mercredi 2 août 2023

« Malades imaginaires », l’éditorial de Cyprien Caddeo dan l’Humanité.



Pour les faibles, le gant de fer ; pour les forts, la patte de velours. On espérait les ministres en pause estivale, et la turbine antisociale avec. Mais la «start-up nation» est en «flex office», même les pieds dans l’eau, et «brainstorme» comme jamais. Parmi ses chantiers de la rentrée: la fraude. Pas celle, fiscale, des cols blancs on ne cherche pas des poux à ses amis.

Non. Le gouvernement s’inquiète particulièrement de la hausse tendancielle des indemnités journalières versées pour cause d’arrêt maladie. Plus 8,2% en 2022, selon la caisse dassurance-maladie. Explication logique: les gens tombent plus souvent malades au boulot, il y a donc un problème de santé publique au travail. Si on était gourmand, on ajouterait que cette tendance ne peut que s’aggraver avec le report de l’âge de départ en retraite à 64 ans, puisqu’une population vieillissante et plus exposée aux aléas médicaux restera en poste plus longtemps.

Pour l’exécutif, la vérité est ailleurs. Il y aurait trop d’arrêts maladie de complaisance, une armée de fraudeurs en série acoquinés à des médecins peu regardants. Voilà qui invite à la plus grande fermeté. Cela tombe bien, on a des noms. Faute de pouvoir faire grève, les gardiens de la paix, fâchés de devoir rendre des comptes quand certains des leurs molestent à tous crins, se mettent massivement en arrêt maladie pour signifier leur ras-le-bol. À Béziers, ce week-end, 100% des policiers nationaux censés patrouiller étaient ainsi en arrêt. Cas décole intéressant au demeurant: lavenir statistique nous dira si la délinquance sen est trouvée enhardie, ou si cela ne change rien à laffaire.

Voilà en tout cas une fraude avérée, aux yeux de tous. Les policiers ne se cachent pas d’être des malades imaginaires. Les noms des praticiens qui ont signé les arrêts sont faciles à retrouver, puisque les données sont transmises à l’assurance-maladie. Là, pourtant, le pouvoir dit «comprendre» la colère et relativise lampleur du phénomène. La Macronie se souvient des gilets jaunes, des retraites ou de Sainte-Soline. Elle sait qu’une réforme se joue parfois à la kilotonne de CRS mobilisable. Et ne sciera donc pas la matraque sur laquelle elle est assise. 

 

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