Julian Assange est un symbole. Il incarne une vocation qui n’a jamais
renoncé à sa raison d’être : celle d’informer. À travers lui, c’est la
liberté d’expression, la liberté de la presse qui sont en danger. Rien ne peut
justifier le sort réservé au journaliste australien. Reclus pendant près de
sept ans à l’ambassade d’Équateur à Londres, il est claquemuré depuis
2019 dans le quartier de haute sécurité de la prison de Belmarsh.
Ses conditions de détention relèvent de la torture morale et psychologique.
Mais le pire peut encore advenir. Ce 20 février, deux juges de la Haute
Cour britannique doivent statuer sur la décision de cette même instance qui a
dénié l’an passé à Julian Assange le droit de faire appel de son extradition
aux États-Unis. Il y encourt une peine de prison de cent soixante-quinze ans.
Les accusations avancées par Washington pour justifier qu’on lui livre le
fondateur de WikiLeaks reposent sur une loi de 1917 sur l’espionnage, dont
l’objectif n’a jamais été d’entraver le travail des journalistes, de
restreindre leurs droits. Le vrai motif est d’ordre politique.
La première puissance mondiale n’a jamais digéré que notre confrère
divulgue des milliers de documents classifiés qui ont permis de révéler
l’ampleur des crimes de guerre perpétrés par les armées britannique et
états-unienne en Irak et en Afghanistan, l’horreur de la torture qu’elles y ont
impunément pratiquée.
« Le courage, c’est de chercher la
vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge
triomphant », affirmait
Jean Jaurès dans le premier éditorial de l’Humanité en 1904.
C’est ce qu’a fait Julian Assange. Il a exercé son métier avec conscience et
rigueur. Il a agi au nom de l’intérêt général, en livrant des informations aux
citoyens afin qu’ils puissent juger sur pièces.
Il faut mettre un terme à l’arbitraire qui le frappe. Julian Assange est un
prisonnier politique : il doit être libéré. La France s’honorerait à lui
accorder le droit d’asile que consacre notre Constitution en ouvrant la porte à
« tout étranger persécuté en raison de son action en faveur de la
liberté ».
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