Ceux que l'on ne voit pas, qui
travaillent dans l'ombre et qui n'ont jamais droit aux lauriers des honneurs. Ceux
que l'on sacrifie quand le navire sombre et dont on n'entend pas les longs cris
de douleur. Ceux qui usent leurs mains en sordides besognes, corvéables toujours
malgré quatre-vingt-neuf. Ceux qui n'ont pour rimmel que la suie sur leurs
trognes, suant sur le chantier comme ferait un bœuf. Ceux dont on lit l'effort
au nombre de leurs rides, dont les bras fatigués n'ont plus aucun recours, qui
font pousser l'espoir sur une terre aride et qui espéreront jusqu'à leur
dernier jour. Ceux qui ont renoncé, qui ont vendu leur âme à quelque dieu doré
qu'ils ne vénèrent pas, brandissant un drapeau, allumant une flamme. Ceux qui,
à bout de vivre, entament le combat. Ce poème est pour ceux qui pourraient en
être, de ce troupeau transi conduit à l'abattoir, à coup de pourquoi pas, à
renfort de peut-être. Le destin reste maître au livre de l'histoire.
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