lundi 20 décembre 2021

Nouvelle : « Chercher sa branche » !



Il est un arbre, au tronc parfait, lisse et tout droit. J’ai grimpé jusqu’à la première branche. Sur l’écorce a été gravée cette phrase : « Peu sont les élus qui ont pu lire ce message, si vous êtes parvenus jusqu’ici c’est déjà une chance, il reste du chemin, sachez choisir le bon. J‘y suis, je pensais donc naïvement avoir tout compris, je pensais avoir suffisamment vécu, être parvenu au terme du voyage et avoir trouvé enfin la vérité. Un tronc lisse est difficile à gravir, il y a peu d’aspérités où se raccrocher mais j’y suis. Ce fût un dur combat contre moi-même, contre un mur d’indifférence, où les prises sont dissimulées et si peu évidentes que la quête est de tous les instants. Le tronc est droit mais le sentier est tortueux. En atteignant cette première ramification, la ramure riche et accueillante semble ouvrir un passage parfait, avec tant de prises qu’il paraît facile de gravir une à une les marches. Mais là le doute s’insinue, quel chemin prendre dans ce labyrinthe de voies, toutes alléchantes ? Il faut alors faire un choix, ce choix que l’on croit être le bon, ce choix qui mènera tout en haut vers la cime sans égratignure et sans peine. Parfois on donne à profusion, conseils de chemins à suivre, il est si convaincant qu’il est difficile de ne pas croire en ses recommandations. Naïveté ! La branche que l’on a choisie rompt sous le poids de ses propres fautes. Parce que son itinéraire est différent et que chacun doit suivre le sien. Il suffit de redescendre s’empresse-t-on de sourire ! L’espoir est un moteur efficace, peut-être ! Mais il n’en est rien, une branche cassée ne se reconstruit pas, elle cicatrise parfois, mais interdit tout retour en arrière. Alors on entame une rude ascension à travers les embûches, les nœuds perfides et les rencontres fortuites : « J’ai cette expérience de l’arbre, croyez-moi ne prenez pas cette avenue, elle est sans issue ! » Mais cette fois on ne croit pas en l’avertissement et l’on suit aveuglément l’artère ouverte devant soi. La lueur qui provient du bout du tunnel feuillu, attire, les couleurs chatoyantes des décors enchantent, les voix des âmes croisées sont gaies, rieuses, le tracé est rectiligne, il renvoie le reflet de la paix enfin trouvée. Mais tout n’est qu’illusion et ce n’est que peine perdue, cette direction-là est le pire des échecs, au bout il n’y a que le vide, la déception, la haine et la souffrance. L’on regrette alors tant d’énergie dispersée pour rien, et comme il est impossible de faire demi-tour, il ne reste plus qu’à franchir le pas, sauter sur la branche voisine en espérant qu’elle sera solide. Il vient alors une période de réflexion : on s’arrête au premier croisement, l’esprit essaie de comprendre, on se ferme à tout contact, à toute croyance. Le silence se fait, on écoute juste sa conscience, et l’on cherche ce regain d’énergie qui fera avancer. Viens le temps de pénitence et de retour sur soi-même où l’on se pose les questions nécessaires à la survie : Comment croire ou ne pas croire ? Comment savoir qui dit la vérité, qui sait vraiment, qui ne ment pas ? Il n’y a pour cela qu’une seule et unique solution, sa propre expérience et ne jamais oublier les erreurs passées. Se souvenir de chaque pas qui ne fût pas assuré, reprendre une à une ses propres tables de la loi, et enfin croire en soi pour reprendre son chemin. Dans tous les cas il ne faut jamais s’avouer vaincu, chaque étape franchie, chaque marche gravie est une bataille gagnée. L’échec est formateur et pousse vers le haut si, et seulement si, il est porteur de leçon retenue. Ainsi d’erreurs en erreurs, de chute en redressement, de voltige en rattrapage in-extremis, une voie s’ouvre sur l’avenir. Une voie ferme et solide, un but bien armé qu’il faudra ne jamais dévier, le chemin de sa propre existence. « Avance et ne te retourne pas » te souffle ta propre identité. Le chemin est criblé de murs infranchissables, de fractures immenses, la marche est lente et fastidieuse, des rayons de soleil éclairent le feuillage de loin en loin, rares sont les rires et les sourires, rares sont les amis rencontrés véritables, à foison s’impriment les déceptions, les erreurs et les fausses routes se multiplient, puis un jour se dessine la bonne direction, la vraie, la sienne, du moins on le croit, parce qu’on a cherché au fond de soi les ressources nécessaires à la tracer. Chacun cherche sa voie, chacun cherche sa branche, l’arbre est peuplé d’âmes, et toutes vont dans le même sens : leur quête. Puis un jour, on se retourne pour constater le chemin parcouru, on se dit qu’à tel endroit on aurait pu changer de route, on aurait pu choisir un chemin plus facile, mais ... Il est trop tard. Aujourd’hui malgré tous les conseils qui me sont prodigués tout au long de ma route, malgré les avertissements, les embûches, les écueils, les nuits noires, les tempêtes, malgré tous les efforts, la seule chose que je sais vraiment c’est que je ne ferai jamais demi-tour, j’ai choisi ma destination et tracé le chemin pour y tendre. Cette branche qui s’offre à moi, ce chemin qui s’ouvre je le suivrai jusqu’au bout parce que je l’ai choisi.

 

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