La rhétorique est là, mais elle sonne faux. Lors du
dernier remaniement ministériel, le président de la République a ressorti grand
slogan qu’il avait scandé en 2017 : l’exemplarité. Le chef de l’État se paie de mots, encore et encore, mais ses actes le trahissent. Il est
passé maître dans l’art du recasage de sa minorité présidentielle :
pantouflages, rétropantouflages
vont bon train. Jamais les collusions entre public et privé n’auront été aussi
franches. C’est vrai d’Emmanuel Macron, comme le souligne le rapport de la
commission d’enquête parlementaire sur les Uber Files. L’ancien banquier de
chez Rothschild, alors ministre de l’Économie de François Hollande, n’avait pas
ménagé ses efforts pour favoriser l’implantation et le développement en France
d’Uber, champion de l’hyperexploitation, avec pour finalité : la libre
concurrence afin de déréguler le marché du travail.
Qu’importent les bonnes pratiques, l’éthique. On
pourrait encore citer la perméabilité – pour ne pas parler de
cogestion – de nombre de ministères avec des organismes externes, comme
celui de l’Agriculture. Ce dernier, sous l’influence de la puissante FNSEA,
autorise le recours à des pesticides dont la nocivité est pourtant avérée tant
sur le plan sanitaire qu’environnemental. L’influence des lobbies sur la vie
politique française est grandissante. Cet entrisme n’est ni récent ni une
particularité hexagonale. Le scandale du Marocgate au sein du Parlement
européen témoigne d’ailleurs du caractère endémique et structurel de la
pratique.
Mais il n’y a pas de main invisible du lobbying. Il y
a, en revanche, de fortes accointances entre les professionnels de l’influence
et un certain nombre d’élus et de parlementaires – issus parfois des mêmes
cercles – qui partagent des objectifs politiques et économiques
semblables. C’est là le cœur du problème, alors que la loi Sapin 2 sur la
transparence de la vie publique s’avère limitée, voire impuissante à juguler
l’ampleur du phénomène aux conséquences toxiques pour la démocratie et les
citoyens.
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