Insoutenable. Le naufrage en mer Méditerranée, au
large de la Grèce, d’un navire transportant près de 750 migrants est un drame
absolu. 80 corps ont été repêchés, seuls 104 migrants ont été secourus et
on peut donc craindre que les pertes de vie humaines se comptent par centaines.
On soupçonne que femmes et enfants aient été pris au piège dans la cale au
moment d’un naufrage qui aurait pu être évité. « Il pourrait s’agir de la pire tragédie maritime
de ces dernières années en Grèce », selon une représentante du haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU.
Combien faudra-t-il encore de drames de ce genre pour
que la conclusion s’impose : la politique européenne en matière d’immigration est non seulement inefficace mais meurtrière. Depuis 2014, 27 000 personnes sont mortes en Méditerranée ! Il s’agit d’êtres humains qui fuient la guerre, la torture, et pour
certains, une mort certaine.
Comment un continent de 500 millions d’habitants
peut-il laisser quelques milliers de personnes risquer leur vie, sans leur
porter secours ? L’état du monde fait qu’on compte aujourd’hui 35 millions de réfugiés à travers la
planète. Dans cette tragédie, il faut rappeler que les 46 pays les plus pauvres, qui représentent moins de 1,3 % du PIB mondial, accueillent plus de 20 % de l’ensemble de ces réfugiés. L’Europe, pour sa part,
serait capable de le faire avec 5 millions d’Ukrainiens mais pas pour les
autres ? Cette
ethnicisation de l’accueil est
indigne.
Personne ne quitte son pays par plaisir et tant que
nous fermerons les yeux - dans le meilleur des cas - sur les exactions
commises en Libye, en Syrie ou au Soudan, nous condamnerons des peuples à
l’exil. Nous nous condamnerons aussi à subir les outrances de la droite et de
l’extrême droite à chaque fait divers, ainsi que leurs silences coupables,
quand des centaines de vies sont brisées en Méditerranée. On aurait pu espérer
que ceux qui ne jurent que par les racines chrétiennes de la France pourraient
faire preuve d’un minimum de compassion. Même pas. Les citoyens ont des devoirs ? Oui. Le
premier d’entre eux, le devoir d’humanité.
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