Parfaitement cravaté, l’œil fier et le sourire en coin, Jordan Bardella
s’exprime face caméra. Nous sommes le 17 juin, la tête de liste du
Rassemblement national vient de rafler la mise aux élections européennes et son
premier message, posté sur TikTok, s’adresse « à toutes les femmes
de France ». Communication huilée et mise en scène grotesque,
parachèvement caricatural d’une dédiabolisation savamment orchestrée.
La vidéo sera vue près de 20 millions de fois. « Le
30 juin et le 7 juillet, vous voterez aussi pour vos droits »,
attaque d’emblée le leader d’extrême droite. Jordan Bardella connaît les
chiffres. Il sait que, entre 2019 et 2024, le suffrage féminin en faveur du RN
a bondi de 10 points. Jadis dominé par les hommes, le vote lepéniste,
désormais, s’affiche à parité – à l’exception notable des jeunes électeurs.
Pousser le paravent, il restera les faits. La patine rhétorique faussement
féministe n’y changera rien. La visée programmatique et la réalité des votes
des légataires de Jean-Marie Le Pen parlent d’elles-mêmes. Opposé
systématiquement à toutes mesures d’égalité femmes-hommes, apologiste de la
famille nucléaire, nataliste, misogyne et LGBTphobe, avocaillon à géométrie
variable de la cause des femmes lorsqu’il s’agit d’invoquer leur
« sécurité » pour mieux pourfendre l’immigration, le RN est à l’image
de ses alliés européens : anti-IVG – ce « génocide
antifrançais » comme le qualifiait le FN en 1974 – et parangon d’un
patriarcat rance.
L’extrême droite ne sera jamais féministe. L’antinomie est totale, les
militantes des droits des femmes le savent. Face à la menace de voir entre les
mains de Bardella les clefs de Matignon, elles ont, en 48 heures à peine,
réussi le tour de force d’unir plus de 200 collectifs et d’organiser, partout
en France, le week-end dernier, des marches contre le RN.
À chaque occasion, des villages de campagne au pied des tours des quartiers
populaires, les mensonges de l’extrême droite doivent être dénoncés, leurs
arguments démontés, leurs effets de manches révélés. Aucune voix ne doit
manquer aux progressistes au soir du 7 juillet. Partout dans le monde, les
droits des femmes reculent quand l’extrême droite prospère. Le temps presse et
la tâche est immense.
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