lundi 31 juillet 2023

« L’été des mauvais coups », l’éditorial e Sébastien Crépel dans l’Humanité.



Comme si la hausse de 10% des tarifs réglementés de l’électricité au 1er août ne suffisait pas, voilà une autre décision estivale du gouvernement qui confirme que la période des congés annuels est propice aux pires mesures antisociales. Les décrets publiés dimanche sur la suppression des régimes dits spéciaux de retraite, laquelle fut l’un des ressorts du puissant mouvement social du premier semestre, entrent dans la catégorie des mauvais coups. Ceux que les ministres jugent de bon aloi de perpétrer en plein ­chassé-croisé des vacances, espérant que les Français ne se rendront compte de rien.

Le pouvoir voulait mettre l’été à profit pour, paraît-il, «tourner la page» de la réforme des retraites et passer à «autre chose». Bien aidé par les «oppositions» de droite et dextrême droite qui multiplient les surenchères sécuritaires et xénophobes, l’exécutif compte à la rentrée sur sa loi immigration pour faire diversion aux questions sociales toujours au cœur du quotidien des Français. Les décrets d’application de la réforme, en réactivant périodiquement le rejet du passage aux 64 ans dans l’opinion, risquent alors de compromettre le fameux «apaisement» promis par Emmanuel Macron. On comprend mieux la hâte à les passer dans la torpeur de l’été, comme pour mieux s’en débarrasser.

On ne peut quand même s’empêcher de rire jaune en lisant, dans le communiqué du ­ministère du Travail, que le dispositif «carrières longues» autre objet des décrets est «rénové», prévoyant une «durée dassurance cotisée réduite» pour pouvoir en bénéficier. Cela alors que l’âge légal pour y prétendre, quand on a commencé à travailler à 20 ans, sera porté progressivement à 62 ans, contre 60 ans aujourd’hui, et à 63 ans au lieu de 62 ans pour ceux ayant débuté leur carrière à 21 ans. «Cest mieux que si c’était pire», semble lultime credo du gouvernement. Sans doute est-ce au nom de la même conception du «progrès» que l’électricité va renchérir de 10%: après tout, la Commission de régulation de l’énergie proposait 75% Sil veut désamorcer la rentrée sociale, le pouvoir va devoir se montrer plus persuasif.

 

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