Le chiffre est
glaçant. Entre 10 000 et 20 000 jeunes filles seraient en
situation d’exploitation sexuelle en France en 2025. Nous parlons ici d’adolescentes âgées de 15 ans,
parfois 13, parfois plus jeunes encore. Elles sont repérées,
amadouées ou contraintes, souvent séquestrées, en tout cas emmurer dans
des situations dramatiques.
Tragique
ironie, nombre d’entre elles sont « recrutées » dans les foyers de l’aide sociale à
l’enfance (ASE). Un dispositif censé protéger les enfants, qui sert
de vivier à des malfrats sans scrupule, à des voleurs d’enfance, des briseurs
d’insouciance.
C’est dans les
failles d’une société malade que peuvent s’insinuer ces réseaux mortifères.
Avant le basculement, il y a des carences familiales, des insuffisances
éducatives, et, presque toujours, des violences sexuelles préexistantes.
Les multiples
causes de cette jeunesse naufragée appelleraient des réponses multimodales,
nous en sommes loin. « Il faut lever le tabou de la prostitution des
mineurs », disait l’an dernier la ministre Sarah El Haïry,
aujourd’hui haute-commissaire à l’Enfance.
Depuis, le
ministère de plein exercice a disparu en même temps que les paroles d’alertes
ministérielles participant à invisibiliser le phénomène. C’est pourtant la si
prolixe Aurore Bergé qui a désormais la charge du dossier…
Depuis le plan
gouvernemental de 2021, le nombre de victimes n’a cessé
d’augmenter et les structures d’accueil annoncées se déploient au
compte-goutte. Les moyens qui étaient censés être alloués
directement à la lutte contre la prostitution ont été annulés et ceux consacrés
à celle contre les violences sexistes et sexuelles couvrent entre 5 et 10 %
des besoins évalués.
Les incessantes
mesures d’austérité qui frappent l’éducation nationale, l’ASE et les
départements qui les financent rendent toute politique globale impossible.
Heureusement, des associations se battent courageusement, mais, là aussi,
l’assèchement des tissus de terrain est dramatique pour la lutte que le
gouvernement dit mener. Si l’on en reste là, le fléau de l’exploitation
sexuelle des mineurs a encore de sales jours devant lui.
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