, les
syndicalistes qui ont distribué des tracts, le mouvement associatif avec une
mobilisation autrefois invisibilisée, désormais réprimée. À cet instant, nos
pensées vont à deux militants de longue date, Jean-Claude Lefort et Fernand
Tuil, qui se sont tant démenés pour obtenir que l’État de Palestine devienne
réalité.
Celles et ceux qui exigent depuis des années cette
reconnaissance ne peuvent qu’être déjà dubitatifs sur les termes et les
omissions de la déclaration présidentielle. Pas un mot d’une Cisjordanie rongée
par la colonisation, Jérusalem-Est annexée depuis 1980, un apartheid
omniprésent, quand Gaza est soufflée par l’horreur d’une guerre génocidaire. Il
conditionne cette reconnaissance à la démilitarisation de la Palestine…
prérogative régalienne de tout État souverain. Un comble quand Paris fournit
des composants militaires à l’armée israélienne.
La question de la temporalité nous interpelle forcément.
D’ici à septembre, le temps est encore long, et d’ici là, la famine fera encore
des centaines, voire des milliers de morts dans l’enclave. D’ici là, les
Gazaouis subiront à nouveau des bombardements qui ébranleront le peu de
bâtiments et de toits qui restent pour les abriter.
En réalité, le président de la République se retrouve
contraint au regard de l’impasse militaire de ce conflit. Il tente de sortir
d’une position inaudible qui a fluctué entre un soutien quasi inconditionnel à
l’opération militaire d’Israël et de maigres condamnations des agissements de
l’armée, comme si les bombes larguées n’avaient pas de commanditaires. Il ne
faut pas attendre septembre et utiliser la diplomatie pour obtenir un
cessez-le-feu durable, l’ouverture d’un couloir humanitaire, la libération des
otages israéliens et des prisonniers politiques palestiniens, dont Marwan
Barghouti, personnalité politique à même d’unifier les courants politiques
palestiniens.
Il faut donc acter la reconnaissance de la Palestine sur
le terrain et par une pression maximale afin de contraindre Tel-Aviv à
respecter le droit international. Pour cela, la France et l’Union doivent
suspendre les accords commerciaux avec Israël ou se joindre aux démarches
juridiques de nombreux États à l’ONU. Car oui, le monde avance, 147 États
reconnaissent déjà l’État de Palestine, dans les frontières de 1967, ce qui
implique une décolonisation des territoires occupés.
Tel-Aviv tente déjà, avec l’aval de Washington, de faire
capoter cette initiative française qui ouvrirait la voie à une solution à deux
États. La France a une voix qui porte et qui peut entraîner d’autres États,
notamment en Europe. Les forces populaires ont pour tâche d’empêcher une
nouvelle reculade française comme en 2014 ou en juin dernier.
La 80e Assemblée générale des Nations unies se tiendra à
New York du 9 au 23 septembre prochain. Durant cette session aura lieu la
90e édition de la Fête de l’Humanité, où les voix d’une paix juste et durable
se feront entendre, où le mot Palestine rimera avec État, liberté et dignité.
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