jeudi 16 mars 2023

« Minorité présidentielle », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Encore une fois, le mouvement social fait preuve de grandeur. Au terme de la huitième journée de grève et de mobilisations, la détermination populaire contre la réforme des retraites demeure intacte, malgré l’arrogance et le mépris d’un exécutif hors-sol. À l’intelligence de la rue, le chef de l’État continue d’opposer une suffisance insupportable. Que personne ne s’y trompe, cette posture révèle la grande fébrilité d’Emmanuel Macron et son manque flagrant de crédibilité. Preuve en est, pour la première fois, il a assisté, lundi, à la réunion hebdomadaire des cadres de la Macronie afin de les recadrer avant la journée cruciale d’aujourd’hui. Le président a raison d’être inquiet.

Les syndicats sont unanimes, les manifestations d’hier n’étaient pas un baroud d’honneur. Le vote de la commission mixte paritaire n’y changera rien. Pas plus que le recours à l’arsenal législatif et constitutionnel qu’envisagerait désormais l’exécutif. Un énième passage en force serait, à juste titre, vécu par les Françaises et les Français comme une grave rupture démocratique. Certains justifieront que les 49.3 et autres outils à disposition du gouvernement et de l’Assemblée sont parfaitement légaux. Légaux, oui, légitimes, non, alors qu’une franche majorité de ce pays s’oppose à cette contre-réforme. Ces dernières années, des putschs ont été magistralement menés en Amérique latine grâce à la justice et aux Constitutions. Cela ne les a jamais rendus plus acceptables.

Sous les ors de la République, les pressions, les tractations et autres juteuses promesses vont bon train afin de réunir une majorité parlementaire qui n’a pour seul objectif que de livrer à court terme notre système de retraite aux fonds privés. La minorité présidentielle joue son va-tout. Quant à la droite, réduite à d’obscènes marchandages, elle en sera aussi pour ses frais. D’où les dissensions internes qui l’agitent. Face à ces calculs politiciens qui renvoient une image déplorable de la politique, l’intersyndicale, l’opinion publique et le mouvement social font corps. Les députés de gauche avancent eux aussi une issue à la crise avec le référendum d’initiative partagée afin de bloquer une réforme injuste et injustifiable.

 

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