vendredi 25 juillet 2025

« Prostitution des mineurs : regarder le fléau en face », l’éditorial de Cédric Clérin.



Le chiffre est glaçant. Entre 10 000 et 20 000 jeunes filles seraient en situation d’exploitation sexuelle en France en 2025. Nous parlons ici d’adolescentes âgées de 15 ans, parfois 13, parfois plus jeunes encore. Elles sont repérées, amadouées ou contraintes, souvent séquestrées, en tout cas emmurer dans des situations dramatiques.

Tragique ironie, nombre d’entre elles sont « recrutées » dans les foyers de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Un dispositif censé protéger les enfants, qui sert de vivier à des malfrats sans scrupule, à des voleurs d’enfance, des briseurs d’insouciance.

C’est dans les failles d’une société malade que peuvent s’insinuer ces réseaux mortifères. Avant le basculement, il y a des carences familiales, des insuffisances éducatives, et, presque toujours, des violences sexuelles préexistantes.

Les multiples causes de cette jeunesse naufragée appelleraient des réponses multimodales, nous en sommes loin. « Il faut lever le tabou de la prostitution des mineurs », disait l’an dernier la ministre Sarah El Haïry, aujourd’hui haute-commissaire à l’Enfance.

Depuis, le ministère de plein exercice a disparu en même temps que les paroles d’alertes ministérielles participant à invisibiliser le phénomène. C’est pourtant la si prolixe Aurore Bergé qui a désormais la charge du dossier…

Depuis le plan gouvernemental de 2021, le nombre de victimes n’a cessé d’augmenter et les structures d’accueil annoncées se déploient au compte-goutte. Les moyens qui étaient censés être alloués directement à la lutte contre la prostitution ont été annulés et ceux consacrés à celle contre les violences sexistes et sexuelles couvrent entre 5 et 10 % des besoins évalués.

Les incessantes mesures d’austérité qui frappent l’éducation nationale, l’ASE et les départements qui les financent rendent toute politique globale impossible. Heureusement, des associations se battent courageusement, mais, là aussi, l’assèchement des tissus de terrain est dramatique pour la lutte que le gouvernement dit mener. Si l’on en reste là, le fléau de l’exploitation sexuelle des mineurs a encore de sales jours devant lui.

 

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