Le 6 août
1945, un flash inédit déchirait le ciel d’une ville moyenne du Japon au nom
parfaitement inconnu dans le monde : Hiroshima. 140 000 hommes,
femmes, enfants succombèrent. Trois jours plus tard, à Nagasaki, 80 000
personnes périrent.
Par sa décision
de larguer les deux
premières bombes nucléaires de l’Histoire, le président des États-Unis, Harry Truman, préparait plutôt la prochaine
guerre – elle sera froide – qu’elle ne hâtait la fin du second conflit mondial.
Il prenait ainsi la responsabilité d’inaugurer l’ère nucléaire.
La mise au
point de l’arme fatale par d’autres pays (URSS puis Grande-Bretagne, France et
Chine) a ouvert le cycle de la
prolifération et donné
naissance à un mythe justificateur : le monde serait en paix grâce à
l’équilibre de la terreur via la dissuasion nucléaire.
Consulter la
liste des guerres depuis 1945 suffit à en saper le fondement. Mais allons plus
loin. La possession de LA bombe ne constitue-t-elle pas un
pousse-au-crime ? Vladimir Poutine aurait-il envahi l’Ukraine s’il ne
disposait pas d’un avantage concurrentiel sur son pays voisin : la capacité nucléaire de le détruire ?
Ce
quatre-vingtième anniversaire ne peut donc pas être un « anniversaire de
plus ». Au Japon, même, les élites conservatrices évoquent, dans un
vertigineux retournement, la nécessité du « parapluie nucléaire
américain ».
Les joutes
verbales entre Washington et Moscou se jouent, depuis quelques jours, en remake
de Docteur Folamour, ce film visionnaire de Stanley Kubrick où la folie
des hommes de pouvoir plonge l’humanité dans le chaos final.
Les détenteurs
de l’arme ont tendance à se comporter en club exclusif et à considérer le
traité de non-prolifération nucléaire (TNP), signé en 1968, comme le règlement
intérieur de leur hégémonie. Or, le troisième pilier de ce traité, désormais
adopté par 191 pays, stipule que les parties prenantes s’engagent sur la voie
du désarmement, seul chemin certain vers la réalisation de « Plus jamais
d’Hiroshima ».
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