L’artiste de 66 ans est morte dimanche des suites
d’une maladie. Commencée sur les murs de Paris, son œuvre au pochoir qui
alliait graphisme et poésie était entrée dans les galeries
Elle s’était choisi un pseudonyme de sorcière sexy,
inspiré de Miss Tick, la maléfique créature aux cheveux de jais de la Bande à
Picsou. Depuis le milieu des années 1980, l’artiste recouvrait les murs et les
palissades parisiens de ses œuvres au pochoir mêlant texte et images qui
diffusaient dans la ville des messages poétiques, souvent féministes : « En
péril une grande éraflure dans le ventre je rêve à des corps sans
mémoire », « Exilée volontaire d’un continent sans
nom j’écris dans la marge des non- dits », « Dans
le parfum indécent d’un rythme nos fantasmes urbains submergent les façades
figées du quotidien… »
Nourrie de poésie, notamment surréaliste
Née Rhadia Novat en 1956, fille d’un père tunisien et
d’une mère normande, Miss. Tic grandit dans le quartier de la Butte-Montmartre,
dans le XVIII e arrondissement, l’un de ses futurs lieux
d’expression. Dans les années 1970, elle découvre le le théâtre de rue
puis, au début des années 1980, séjourne aux Etats-Unis où éclot le graff,
branche de la culture hip-hop. De retour à Paris, elle a l’idée d’intervenir
dans l’espace public en voyant les peintures d’étudiants des Beaux-arts sur des
supports urbains. S’inscrivant dans un mouvement artistique naissant, elle
choisit la technique du pochoir pour multiplier rapidement les interventions.
Nourrie de poésie, notamment surréaliste, elle trouve son style en écrivant des
poèmes auxquels elle ajoute des portraits de femmes, d’abord des autoportraits
puis des figures inspirées des magazines, de la publicité ou de la mode.
Les années 2000 signent la fin de la
clandestinité
Très vite, ses œuvres libres et insolentes sont
repérées par les galeries d’art, notamment la Galerie du Jour, propriété de la
créatrice de mode Agnès B, l’une des premières à l’exposer. Dans les années
1990, Miss.Tic, comme d’autres street artistes, est accusée de détériorer
l’espace public. Un procès, qu’elle perd en 1999, la contraint à demander des
autorisations pour continuer de peindre dans la rue. Les années 2000 signent la
fin de la clandestinité puisqu’elle est sollicitée par des marques (Kenzo,
Vuitton…) et multiplie les collaborations avec, par exemple, le cinéaste Claude
Chabrol pour qui elle crée l’affiche de « la Fille coupée en deux »,
ou la Poste, qui édite des timbres inspirés de ses pochoirs.
Attachée à un art populaire, admiratrice d’Ernest
Pignon-Ernest, Miss.Tic n’aimait pas le qualificatif d’ « artiste de
rue », trop limitant. Femme, libre, anarchiste sur les bords, elle était
artiste, tout simplement.
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