« Dans
les années 1970, le PCF a eu raison de se déclarer haut et fort comme un parti
de gouvernement. Les années qui suivirent notre participation au gouvernement
des socialistes Pierre Mauroy, en 1981, et Lionel Jospin en 1997, ont fait et
font encore l’objet de désaccords au sein de notre parti. Ce fut
particulièrement le cas lorsqu’en 1984, nous avons pris la décision de quitter
le gouvernement de Laurent Fabius. Nous étions partagés, certains estimaient
que nous n’aurions jamais dû y entrer, d’autres que nous ne devions pas le
quitter. Ce qui nous a valu des débats houleux et des cicatrices qui ne se sont
jamais refermées. D’autant plus que seize années plus tard, les communistes se
trouvaient face au même dilemme. Faut-il dire oui à notre participation au
gouvernement de « la gauche plurielle » ? Personnellement je ne
mets pas sur le même plan la participation de ministres communistes à ces deux
gouvernements. Nous avons eu raison, à la fois de participer au gouvernement en
1981 et de le quitter en 1984 quand la décision a été prise par François
Mitterrand d’imposer « le tournant de la rigueur ». Je n’oublie pas
les avancées, les acquis de cette période : l’augmentation du SMIC et des salaires,
la 5e semaine de congés payés, la retraite à 60 ans, les lois de
décentralisation, avec leurs limites, la réforme de la fonction publique menée
par Anicet Le PORS. Les lois Auroux qui sont à l'origine d'innovations
notables en matière d'expression des salariés sur leurs conditions de travail
et de prévention des risques. Elles sont notamment à l'origine de la création
du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) qui
contribuait à la protection des salariés dans les entreprises de plus de
cinquante personnes et aussi du droit de retrait. L’abolition de la peine de
mort. On m’objectera, à juste titre, que nombre de ces conquêtes ont, depuis,
été largement mises en cause, vidées de leur contenu. Certes. Mais c’est un
autre débat sur lequel il y a beaucoup à dire. Je ne porte pas la même
appréciation sur la présence de ministres communistes dans le gouvernement dit
de « la gauche plurielle » en 1997. Lors du vote des communistes dans ma
section, je m’y suis opposé. On évoquera les 35 heures et quelques autres
avancées, mais ce serait oublier nombre de privatisations, qui se paient cher
encore aujourd’hui. Et puis comment ne pas évoquer le coup de Jarnac de Chirac
et Jospin, faisant approuver par référendum ce fameux quinquennat et
l’inversion du calendrier électoral ».
(À L’ÂGE
OÙ LA VIE SE RACONTE. PAGES 57 ET 58)
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