vendredi 4 août 2023

« Accointances », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.

 


La rhétorique est là, mais elle sonne faux. Lors du dernier remaniement ministériel, le président de la République a ressorti grand slogan qu’il avait scandé en 2017: lexemplarité. Le chef de l’État se paie de mots, encore et encore, mais ses actes le trahissent. Il est passé maître dans lart du recasage de sa minorité présidentielle: pantouflages, rétropantouflages vont bon train. Jamais les collusions entre public et privé n’auront été aussi franches. C’est vrai d’Emmanuel Macron, comme le souligne le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les Uber Files. L’ancien banquier de chez Rothschild, alors ministre de l’Économie de François Hollande, n’avait pas ménagé ses efforts pour favoriser l’implantation et le dévelop­pement en France d’Uber, champion de l’hyper­exploitation, avec pour finalité: la libre concurrence afin de déréguler le marché du travail.

Qu’importent les bonnes pratiques, l’éthique. On pourrait encore citer la perméabilité – pour ne pas parler de cogestion – de nombre de ministères avec des organismes externes, comme celui de l’Agriculture. Ce dernier, sous l’influence de la puissante FNSEA, autorise le recours à des pesticides dont la nocivité est pourtant avérée tant sur le plan sanitaire qu’environnemental. L’influence des lobbies sur la vie politique française est grandissante. Cet entrisme n’est ni récent ni une particularité hexagonale. Le scandale du Marocgate au sein du Parlement européen témoigne d’ailleurs du caractère endémique et structurel de la pratique.

Mais il n’y a pas de main invisible du lobbying. Il y a, en revanche, de fortes accointances entre les professionnels de l’influence et un certain nombre d’élus et de parlementaires – issus parfois des mêmes cercles – qui partagent des objectifs politiques et économiques semblables. C’est là le cœur du problème, alors que la loi Sapin 2 sur la transparence de la vie publique s’avère limitée, voire impuissante à juguler l’ampleur du phénomène aux conséquences toxiques pour la démocratie et les citoyens. 

 

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