vendredi 26 juillet 2024

« Une fête ? » l’éditorial de Florent LE DU.



Cent ans que Paris attendait cela. Des décennies que les fans français de sport, les amoureux de l’olympisme, espéraient ce moment. Vivre les Jeux « à la maison », dans son pays, « une fois dans sa vie ». Mais à l’heure où commence ce qui devrait être une immense fête, les sentiments ont changé. Le sort réservé aux sans-abri et aux travailleurs sans-papiers écœure. Le prix des billets rebute. L’ultra-sécuritaire inquiète.

Le pari, a priori formidable, de réaliser cet événement en pleine ville, dans la beauté de ses monuments, valait-il ces sacrifices ? Beaucoup ont choisi de se désintéresser de ces jeux Olympiques et Paralympiques, dégoûtés par cette impression que le sport-business passe au-dessus de tout. Un sentiment renforcé par le déni de démocratie de ce président mauvais perdant, qui décrète une « trêve olympique » sans rien régler de sa crise politique. Tout en voulant, en bon mégalomane, faire de ces deux semaines sa propre réussite. Jupiter se voit en dieu de l’Olympe.

Alors l’amoureux de sport aux valeurs humanistes est tiraillé. Lui est-il permis de rêver sans honte ni culpabilité ? Vibrer, célébrer serait-il cautionner ? Le regard critique est un devoir, mais doit-on y soustraire le droit de profiter pleinement d’un événement si attendu ? Ceux qui aiment les Jeux ne peuvent se faire voler cette joie par les choix délétères des organisateurs, du CIO à l’Élysée.

Nous avons le droit, pour les quinze prochains jours, de nous extasier devant la grâce d’Armand Duplantis ou la virtuosité de Simone Biles. D’être impressionnés par la hargne de Clarisse Agbegnenou ou la puissance de Léon Marchand. De voir nos enfants s’émerveiller et s’identifier à des figures d’émancipation. D’apprécier une cérémonie supervisée par l’historien Patrick Boucheron, qu’on imagine aux antipodes du mauvais cassoulet servi à la Coupe du monde de rugby. Le cœur de beaucoup de Français s’ouvrira sans doute à l’événement au dernier moment, ce vendredi soir ou les jours suivants, avec les premières médailles tricolores. Pour savourer ces Jeux, sans fermer les yeux.

 

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