Comme si la hausse de 10 % des tarifs réglementés de l’électricité au 1er août ne suffisait pas, voilà
une autre décision estivale du gouvernement qui confirme que la période
des congés annuels est propice aux pires mesures antisociales. Les décrets
publiés dimanche sur la suppression des régimes dits spéciaux de retraite, laquelle
fut l’un des ressorts du puissant mouvement social du premier semestre, entrent
dans la catégorie des mauvais coups. Ceux que les ministres jugent de bon aloi
de perpétrer en plein chassé-croisé des vacances, espérant que les Français ne
se rendront compte de rien.
Le pouvoir voulait mettre l’été à profit pour,
paraît-il, « tourner la page » de la réforme des
retraites et passer à « autre chose ». Bien
aidé par les « oppositions » de droite et d’extrême droite qui multiplient les surenchères sécuritaires
et xénophobes, l’exécutif compte à la rentrée sur sa loi immigration pour faire
diversion aux questions sociales toujours au cœur du quotidien des Français.
Les décrets d’application de la réforme, en réactivant périodiquement le rejet
du passage aux 64 ans dans l’opinion, risquent alors de compromettre le
fameux « apaisement » promis par Emmanuel Macron. On comprend mieux la hâte
à les passer dans la torpeur de l’été, comme pour mieux s’en débarrasser.
On ne peut quand même s’empêcher de rire jaune en lisant,
dans le communiqué du ministère du Travail, que le dispositif « carrières longues » – autre objet
des décrets – est « rénové », prévoyant une « durée d’assurance cotisée réduite » pour pouvoir en bénéficier. Cela alors que l’âge
légal pour y prétendre, quand on a commencé à travailler à 20 ans, sera
porté progressivement à 62 ans, contre 60 ans aujourd’hui, et à
63 ans au lieu de 62 ans pour ceux ayant débuté leur carrière
à 21 ans. « C’est mieux
que si c’était pire », semble l’ultime credo du gouvernement. Sans doute est-ce au nom de la même
conception du « progrès » que l’électricité va renchérir de 10 % : après tout, la
Commission de régulation de
l’énergie proposait 75 %… S’il veut désamorcer la rentrée sociale,
le pouvoir va devoir se montrer plus persuasif.
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