lundi 6 novembre 2023

« Première lueur pour l’après », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité.



Depuis près d’un mois, le fracas des bombes et les cris à l’aide désespérés semblaient être des scènes inéluctables, tant la diplomatie occidentale se révélait passive. La réalité est peut-être en train de fendiller l’illusion que les crimes de guerre peuvent répondre aux crimes de guerre et que la paix viendra naturellement se frayer un chemin au milieu des corps assassinés. Moins et moins font plus, disent les mathématiciens. Mais, en termes politiques, il faut une volonté farouche, bien absente jusqu’à présent, pour résoudre l’équation.

Enfin, depuis la semaine dernière, la diplomatie américaine commence à évoquer « l’après ». « À un moment donné, ce qui aurait le plus de sens, ce serait qu’une Autorité palestinienne efficace et revigorée ait la responsabilité de la gouvernance et, à terme, de la sécurité de Gaza », a ainsi déclaré le secrétaire d’État Antony Blinken devant le Congrès américain. Ça n’a l’air de rien, mais que le principal soutien d’Israël parle d’avenir est déjà un pas en avant.

De plus, il dessine une solution où les Palestiniens garderaient la main sur leurs affaires, ce qui contrevient à tout ce qu’a fait, et prévoit, le gouvernement israélien. Mahmoud Abbas a répondu en conditionnant un tel retour à Gaza à un règlement global de la situation palestinienne. Nous sommes loin de l’issue, mais, déjà, la politique semble reprendre (un peu) ses droits. Laisser à l’extrême droite israélienne et aux islamistes palestiniens décider des événements n’amènera que morts et désolation.

Autre signe, la France parle désormais de perspective de « cessez-le-feu ». Un pas auquel se refusent toujours les États-Unis. Pourtant, si la perspective d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens est lointaine, c’est bien maintenant qu’elle se joue.

On ne la reconstruira pas avec des acteurs internationaux décrédibilisés pour avoir laissé le peuple gazaoui se faire massacrer. C’est la haine qui l’emporterait. Imposer un cessez-le-feu immédiat, créer les conditions d’un sauvetage humanitaire et ouvrir des chemins politiques représentent la seule chance qu’un jour la région soit autre chose qu’un champ de ruines.

 

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