Le racisme tue. Le meurtre de Djamel Bendjaballah le 31 août 2024,
près de Dunkerque, par un homme appartenant à une milice d’extrême droite, en
est une cruelle illustration. Une de plus. Les injures et le harcèlement
racistes qui ont précédé ce crime mettent en évidence le continuum de violence
reliant l’expression décomplexée de la haine xénophobe au passage à l’acte.
Dans cette affaire, les multiples plaintes déposées par la victime avant sa
mise à mort ont toutes été classées sans suite. Autant de signaux d’alarme que
ni la police ni la justice n’ont pris au sérieux, d’appels au secours restés
sans réponse. Il y a là une faillite intolérable des institutions dans leur
mission de protection des personnes.
C’est d’autant plus terrifiant que la montée de l’extrême droite installe
un climat de banalisation de la violence raciste. La recrudescence des
agressions constatées après les élections européennes du 9 juin 2024,
alors que le RN se pensait au seuil du pouvoir, laisse présager le pire si le
tandem Le Pen-Bardella parvenait à se hisser à la tête de l’État. Dans ces
conditions, les responsables politiques qui recyclent la rhétorique de la « submersion
migratoire » font sauter toutes les digues : ils se font les
complices d’une libération de la parole raciste aux implications mortifères.
En 2023, d’après les données publiées par le ministère de l’Intérieur, le
nombre de crimes et délits à caractère raciste et antisémite enregistrés par la
police et la gendarmerie a explosé (+ 32 %). 15 000 infractions
à caractère raciste, xénophobe, ont été enregistrées ; 8 800
victimes ont été recensées ; parmi elles, les hommes, les étrangers
ressortissants d’un pays d’Afrique sont surreprésentés. Mais ces statistiques
sont lacunaires : seules 4 % des personnes victimes d’atteintes
à caractère raciste portent plainte.
La loi Gayssot est claire : le racisme n’est pas une opinion, c’est un
délit. Elle doit être appliquée avec la plus grande fermeté. Quant aux
groupuscules violents d’extrême droite qui prospèrent à l’ombre du RN,
s’arment, sèment la terreur, s’en prennent aux migrants, aux Français
d’ascendance immigrée, ils doivent être surveillés, démantelés, leurs membres
traduits en justice et combattus sans complaisance. Ce sont eux qui mettent la
cohésion du pays en péril, pas les exilés ni les Français dont les parents sont
venus d’ailleurs.
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