C’est l’heure de vérité pour le gouvernement de Michel Barnier, qui doit
dévoiler ce jeudi sa proposition de budget 2025. Jamais le débat parlementaire
sur les finances publiques n’aura été aussi décisif, tant d’un point de vue
démocratique, car c’est la première fois qu’il sera présenté par un
gouvernement qui ne tire pas sa légitimité des urnes, que par l’ampleur inédite
de la saignée qu’il compte imposer au pays, avec 40 milliards d’économies
annoncées.
Derrière les lois de finances arides et les termes technocratiques, il
n’existe pourtant pas de moment plus politique que le vote du budget. Ce qui se
joue est crucial pour les services publics et la répartition des richesses. Un
des nœuds concerne évidemment les hausses d’impôts. La séquence actuelle dit
tout de la faillite du néolibéralisme à la sauce Macron : échec sur la
dette, pourtant son mantra, sur la réduction des inégalités, sur les services
publics, sur les investissements d’avenir.
Comme nous n’avons cessé de l’écrire dans ces colonnes depuis
sept ans, les choix budgétaires du président, en particulier la baisse des
impôts sur les grandes entreprises et les ménages les plus aisés, ne pouvaient
mener qu’à ce désastre. Pire, cette politique a aussi érodé le consentement à
l’impôt, pourtant l’un des piliers de notre République.
En témoigne l’expression « ras-le-bol fiscal » utilisée à
tout-va, mais qui cache des réalités bien différentes avec, d’un côté, la
fraude en bande organisée des plus riches, de l’autre, une exaspération
croissante des contribuables face aux inégalités fiscales et à la dégradation
concomitante des services publics.
Si Michel Barnier consent à augmenter les impôts des plus fortunés, les
mesures envisagées sont bien insuffisantes, très loin d’une réelle
fiscalité redistributive. Il existe pourtant des solutions concrètes, comme
l’ont rappelé hier les forces politiques du Nouveau Front populaire en avançant
dix mesures phares qui permettraient au pays de réduire à terme le
déficit, tout en augmentant immédiatement les investissements dans les services
publics et la transition écologique.
Elles feront l’objet d’amendements. Pour sûr, l’extrême droite, qui
prospère sur les discours poujadistes et feint de défendre les services
publics, ne les votera pas. Un autre moment de vérité…
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