« Il n’y aura pas
de perdants. » L’antienne gouvernementale a fait long feu. Olivier
Dussopt s’en est vanté, des semaines durant : c’est une réforme « de gauche ». Mais la casse de notre système de retraites
s’apprécie désormais par les faits. Les syndicats et les salariés ne s’y
étaient pas trompés. L’opinion publique non plus.
Le mouvement social, historique par son ampleur et son
unité, par la force de l’adhésion populaire qui l’a soutenu, a démontré la
puissance de la contestation, le rejet d’une réforme des retraites injuste,
imposée à la représentation nationale à coups de 47-1 et de 49.3. À
quatorze reprises, de janvier à juin, des cortèges immenses, souvent violemment
réprimés, ont déferlé sur tout le pays, réunissant jusqu’à 3,5 millions de
personnes.
Sans doute le gouvernement escomptait-il que l’été
fasse son œuvre. Pari perdu. « Cette réforme ne passe toujours pas », alerte Sophie Binet. « La colère est extrêmement forte », poursuit
la secrétaire générale de la CGT et il serait bien naïf de penser que l’entrée
en vigueur de ce texte, ce vendredi, puisse la faire retomber. Injuste sur le
fond, promotionné à grand renfort d’approximations – souvenons-nous des 1 200 euros pour toutes et tous de pension minimale –, ce texte s’avère désormais
malhonnête dans son application.
En soulevant le lièvre de la clause de sauvegarde, la
CGT a pointé le dernier coup fourré du gouvernement. Le dispositif permet, dans
certains cas, un départ anticipé ? Les agents de la Cnav ont pour instruction de ne pas
l’évoquer auprès des retraitables qui pourraient en bénéficier. Une violence de plus qui s’ajoute à tant
d’autres.
Ceux qui pouvaient prétendre à la retraite dès cet
automne témoignent aujourd’hui dans nos colonnes. Ils s’appellent Édith,
Bernard ou Thierry, ils espéraient enfin pouvoir profiter de cette vie après le
travail, ils devront renoncer. Pire, certains ne savent même plus quand ils
pourront faire valoir leurs droits tant la mise en œuvre de cette réforme dans
la précipitation s’avère chaotique.
Le gouvernement vient malgré lui de donner le coup
d’envoi de la rentrée sociale. Et l’intersyndicale d’entourer une première date
en rouge : le 13 octobre, jour de mobilisation nationale pour les
salaires. Entre les deux, le mouvement social s’est donné rendez-vous les 15, 16 et 17 septembre, à la
Fête de l’Humanité.
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