Il est des postures de déni proprement sidérantes.
Dans sa réponse à la déclaration du Comité de l’ONU pour l’élimination de la
discrimination raciale, qui exhorte la France à s’attaquer sérieusement au
racisme dans la police, le Quai d’Orsay prétend que « toute accusation de racisme ou de discrimination systémique par les forces
de l’ordre en France est infondée », et que « toute mesure de profilage ethnique par les forces de l’ordre est interdite ». C’est interdit, ça
n’existe pas. Fermez le ban. La note de la Dilcrah (la délégation
interministérielle contre le racisme) intitulée « Police et racisme », enterrée par le gouvernement et révélée par l’Humanité, témoigne pourtant du contraire. Elle alertait, en juillet 2021, « sur certaines pratiques policières s’apparentant explicitement à du racisme ». À la même date, un rapport
rendu au ministre de l’Intérieur sur « la lutte contre les discriminations dans l’action des forces de sécurité » dressait le
même constat : « Dans l’utilisation de leurs prérogatives légales, les forces de sécurité sont susceptibles de
comportements inadmissibles. »
Oui, le racisme est au soubassement de la plupart des
violences policières. Il gangrène tous les rapports sociaux, il meurtrit une
fraction importante de la société française, étrangère ou d’origine étrangère
(soit près de 21 % de la population française), mais aussi l’ensemble des
générations nées de parents français assignées à une origine
différente. En France, les personnes de provenance étrangère ou perçues comme telles sont davantage exposées au chômage, à
la précarité, à l’échec scolaire, aux difficultés de se loger, de se
soigner. « L’expérience répétée des discriminations et leur
nature systémique ont des conséquences délétères et durables sur les parcours individuels, les
groupes sociaux concernés et plus largement sur la cohésion de la société
française », relevait, en 2020, le Défenseur des droits.
Le racisme, dans ses manifestations violentes,
haineuses, spectaculaires, comme dans ses expressions quotidiennes, dissimulées,
sournoises, empoisonne la vie de millions de personnes en France. Il détruit le
lien social. Le faire reculer implique des luttes, des solidarités concrètes.
Mais aussi des sanctions judiciaires réellement dissuasives et des politiques
publiques sérieuses, résolues, propres à défaire la dimension systémique des
discriminations fondées sur l’origine.
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