Quand la force publique ne sait que porter des coups,
réprimer, éborgner, blesser ; quand elle procède à des interpellations arbitraires, des gardes à vue à
tour de bras dont celles de dizaines de lycéens mineurs ces derniers jours ; quand l’usage de la violence devient institutionnel, c’est bien que l’État est incapable de répondre
politiquement à un mouvement social majoritaire qui conteste la
légitimité et le bien-fondé de sa réforme des retraites. Quand l’État est à
bout de force politique, qu’il n’emporte plus l’adhésion de sa population, il
ne lui reste que la force policière. Quand l’État, dans sa forme jupitérienne,
n’a plus que la matraque pour dénigrer un mouvement populaire, c’est bien qu’il
est à court d’arguments.
La puissance policière contre la puissance des idées,
la multiplication des bataillons de police contre la multiplication des
cortèges de manifestants, toute cette mise en scène guerrière de l’ordre
républicain orchestrée par le ministre de l’Intérieur résonne alors comme un
aveu de faiblesse politique. Les éborgnés, les blessés, les gardés à vue
humiliés, ce sont des hommes et des femmes, en chair et en os. Ils sont la
puissance populaire. Derrière leurs blessures, c’est la démocratie qu’on
éborgne.
Depuis qu’il est élu, Emmanuel Macron maltraite les
corps intermédiaires, la population, la jeunesse, tous incapables, selon lui,
de comprendre les bienfaits de sa réforme. Tout le monde ne sort pas de
Polytechnique ou de HEC, pauvres de nous… En méprisant, violentant le corps
social de la sorte, ce sont les corps tout court qui sont maltraités. Si la
démocratie trouve sa légitimité au Parlement, elle la trouve aussi dans le
monde du travail, dans le dialogue, la négociation et dans la rue. Ainsi va
notre République. Alors, quand le gouvernement choisit de passer en force,
qu’il a recours à la force publique, abrité derrière son usage réputé
légitime, incapable d’emporter l’adhésion, c’est bien qu’il y a quelque chose
de pourri en Macronie.
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