Pour les
faibles, le gant de fer ; pour les forts, la patte de velours. On espérait
les ministres en pause estivale, et la turbine antisociale avec. Mais la « start-up nation » est en « flex office », même les pieds dans l’eau, et « brainstorme » comme jamais. Parmi ses chantiers de la
rentrée : la fraude. Pas celle, fiscale, des cols
blancs – on ne cherche pas des poux à ses amis.
Non. Le
gouvernement s’inquiète particulièrement de la hausse tendancielle des
indemnités journalières versées pour cause d’arrêt maladie. Plus 8,2 % en 2022, selon la caisse d’assurance-maladie. Explication logique : les gens tombent plus souvent malades au boulot, il y a donc un problème de santé publique au travail. Si on était gourmand, on ajouterait que cette tendance ne peut que s’aggraver avec
le report de l’âge de départ en retraite à 64 ans, puisqu’une population
vieillissante et plus exposée aux aléas médicaux restera en poste plus
longtemps.
Pour
l’exécutif, la vérité est ailleurs. Il y aurait trop d’arrêts maladie de
complaisance, une armée de fraudeurs en série acoquinés à des médecins peu
regardants. Voilà qui invite à la plus grande fermeté. Cela tombe bien, on a
des noms. Faute de pouvoir faire grève, les gardiens de la paix, fâchés de
devoir rendre des comptes quand certains des leurs molestent à tous crins, se
mettent massivement en arrêt maladie pour signifier leur ras-le-bol. À Béziers,
ce week-end, 100 % des policiers nationaux censés patrouiller étaient ainsi en arrêt. Cas d’école intéressant au demeurant : l’avenir statistique nous dira si la délinquance s’en est trouvée enhardie, ou si cela ne change rien à l’affaire.
Voilà en tout cas une fraude avérée, aux
yeux de tous. Les policiers ne se cachent pas d’être des malades imaginaires.
Les noms des praticiens qui ont signé les arrêts sont faciles à retrouver,
puisque les données sont transmises à l’assurance-maladie. Là, pourtant, le
pouvoir dit « comprendre » la colère et relativise l’ampleur du phénomène. La Macronie se souvient des gilets
jaunes, des retraites ou de Sainte-Soline. Elle sait qu’une réforme se joue
parfois à la kilotonne de CRS mobilisable. Et ne sciera donc pas la matraque
sur laquelle elle est assise.
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