La grève des éboueurs est comme un concentré
saisissant des enjeux qui se font jour autour de la réforme des retraites. Les
éboueurs font un métier difficile, pénible. Ils sont exposés à une multitude de
risques sanitaires, ils travaillent souvent en horaires décalés, portent des
charges lourdes avec, comme conséquence, une espérance de vie de douze à
dix-sept ans inférieure à la moyenne de l’ensemble des salariés, selon le syndicat
CGT de la filière. Pourtant, c’est à eux aussi que le gouvernement réclame des
efforts. Actuellement, ils partent à 57 ans, avec la réforme, à
59 ans. Et la durée de cotisations pour un départ à taux plein atteindra
bientôt 43 annuités. Ce qui, dans les faits, va pousser beaucoup d’éboueurs à
travailler jusqu’à 60 ans et au-delà.
Souvenons-nous, les éboueurs faisaient partie de ces
professions en première ligne pendant le confinement. Le maintien de la
propreté a été une des priorités lors de la crise sanitaire du Covid. Le
télétravail ne permet pas de ramasser les ordures. Les éboueurs ont rempli
leurs missions. Les populations les en ont remerciés. Des dessins d’enfants
déposés à côté des poubelles, des petits mots pleins de solidarité et
d’admiration. En revanche, ils n’ont rien reçu de la part du gouvernement ou de
leur employeur. Pas de revalorisation salariale, pas d’embauches
supplémentaires pour réduire le temps de travail…
Une situation qui, non seulement, conforte leur
opposition à la réforme Macron, mais qui valide également les propositions de
baisse de l’âge légal de départ à la retraite. Alors, oui, leur grève est
légitime. Et comme toute grève, il est normal qu’elle ait des conséquences
désagréables. Mais pour la droite et la Macronie, la grève n’est tolérable que
si elle « ne se voit pas ». Injonctions au service
minimum, aux réquisitions, sommations de reprise du travail, recrutement
d’entreprises privées de nettoyage, sur deniers publics, pour casser la
grève, tout cela au nom de la « sécurité sanitaire ». « Le gouvernement comprend fort bien que les grèves dessillent les yeux des ouvriers, c’est pourquoi il les craint tant et s’efforce à tout prix de les étouffer le plus vite possible », écrivait
Lénine. Si, aujourd’hui, le pouvoir ne fait pas tirer sur les grévistes – comme
il l’a fait sur les gilets jaunes –, il fait tout pour rogner le droit de
grève. La grève des éboueurs a le mérite de montrer au grand jour qui sont
les ordures.
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