dimanche 14 mai 2023

« Le combat », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité.



Les défenseurs d’une certaine idée de la République sociale connaissent la formule: le service public, cest le patrimoine de ceux qui nen ont pas. Ce week-end, la ville de Lure est devenue le point de convergence national de la défense des services publics. Dans cette commune de Haute-Saône, où les luttes furent nombreuses contre la destruction lente et méthodique de tous les dispositifs républicains mis à la disposition des citoyens, des centaines de personnes ont manifesté à l’appel de 260 associations, syndicats et partis politiques, etc. Une nouvelle étape dans cette bataille fondamentale, toujours recommencée, partout sur le territoire.

Ils venaient de Toulouse, de Bretagne, de Paris, de Grenoble, de Charleville-Mézières et d’ailleurs, mais tous avaient le même objectif. Dénoncer le déclassement abyssal de nos services publics et rappeler à tous qu’ils restent un rouage essentiel du vivre-ensemble et du pacte social, sachant que 70 % des Français s’y déclarent «résolument attachés». Alors que, en ce domaine (aussi), le bilan de la Macronie s’avère accablant, la contre-offensive est donc lancée avec un esprit d’unité – indispensable – qui aura des suites. Ainsi, usagers, professionnels et élus se rejoignent, main dans la main.

Dans les conditions du libéralisme idéologique dominant qui procède d’une «dé-collectivisation» achevant disoler les individus, et face aux crises encore à venir, le monde aura de plus en plus besoin dinterdépendances, de coopérations, de solidarités. Ce projet de société sappelle, en France: service public. La République à réinventer sinscrit résolument dans une redéfinition de la cohésion sociale. Les services publics en sont constitutifs. Cela confère à notre pays, en raison de son expérience historique, et à ses citoyens une grande responsabilité pour les défendre et surtout les promouvoir au XXIe siècle. L’appel de Lure symbolise cette dynamique de résistance et de coconstruction, afin de reprendre l’approfondissement théorique de la notion même de service public en intégrant les changements du siècle et l’ambition d’un redéploiement de grande ampleur. Ce qui élève la lucidité au rang de qualité éminente du militant d’aujourd’hui, dans le combat et l’idée qu’il se fait des biens communs.

 

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