dimanche 5 novembre 2023

VIVRE !



Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent ; ce sont ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front, ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime,  ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime,  ayant devant les yeux, sans cesse, nuit et jour, ou quelque saint labeur ou quelque grand amour. Ceux dont le cœur est bon, ceux dont qui les jours sont pleins. Ceux-là vivent, Seigneur ! Les autres je les plains. Car de son vague ennui le néant les enivre, car le plus lourd fardeau, c’est d’exister sans vivre. Inutiles, épars, ils traînent ici-bas le sombre accablement d’être et ne pensant pas. Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule, bat les mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non, n’a jamais de figure et n’a jamais de nom. Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,  détruit, prêt à Marat, comme prêt à Tibère. Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus, Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus. Ils sont les passants froids sans but, sans nœuds, sans âge ; le bas du genre humain qui s’écroule en nuage ; ceux qu’on ne connaît pas, ceux qu’on ne compte pas, ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas. L’ombre obscure autour d’eux, se prolonge et recule. Ils n’ont du plein midi qu’un lointain crépuscule, car jetant au hasard les cris, les voix, le bruit. Ils errent près du bord sinistre de la nuit.

 

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