jeudi 27 octobre 2022

« Sortir du capitalisme », Qu’il soit représenté par Macron, la droite ou l’extrême droite !

 


Hier, pour la seconde fois en huit jours, le président de la République a « occupé » les écrans de France 2. Recul de l’âge légal de la retraite, refus de la taxation des superprofits inflation : l’angoisse des ménages croit, mais Emmanuel Macron est resté inflexible, en fidèle serviteur de la classe privilégiée qu’il défend. Il a résumé son état d’esprit par ces mots « le bateau traverse la tempête ». Comme si,  sans pour autant nier ses effets sur la situation économique, la guerre en Ukraine était responsable de tous les maux. Le prix du poulet augmente de 50%, la facture de l’électricité va croître de 15%, il reste inflexible malgré la farouche opposition de la majorité des Français-e-s. il dit croire « à la France du travail et du mérite », mais reste toujours arrimé à sa vision toute personnelle de la justice fiscale avec des coups de pouce et des chèques plus ciblés en 2023, la défiscalisation des heures supplémentaires, plutôt que des changements systémiques. Donc exit, l’indexation des salaires sur l’inflation, la taxation des superprofits alors qu’au lendemain de sa prestation télévisée, était annoncée l’explosion des bénéfices de TotalEnergie. Alors que les services de pédiatrie lancent l’alerte en pleine épidémie de bronchiolite, Jupiter reconnaît qu’il n’y a pas assez de médecins. Sa réponse : demander aux médecins retraités de reprendre du service et donner davantage de responsabilités aux infirmières et aux autres professions paramédicales. Quant à la crise de l’hôpital elle ne pourra que s’aggraver à la lecture des moyens qui lui seront accordés dans le cadre du budget 2023 de la Sécurité Sociale. Macron ne varie pas. Selon lui il faudrait montrer que rien ne change à l’Élysée, alors qu’autour de nous tout change. Il veut  « libérer et protéger », pour cela, il compte toujours reculer l’âge légal de la retraite à 65 ans d’ici 2031. Il est prêt à négocier mais se dit juste ouvert à la discussion dans un périmètre restreint dont il bétonne les contours : « pourquoi pas s’arrêter de travailler à 64 ans mais à condition d’allonger la durée de cotisation ». Droit dans ses bottes, mais cependant conscient des obstacles qui se dressent devant lui, à peine 6 mois après sa réélection, il n’a pas manqué d’évoquer la possibilité d’un accord avec les députés LR et centristes pour l’adoption de textes à l’Assemblée, sur les réformes du travail, des retraites, sur l’immigration, « estimant que ceux-ci avaient envoyé un message clair en ne votant pas les motions de censure déposes sur les budgets ». Le capital possède en Macron un fervent défenseur du capital. Sans mésestimer, le rôle que peuvent jouer les député-e-s du groupe GDR et des autres groupes appartenant à la Nupes, c’est le mouvement social et sa puissance qui décidera de tout et de l’avenir. À celles et ceux qui penseraient se débarrasser d’Emmanuel Macron avec une motion de censure votée par les député-e-s de la Nupes, de la droite et du Rassemblement national, c’est à dire une alliance de la carpe et du lapin, je suis tenté de leur dire, oui et après ? Pour faire quelle politique ? Sans compter le risque d’une dissolution qui pourrait conduire, à n’en pas douter, à un renforcement des positions de l’extrême droite. Les forces du capital ne mettant jamais ses œufs dans le même panier, elles pourront compter sur elle pour servir ses intérêts. En tout état de cause, inutile de compter sur les communistes pour se plonger dans ce dangereux marigot politicien. On ne pactise pas avec l’extrême droite, jamais. On la combat sur le plan politique et idéologique. Il n’est pas d’autre issue que celle d’un mouvement social et populaire, assez puissant, pour remettre en question ce qui est à la  racine du mal dont souffre notre pays : le capitalisme et pour en sortir !

lundi 24 octobre 2022

Chercheurs de l’or du temps.



Exposition Du surréalisme à l’art brut, le XXe siècle a remis en question les hiérarchies et les frontières de la création. Le LaM de Villeneuve-d’Ascq invite les visiteurs à les explorer.

Maurice Ulrich

«Je cherche l’or du temps.» C’est à cette phrase d’André Breton que la nouvelle exposition du Musée de la métropole lilloise à Villeneuve-d’Ascq, le LaM, a emprunté son titre. «Chercher lor du temps», avec lambition d’évoquer tout à la fois le surréalisme, lart brut, lart naturel et l’art magique. Approcher, écrivent les commissaires de l’exposition, «un point dorigine de lart, un art à l’état natif jaillissant des profondeurs de la condition humaine: cest ce que cherchent, avec des moyens différents, André Breton et les groupes surréalistes, puis les membres de la compagnie de l’art brut réunis par Jean Dubuffet.» C’est donc assez logiquement que la première salle évoque les questions posées par André Breton aux soldats traumatisés revenant du front, alors qu’il exerce à Saint-Dizier en tant que médecin militaire auxiliaire: «Avec qui la France est-elle en guerre? À quoi rêvez-vous la nuit?» Sans doute la naissance du surréalisme est-elle plus complexe, avec les rôles différents d’Apollinaire, à qui l’on doit le mot lui-même, d’Aragon et Philippe Soupault, la naissance du mouvement Dada en 1916, la révolte contre la guerre elle-même, mais commencer par le rêve ou plus précisément la volonté de libérer les forces de l’inconscient n’est pas illégitime. Aragon lui-même publie, en 1924, la même année que paraît le premier manifeste du surréalisme, Une vague de rêves.

La liberté de la folie face à la normalisation de l’esprit

De là à se tourner vers la folie, il n’y a qu’un pas. Dans une lettre adressée «aux médecins chefs des asiles de fous», nous dit-on, Antonin Artaud, Robert Desnos et Théodore Fraenkel insistent sur ce quils pensent être la liberté de la folie face à la normalisation de lesprit. Cest Max Ernst qui, en 1922, va arriver en France avec le livre Expressions de la folie, de Hans Prinzhorn, qui rassemble des productions de malades mentaux et leur donne une réelle visibilité, après quelques publications en France dont, en 1907, l’Art chez les fous, de Marcel Réja.

L’exposition entend toutefois explorer plusieurs chemins. Une salle entière, sous l’intitulé «Le temple de la nature» est ainsi consacrée au palais du facteur Cheval, dans la Drôme, et à ses propres mots, en relatant avoir heurté une pierre, «puisque la nature fournit les sculptures, je me ferai architecte et maçon». Les surréalistes vont en faire un lieu emblématique. Ils vont aussi s’intéresser aux formes de la nature, aux frontières confuses du vivant.

L’exposition évoque aussi la création et l’apport à la Résistance de l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban, en Lozère, pendant la Seconde Guerre mondiale, avec les figures des médecins François Tosquelles et Lucien Bonnafé, participant également à une nouvelle définition de la maladie mentale. On découvre encore l’histoire des relations, qui finiront sur un désaccord, entre André Breton et Jean Dubuffet, inventeur en 1945 du concept d’art brut pour la création, et à partir de 1948, d’un Almanach de l’art brut, donc. Il ne verra pas le jour, mais de multiples éléments sont à découvrir qui ont participé à cette tentative. L’exposition aux multiples entrées, qui implique aussi bien les artistes que les poètes, les psychanalystes, les créateurs anonymes, s’arrête à l’année 1969, avec l’autodissolution du mouvement surréaliste dont la charge explosive était éteinte depuis longtemps déjà. On retient cependant l’essentiel. Le XXe siècle a amplement contribué à briser les frontières et les hiérarchies de l’art et de la création, mentales et pour partie géographiques. M. U.

Jusqu’au 29 janvier. Rens.: www.musee-lam.fr. Catalogue coédité par Snoeck et le LaM, 274 pages, 35 euros.

 

Analyser et combattre les idées de l’extrême droite !



Dimanche, en Italie, le gouvernement de Giorgia Meloni prenait ses fonctions. Le lendemain Emmanuel Macron, lui rendait visite, après que les dirigeants de l’Union Européenne aient applaudi à la nomination de postes clés à des « pro-européens. Leur silence complice sur  les droits des femmes et des minorités qui restent ans la ligne de mire du gouvernement dirigé par la présidente du parti post-fasciste, Fratelli d’Italia est préoccupant. La semaine dernière c’était Serge KLARSFELD recevant la médaille de la ville de Perpignan des mains de Louis Aliot, qui affirmait « Lorsque je vois dans une droite extrême une évolution, quand je vois des gens qui se rallient à nos valeurs…comme Louis Aliot l'a fait, quand je vois qu'il s'oppose au grand remplacement et à la ligne identitaire des purs et durs du RN, eh bien, je ne peux que le constater ». C’est le moment choisi par certains député-e-s insoumis qui souhaitaient une motion de censure plus « large », plus « consensuelle » afin que les le RN la vote. Inquiétant, le mot est faible au moment où une nouvelle extrême droite hante l’Europe et le monde. Sa banalisation est dangereuse. Nous en avons l’expérience, en France, la diabolisation n’a pas suffi à faire reculer ses idées. N’est-ce pas l’inverse qui s’est produit, avec le succès de ce que certains ont appelé la « dédiabolisation ». Chez nous, ce n’est pas un hasard si le RN récuse le terme d’extrême droite. Raison de plus pour la nommer pour ce qu’elle est : une extrême droite nationale-populiste, autoritaire, raciste, sexiste et homophobe, néolibérale sur le plan économique et écologique, néoconservatrice sur le plan des valeurs : Une option politique permettant le maintien de la domination du capital. Un capitalisme nationaliste et anti-démocratique. Un combat politique et idéologique qu’il convient de mener sans relâche, autour des enjeux d’aujourd’hui et non d’hier.

dimanche 23 octobre 2022

 


N’oubliez pas l’enfant, qui se lève le matin, quand vous dormez encore d’un sommeil serein, Il a les yeux rougis par les brumes du matin,  qui lui cachent les cernes jusqu’au lendemain. N’oubliez pas l’enfant, qui a les doigts brisés, à remuer la terre, à tisser des tapis. Des petits doigts si fins et jamais caressés, qu’il est dur de comprendre qu’ils soient déjà jaunis. N’oubliez pas l’enfant qui ne sait plus rêver, quand il vend son jeune corps, lorsque la faim le prend, à d’immondes pervers, puissants et protégés, et qui souillent de leurs mains, la pureté d’un enfant. N’oubliez pas l’enfant, qui ne sait plus pleurer, sous le coup du destin, qui l’a pris en otage, il ne sait même plus rire, il n’a jamais joué, vieillard de huit ans, il a perdu son âge. N’oubliez pas l’enfant, vous qui les aimez tant, observez son regard, l’espace d’un instant,  et dans ses yeux profonds, vous lirez nettement, la noblesse de son cœur, qui en fait qui en fait un géant. N’oubliez pas l’enfant, qui se lève le matin,  qui sous d’autres soleils aurait pu s’épanouir. N’oubliez pas l’enfant, au tragique destin, avançant dans la nuit, qui le voit s’évanouir. N’oubliez pas l’enfant.

 

samedi 22 octobre 2022

Nouvelle : « Eté 1914, un village en terre Occitane ! »



Dès le début de 1914, certains s’inquiétaient des bruits de guerre. La plupart ne voulaient pas y croire. Le 28 juin 1914, l’archiduc François Ferdinand et son épouse furent assassinés à Sarajevo. Mais leur mort n’eut pas de grandes répercussions sur ce coin du bas Quercy. Un homme mourait en Serbie, mais pour la famille Laurent, ses voisins, la préoccupation essentielle venait du ciel : en ce mois de juin, les orages précoces s’étaient succédé pendant une quinzaine, gâtant les foins, les empêchant de bien sécher. Et chacun priait le ciel – ou l’injuriait selon ses croyances – pour que le soleil et la chaleur soient au rendez-vous des moissons. Personne au village n’aurait pu dire où se trouvaient les Balkans, sauf la maître d’école, et peut-être le curé, à qui personne d’ailleurs ne le demandait. Quelques hommes portés par la politique, membres d’un parti ou ouvriers syndiqués en parlaient au café, à la sortie de l’usine, sur le marché ; parfois des querelles violentes s’élevaient entre partisans de la revanche et pacifistes proches de Jaurès, mais les soucis quotidiens, récoltes, ventes, semailles chassaient vite ce sujet. En juillet, le ciel fut favorable et généreux. Aux orages succéda une bonne chaleur, pas de celles qui grillent tout mais une chaleur honnête qui laisse les matins clairs et les nuits fraîches et font croire que la nature est une bonne mère. Jamais les blés ne furent si hauts et les épis aussi grenue que cette année-là. Quelques bonnes averses, suivies de grand soleil en firent une année de champignons. Les enfants couraient les bois dès l’aurore et ramenaient des paniers pleins de cèpes noirs et fermes et de girolles parfumées. À mesure que les nouvelles atteignaient le village, certains, malgré tout, s’inquiétaient, le temps d’une conversation, à la fin du repas, à la sortie de l’église, sur un pas de porte. Mais on les faisait taire bien vite : « La guerre ! Ne parlez pas de malheur que çà l’attire ! Mais personne n’en veut de la guerre. » Et chacun partait vaquer à ses occupations. En plein travaux d’été, l’assassinat de Jean Jaurès, presque un enfant du pays que tous, même ceux qui ne partageaient pas ses idées, respectaient, perturba les esprits et les conversations. Le 1er août, dans l’après-midi le père Laurent s’était rendu à Saint - Antonin. Il rentra plus tôt que prévu, ramenant la nouvelle. Tous les journaux en faisaient leur « Une » : « L’empereur d’Allemagne décrète l’état de siège » et annonçant aussi la mobilisation et en gros : « Jaurès assassiné ». En fin d’après-midi le père Laurent lut les divers articles concernant le député du Tarn et « le lâche et abominable attentat qui endeuille notre France » à la famille rassemblée que cousins et voisins avaient rejointe. Il lut aussi les articles sur la mobilisation générale, appelant à la cessation des querelles et divisions entre partis et à l’union contre la « barbarie germanique ». Quand il se tut, tous restèrent silencieux un moment. Le fils aîné des Laurent, qui, jeune ouvrier en chapellerie, proche des syndicats et de la SFIO admirait Jaurès et lisait l’Humanité s’indigna : « Ah ! Ils ne se sont pas trompés, les salauds qui l’ont fait assassiner ! C’était le meilleur de nos dirigeants, intègre, ne se souciant que des ouvriers et de leurs droits, pas comme ces vendus de radicaux. Il y a un an encore, il s’était élevé contre le rétablissement du service militaire à trois ans. Et il se battait contre cette guerre que les capitalistes nous préparent ! Maintenant tout peut arriver. Je vous avais avertis que ça irait mal quand ils ont tué l’archiduc, vous ne vouliez pas me croire. Nous allons à la catastrophe ! » Les « Laurent » étaient aux champs, quand les cloches se mirent à sonner d’un carillon lent et grave. Té, quelqu’un est mort, dit l’un. Non, c’est ce n’est pas le glas qui sonne, murmura l’autre, soudain attentif, c’est le tocsin. Peut-être le feu ? Mais voici qu’un autre clocher s’y mettait aussi, puis d’autres, encore plus loin. Ravi de toute cette musique le plus jeune fils Laurent, se mit à frapper dans les mains et sauter sur place en chantant. « Tais-toi, petit malheureux, dit son père, ce n’est pas une fête, il se passe quelque chose de très grave. Ah ! Quel malheur, ce qu’on craignait est arrivé ! vite on rentre ! « C’est la guerre, dit le père Laurent à son jeune fils. Je vais être mobilisé, ton oncle, ton cousin, et aussi ton plus grand frère. Nous allons tous partir et très vite ! Tous les hommes depuis la classe 90 jusqu’à ce jour sont appelés sous les drapeaux, mais ne t’inquiète pas, nous ne serons pas longs ! On va leur mettre la pâtée aux boches, et reprendre ce qu’ils nous ont volé. Et nous serons de retour pour les vendanges ».

Après les ordres de mobilisation, les feuilles de route arrivèrent. On n’avait jamais tant vu le facteur dans les fermes et le village. Partout il y avait des hommes, jeunes et moins jeunes, parfois plusieurs dans la famille, qui préparaient leurs paquetages, rassurant les femmes. Le matin du départ fut des plus tristes. Personne ne put rien avaler au déjeuner. Sept heures pétantes, Ils partirent. Pour tous le temps de l’attente commença : le facteur, des nouvelles, de la fin de la guerre surtout. La première lettre arriva. Le père Laurent parlait de l’accueil chaleureux des populations des villes traversées. Tout allait bien, le moral était bon, il ne tarderait pas à revenir. Les années passèrent, avec les vendanges. Le père Laurent, l’oncle, le cousin et le fils aîné ne reviendront pas, tout comme la plupart des hommes du village. Quelle connerie la guerre !

 

 

vendredi 21 octobre 2022

Le bleu !



Le bleu ne fait pas de bruit. C'est une couleur timide, sans arrière-pensée, présage, ni projet, qui ne se jette pas brusquement sur le regard comme le jaune ou le rouge, mais qui l'attire à soi, l'apprivoise peu à peu, le laisse venir sans le presser, de sorte qu'en elle il s'enfonce et se noie sans se rendre compte de rien. Le bleu est une couleur propice à la disparition. Une couleur, ou mourir, une couleur qui délivre, la couleur même  de l'âme après qu'elle s'est déshabillée du corps,  après qu'a giclé tout le sang et que se sont vidées les viscères, les poches de toutes sortes, déménageant une fois pour toutes le mobilier de ses pensées, indéfiniment, le bleu s'évade. Ce n'est pas, à vrai dire, une couleur. Plutôt une tonalité, un climat, une résonance spéciale de l'air. Un empilement de clarté, une teinte qui naît du vide ajouté au vide, aussi changeante et transparente dans la tête de l'homme que dans les cieux. L'air que nous respirons, l'apparence de vide sur laquelle remuent nos figures, l'espace que nous traversons n'est rien d'autre que ce bleu terrestre, invisible tant il est proche et fait corps avec nous, habillant nos gestes et nos voix. Présent jusque dans la chambre, tous volets tirés et toutes lampes éteintes, insensible vêtement de notre vie.

 

mardi 18 octobre 2022

Monet-Mitchell, entrée dans un palais de la peinture (Maurice Ulrich)



En rapprochant le travail du maître de Giverny et celui de la grande figure de l’abstraction américaine installée à Vétheuil, sur les bords de la Seine, la Fondation Louis-Vuitton, à Paris, propose un événement exceptionnel par la qualité et le nombre des œuvres.

C’est une explosion de couleurs et de coups de pinceau à nulle autre pareille. Ces dernières années, à Landerneau (Finistère), une exposition du centre Leclerc consacrée à la peintre américaine Joan Mitchell et à celui qui fut son compagnon, Jean-Paul Riopelle, peintre également, avait déjà permis d’accéder à une belle partie de son œuvre. À la Fondation Louis-Vuitton, à Paris, dans le grand vaisseau de verre de Frank Gehry, l’exposition appelée «Monet-Mitchell», dont le propos est de rapprocher ou, si lon veut, «confronter», leurs œuvres respectives pour Monet, celles de ses vingt dernières années , est à laffiche. Mais, à la vérité, la rétrospective Mitchell, en sous-sol, n’est pas une simple «mise en œil» pour ce qui va suivre. Cest, avec un ensemble de tableaux allant des années 1950 aux dernières années (Joan Mitchell est décédée en 1992), un parcours exceptionnel dans une des œuvres abstraites les plus fortes du XXe siècle. La suite, sur trois étages, soit donc sa mise en regard avec le Monet que l’on dira, pour faire vite, des Nymphéas, ou plus largement de son étang et de son jardin de Giverny, peints sans relâche jusqu’à sa mort, est un festin plastique avec le choc, dans la dernière salle, du grand quadriptyque (quatre panneaux) appelé Edrita Fried, du nom d’une psychanalyste et proche amie de la peintre.

Une artiste qui ne s’en laisse pas conter

C’est une déchirante symphonie où dominent les bleus et jaunes qui furent ceux de Van Gogh, ici portés dans une nouvelle dimension au regard de la taille de l’œuvre. C’est là aussi que l’on découvre, de Monet, le très grand triptyque dit de l’Agapanthe, achevé en 1920. C’est une autre symphonie, moins déchirée peut-être, dont le motif, on ne dira pas le modèle, est l’étang de Giverny, là où Monet, déjà célèbre et suffisamment fortuné, va se vouer totalement à son grand œuvre sans plus jamais s’en échapper, sauf pour un dernier voyage à Venise en 1908. La plus grande partie des Nymphéas est exposée en permanence au musée de l’Orangerie, à Paris. À la Fondation Vuitton, la commissaire de l’exposition, Suzanne Pagé, a obtenu que les toiles soient débarrassées du cadre qui les enfermait. Une belle idée les libérant de leur statut de tableaux à accrocher aux murs du salon pour leur permettre de communier entre eux et avec ceux de Joan Mitchell. C’est une réussite qui donne à certains moments le sentiment d’entrer dans un palais de la peinture.

On se satisfait trop vite, parfois, de penser que Monet, alors, va vers l’abstraction, dont il faut rappeler qu’elle est déjà actée par Kupka ou Kandinsky, et qui serait au fond un chemin logique, voire moderniste de la peinture. Ce n’est en aucune manière son problème. Mais ce qu’il veut, c’est restituer par la couleur, la lumière, les jeux des reflets et des ombres, les univers de sensations qu’il éprouve dans une sorte d’union panthéiste avec la nature ou, plus encore, le merveilleux, l’exception de la Création. «Tout à coup, jai eu la révélation des féeries de mon étang. Jai pris ma palette.»

Arrivée en France dans les années 1950, Joan Mitchell, née en 1925, est une des figures déjà de l’expressionnisme abstrait de Pollock, Kline, De Kooning. The Bridge, 1956, une des toutes premières toiles du parcours avec des graphismes noirs, comme rageurs, des taches de rouge, est dès ce moment une œuvre que l’on peut dire magistrale. Dotée d’un solide tempérament, sportive accomplie, l’artiste n’entend pas, à l’évidence, s’en laisser conter en matière de peinture comme du reste, de relations humaines. Sa vie de couple avec Jean-Paul Riopelle – dont il faut bien dire au passage qu’il n’était pas à sa hauteur en tant que peintre – fut orageuse. En 1963, une œuvre comme Girolata Triptych est emblématique d’une autre phase de son parcours, avec au centre de la toile un aplat opaque et sombre de vert et de noir. C’est aussi un chef-d’œuvre. Disons-le sans retenue, on va avec elle et, de toile en toile, dans une sorte de jubilation.

La même émotion panthéiste qu’avec Monet

Son installation à Vétheuil, en 1967, à quelques portées de pinceau de Giverny, va ouvrir la voie aux simplifications quant à son rapport à Monet. L’exposition, et c’est une de ses grandes qualités, ne le dément pas, mais en faisant la démonstration qu’il ne s’agit en aucune manière d’un suivisme ou d’une dépendance. Pour elle, qui se dit presque désarmée devant le paysage des boucles de le Seine qui s’offre à elle, il s’agit aussi de restituer des sensations et il est parfaitement exact que l’on éprouve devant toutes ses toiles, le plus souvent de très grandes dimensions, en plusieurs panneaux, la même émotion panthéiste qu’avec Monet. «Ma peinture est abstraite, a-t-elle pu dire, mais c’est aussi un paysage.» On peut aussi penser au  Champ de blé aux corbeaux, mais, là, il s’agit de Van Gogh, qu’elle admirait.

Jusqu’au 27 février 2023. Catalogue édité par la Fondation Louis-Vuitton et Hazan, 39,95 euros.

 

samedi 15 octobre 2022

Le 16, le 18…et après !



À Strasbourg, l’université va prolonger de deux semaines les vacances de fin d’année. Il fait froid à Strasbourg. L’université n’a plus les moyens de chauffer ! Remontée significative du taux de mortalité infantile en France ! La fermeture des lits continue pendant et après le Covid. Le ministre Braun répond : on ferme des lits parce qu’il n’y a plus assez de personnel ! L’éducation nationale au bord de l’écroulement. Les profs écœurés quittent le métier parce que tout a été fait pour le leur rendre odieux. Les instits, ceux des écoles primaires, qui, comme les soignants, tiennent leur métier pour « le plus beau des métiers », quittent « le plus beau des métiers », vocations dévastées par la destruction de leurs conditions de travail ! Les EHPADS et la promesse d’Orpéa : Ouverture, Respect, Présence, Écoute, Accueil ! Une réforme de l’Unedic qualifiée de « tuerie » jusque par l’homme dont on dit parfois que, si l’esclavage était rétabli, il négocierait la longueur des chaînes ! Les conducteurs — de cars, de trains, de métro — : conditions de travail insupportables ! La compétence technologique nucléaire de l’électricien français : détruite ! Effectifs de pompiers sacrifiés, réduction des moyens financiers, Canadairs en voie de déglingue,  voilà une bonne idée pendant le changement climatique !  L’Office national des forêts : détruit. Bonne idée pendant le changement climatique ! Le Centre National du Cinéma : en cours de destruction ! Les piscines tournent glaciales. De toutes façons il n’y a plus de maîtres-nageurs — partis, plus recrutés. Etc., on n’en finirait pas…En 1995 à la Gare de Lyon, Bourdieu prenait la parole, expliquant que dans la réforme Juppé des régimes spéciaux, il y va d’un enjeu de civilisation. JOFFRIN, MINC, COLOMBANI, Julliard, ROSANVALON lui rient au nez. Bourdieu lui-même avoue s’être demandé s’il n’a pas poussé le bouchon un peu loin. Trente ans plus tard, pourtant, tout est confirmé. Un ensemble, qu’on appelle « néolibéralisme », qui n’a pas commencé avec Macron mais que Macron a poussé à des sommets sans précédent, détruit tout. Les salariés, les fonctionnaires, les vocations, les services publics, l’amour des métiers, les structures sociales, toutes les formes d’organisation collective qui n’ont pas été jetées au capital et au marché, les mers, l’espace, la terre, l’air à respirer, l’eau à boire, la planète. Il faut sortir pour les salaires, les retraites, le climat, c’est une évidence criante. Mais il faut sortir aussi pour tout ça, le 16, le 18 octobre…et après !

vendredi 14 octobre 2022

Sur le fil !

 


Un fil c’est une matière, qui sert à coudre, parfois, à recoudre. Un fil sur lequel on tire quand il dépasse d’un pull, fil de laine pour rassembler ce qui nous tient chaud, fil de coton que nos grand-mères utilisaient pour repriser les chaussettes de grand-père. Et puis, un fil de soie pour nos foulards colorés, un fil de nylon pour le pécheur en rivière. Tiens justement le fil de l’eau où vogue le fil de nos pensées. Et puis le fil du rasoir, celui avec lequel on se prend la tête, de fil en fil ! J’en perds le fil ! Le fil ? Du téléphone, il a su se libérer lui. Qui ? Le téléphone sans fil ! Il y a le fil dentaire bien plus efficace qu’un cure-dent, et plus le fil d’argent moins riche que le fil d’or, et ces fils qui cautérisent nos plaies béantes. Pas celle du cœur, non celles- là sont ouvertes à jamais. Fildefériste funambule ta vie ne tient qu’à un fil. Un fil ? Le fil sur le forum, dans lequel chacun jette une pensée en vrac. Et puis ce fil, un fil, tout fin, très fin, qui nous retient sur la toile, ah oui ! Ce fil qui file sous nos doigts, au fil de notre humeur, au fil de toi et de moi, au fil du temps qui passe, ce fil qui s’effiloche. Ce fil, le nôtre est-il tendu à se rompre ? Si finement ciselé au cours du temps, tiendra-t-il encore ?

 

mercredi 5 octobre 2022

Pour Bercy, tout va bien du côté des finances locales.



Une note de Bercy publiée, dimanche, par Le Parisien, donne une vision très optimiste de l'état des finances locales. Diffusée juste avant le début du débat budgétaire au Parlement, les auteurs de la note nient clairement que les collectivités locales soient financièrement en difficulté.

Cela donne le ton des discussions à venir lors de l’examen du projet de loi de finances et du projet de loi de programmation des finances publiques (lire article ci-dessous). Une note « confidentielle »  – mais tout de même opportunément portée à la connaissance du Parisien et de l’AFP – « ausculte les finances des communes, des départements et des régions », détaille le quotidien dans son édition du 2 octobre. Et le diagnostic « va à l’encontre des propos alarmistes des associations d’élus locaux ». 

« 500 communes »  en difficulté ?

Rien de très nouveau sous le soleil, en réalité : la note reprend des éléments bien connus du tous, à savoir qu’en 2021, l’épargne des collectivités et leurs recettes ont progressé. Le solde du compte des collectivités locales atteindrait « 60,7 milliards d’euros »  en août 2022, contre 53,8 milliards un an plus tôt. C’est en particulier la dynamique des rentrées de TVA qui explique cette progression – une partie des impôts économiques locaux ayant été supprimés et remplacés par une part de la TVA nationale, notamment pour les départements et les régions. Les rentrées de taxes foncières sont également en nette hausse. 

Ces chiffres augurent-ils, comme la note citée par Bercy le dit, « des perspectives favorables pour 2023 qui permettraient de faire face pour la très grande majorité [des collectivités] au contexte d’inflation » ? Rien n’est moins sûr. Et affirmer, comme le font les auteurs de la note, que seules « 500 communes »  risquent de rencontrer prochainement des difficultés de trésorerie paraît assez coupé de la réalité. 

Le Parisien évoque également « un rapport du Trésor sur les perspectives des finances publiques », qui devrait sortir incessamment, et qui selon le quotidien « enfonce le clou » : « Les collectivités locales seraient en excédent sur la période ». Ce qui est un truisme, dans la mesure où, faut-il le rappeler, les collectivités n’ont pas le droit d’être en déficit. D’après cette note, cependant, cet « excédent »  devrait fondre comme neige au soleil, passant de 4,4 milliards d’euros en 2022 à 1,5 milliard en 2023. Soit une diminution de la capacité d’autofinancement, et donc des capacités d’investissement, qui n’a rien de réjouissant. 

Rappelons que l’AMF, dans une réponse à un récent rapport de la Cour des comptes, avait très clairement expliqué la différence entre « excédents »  et « santé financière des collectivités ». « L’importance des excédents n’est pas forcément révélatrice d’une ‘’situation très favorable’’ mais plutôt d’une situation financière équilibrée. Ainsi par exemple, pendant toute la période de baisse des dotations, le bloc communal a dégagé des excédents et le niveau d’épargne est resté élevé, à environ 15 % des recettes de fonctionnement. Toutefois, cette période d’excédents s’est aussi soldée par l’effondrement inédit des investissements (- 16 milliards d’euros pour le bloc communal) ». 

« Intox » 

Il faut signaler que cette note prend en compte l’ensemble des collectivités (régions, départements et communes) sans faire de différence entre elles – les communes, on l’a dit, n’ont pas bénéficié de « l’effet TVA »  autant que les régions. Et elle ne tient pas non plus compte de la situation différente des collectivités de taille différente au sein de chaque strate. 

Mais surtout, ces chiffres qui portent sur l’année 2021 et le premier semestre 2022 ne tiennent pas compte de l’impact de l’inflation et, en particulier, de la hausse du prix de l’énergie. Ce qui fait dire à David Lisnard, président de l’AMF, interrogé par Le Parisien, que ces chiffres sont « de l’intox », en rappelant que « les collectivités ont fait de l’épargne de précaution ». Quant à la présidente de Régions de France, Carole Delga, elle ne nie pas l’impact positif de la « dynamique de la TVA », qui devrait rapporter « 750 millions d’euros de plus »  aux régions l’an prochain, mais ajoute que ces recettes supplémentaires seront dévorées par la hausse des prix de l’énergie : « Dans le même temps, les régions vont dépenser un milliard d’euros de plus (pour le) chauffage des lycées, le transport scolaire, le coût du ferroviaire, des bus… ». 

La note ne prend pas davantage en compte le coût, pour les collectivités, de la hausse du point d’indice et de la revalorisation des carrières des catégories B et C. 

« Réflexe pavlovien » 

Il semble bien que la divulgation de cette note s’inscrit dans le plan de communication de Bercy, à la veille du débat budgétaire, consistant à prétendre – comme il le fait depuis la crise du covid-19 – que les collectivités pleurent la bouche pleine. Témoin, ce « communicant du gouvernement »  qui explique au Parisien que les collectivités locales « protestent par réflexe pavlovien ». Des propos qui seront certainement appréciés par tous les maires qui, en ce moment même, face à l’inflation et à la multiplication parfois par cinq ou six de leur facture d’énergie, se demandent désespérément comment ils vont boucler leur budget à l’équilibre sans augmenter les impôts, diminuer les investissements ou le niveau de service public. Par « réflexe pavlovien », sans doute… 

 

samedi 1 octobre 2022

Nouvelle : « les arbres »



Qui n’aime pas les arbres ? Du plus loin que nous nous souvenons, ils sont présents dans notre vie. Et d’abord à l’école ? Dans les cours de récréation, bordées de grands ormes. Ce sont des arbres magnifiques, puissants, trapus, à l’écorce rugueuse et aux feuilles  dentées, rudes au toucher, qui laissaient sur la peau une odeur que l’on retrouve encore, de temps en temps, quand notre main glisse le long des ormeaux renaissants. On peut parler de renaissance, en effet, puisque les ormes, contaminés par la graphiose, ont failli disparaître. Aujourd’hui, heureusement, ils sont sauvés. Avec notre enfance, surgissent les marronniers d’autres cours d’école, dont les feuilles servaient de modèle aux premiers dessins de l’année. Feuilles aux fines nervures, d’un vert profond, dont le pétiole, si on l’écrasait, laissait sur la peau un parfum persistant, un peu amer. Les marrons, lisses comme le galet, luisaient avec une légèreté surprenante, et servaient parfois de projectiles, sans le moindre danger. Ils ont gardé leur mélancolie, celle de l’automne débutant, de la fin des vacances, des premières feuilles qui tombent. Comment ne pas aimer les tilleuls, pour leurs feuilles d’un jaune pâle, leur parfum très doux quand elles sèchent, au soleil, le murmure des abeilles dans les plus hautes branches, le goût des tisanes du soir. Leur buée montait, envahissait la pièce, attendrissant les regards et le temps. Autrefois, on gardait les feuilles précieuses dans un grenier dont les étés exaspéraient l’odeur. Personne aujourd’hui ne récolte les feuilles. Les grands chênes, eux, règnent sur tous les arbres. Opulents, magnifiques, ils portent des couronnes immenses dont les glands émergent comme des joyaux d’or. On ne peut faire le tour de leur tronc avec les bras. Ils dominent les prés et les champs avec la conscience de leur force, et, du haut, de leurs certitudes, ils nous jugent, pauvres hommes dont la petitesse est touchante en comparaison de leur grandeur sereine. Les plus beaux sont les solitaires. Ils ont écarté tout ce qui pourrait nuire à leur splendeur. Ils sont orgueilleux, mais ils ont raison de l’être. Ils ont défié le temps et ils ne croient pas à la mort. Ils croient à la pluie, au printemps, au soleil, aux étoiles. Ils savent que c’est dans la patience, dans la lenteur et non dans l’agitation qu’on vit le mieux. Il est rare que la foudre les frappe. Pas plus que les hêtres qui sont leurs demi-frères, presque aussi puissants, aussi majestueux qu’eux. Leurs fûts, très droits, s’élèvent sans branches, donnant aux hêtraies un aspect de couleurs grisâtres qui soutiennent un feuillage épais diffusant une ombre froide. C’est âcre, un peu amer. Leur bois, légèrement  rosé, porte des feuilles épaisses qui virent rapidement à l’automne  au brun cuivré. Ce sont des arbres pour la mélancolie. Ils ne sont forts qu’en apparence, ne sont heureux que du souvenir de leur bonheur : celui de leur splendeur d’été. Plus fragiles que ces deux princes des bois sont les frênes, les charmes ou les saules. Les premiers, s’ils dépassent souvent les chênes ou les hêtres, ne sont jamais aussi touffus, aussi robustes. Le frêne est fragile, comme un adolescent trop vite grandi. Il n’est pas assuré sur ses jambes, et son bois,  s’il est d’aspect compact, ne résiste pas longtemps à la scie. S’il s’épaissit son tronc se crevasse, laisse pénétrer les parasites qui le tueront. Au contraire des charmes, dont les feuilles ovales, deux fois plus longues que larges, sont d’une extrême douceur mais savent résister en chantant au vent le plus violent. C’est un arbre pour la douceur de vivre, d’où les charmilles du XIXe  siècle, plantées par les romantiques. Les saules sont des arbres au bois tendre, comme celui des peupliers. Ils cassent sous leur propre poids et, s’ils vivent vieux, sont couturés de blessures comme des grognards d’Empire. Rien ne peut nous émouvoir davantage, que les chandelles vertes des peupliers. Ils évoquent la Toscane, la vie simple et douce, comme les trembles qui sont leurs cousins. Leur nom vient du fait que leurs feuilles s’agitent même en l’absence de vent. Ils disent la vie en plein cœur de l’hiver, par quelques feuilles jaune citron accrochées à leurs plus hautes branches. Ils murmurent sans cesse une chanson qui parle de caresses et de fragilité. Et quoi de plus beaux, plus majestueux que les bouleaux de Sibérie, le blanc de leurs fûts plus blanc que neige, leurs petites feuilles tremblantes même en été. Ils évoquent les vastes espaces blancs, Boris Pasternak, Le Docteur Jivago, Tolstoï, la retraite de Russie, le froid de l’hiver, tout ce qui dure, l’immensité de la vie. Et puis, dans mon cœur, il y a l’arbre de l’éternité. Il abrite dans son ombre délicieuse un banc sur lequel on s’assoit et on pense. C’est un arbre qui respecte le silence et le nourrit de sa grandeur. Le ciel est toujours bleu sous mon arbre de l’éternité. Je ne me suis jamais demandé si c’était un tilleul ou un chêne. Quelle importance, puisqu’il est éternel !

 

MERCI !

 


DURANT CE MOIS SEPTEMBRE, 3104 ARTICLES ONT ÉTÉ LUS SUR MON 

BLOG, SOIT EN MOYENNE 103 PAR JOUR. UN GRAND MERCI POUR VOTRE 

FIDÉLITÉ !

 

« Au rendez-vous », l’éditorial de Laurent Mouloud dan l’Humanité.

  « Va à la niche ! Va à la niche ! On est chez nous ! »  Diffusées dans  Envoyé spécial , les images de cette sympathisante RN de Montarg...