Depuis dimanche, télévisions, radios et journaux s’échinent à convaincre
que, faute de majorité claire à l’Assemblée, il n’y aurait de salut que dans la
formation d’une grande coalition « à l’allemande », voire d’une
coalition des droites. Mieux : il s’agirait de la volonté exprimée par les
Français aux législatives. Celle-ci serait ainsi la négation du vote de chaque
électeur en faveur d’un seul des trois « blocs » aux programmes
opposés, celui de gauche étant arrivé en tête.
Drôle de conception de la démocratie, qui fait l’impasse sur la formidable
dynamique sociale et citoyenne de l’entre-deux-tours. Faut-il le
rappeler ? C’est sous l’impulsion et la direction de la gauche que s’est
ordonné le grand barrage républicain qui a mis un coup d’arrêt à l’extrême
droite, entraînant dans son sillage les autres forces démocratiques. Alors que
se profilaient un triomphe pour le RN et un désastre pour le camp présidentiel,
la mobilisation autour du Nouveau Front populaire (NFP) a sauvé les
macronistes du naufrage auquel les promettait l’inconséquence de leurs
chefs.
Non, ce vote n’« oblige » pas la gauche à des compromis, comme il
aurait dû obliger Emmanuel Macron en 2022. Car, comme il y a deux ans,
c’est à nouveau la gauche qui a sauvé l’honneur et la République. Les électeurs
de droite y ont participé, bien sûr, en votant dimanche pour la gauche comme
ceux de gauche ont voté pour la droite, mais c’est le NFP qui a été
l’artisan de la digue contre le RN.
La gauche y a sans doute perdu des sièges au profit des macronistes, mais
elle y a gagné une autorité et un prestige incontestables aux yeux des
électeurs. De cela, l’amnésie des combinards ne peut rendre compte. On ne
peut « sauver la République » le dimanche, et poursuivre les
politiques qui ont mené au bord du désastre le lundi. La mobilisation sociale
et citoyenne de l’entre-deux-tours ne s’arrêtera pas. Elle seule peut permettre le
respect du verdict des urnes et assurer la légitimité du NFP à gouverner.
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