mardi 5 août 2025

« Le spectre d’Hiroshima », l’éditorial de Christophe Deroubaix.



Le 6 août 1945, un flash inédit déchirait le ciel d’une ville moyenne du Japon au nom parfaitement inconnu dans le monde : Hiroshima. 140 000 hommes, femmes, enfants succombèrent. Trois jours plus tard, à Nagasaki, 80 000 personnes périrent.

Par sa décision de larguer les deux premières bombes nucléaires de l’Histoire, le président des États-Unis, Harry Truman, préparait plutôt la prochaine guerre – elle sera froide – qu’elle ne hâtait la fin du second conflit mondial. Il prenait ainsi la responsabilité d’inaugurer l’ère nucléaire.

La mise au point de l’arme fatale par d’autres pays (URSS puis Grande-Bretagne, France et Chine) a ouvert le cycle de la prolifération et donné naissance à un mythe justificateur : le monde serait en paix grâce à l’équilibre de la terreur via la dissuasion nucléaire.

Consulter la liste des guerres depuis 1945 suffit à en saper le fondement. Mais allons plus loin. La possession de LA bombe ne constitue-t-elle pas un pousse-au-crime ? Vladimir Poutine aurait-il envahi l’Ukraine s’il ne disposait pas d’un avantage concurrentiel sur son pays voisin : la capacité nucléaire de le détruire ?

Ce quatre-vingtième anniversaire ne peut donc pas être un « anniversaire de plus ». Au Japon, même, les élites conservatrices évoquent, dans un vertigineux retournement, la nécessité du « parapluie nucléaire américain ».

Les joutes verbales entre Washington et Moscou se jouent, depuis quelques jours, en remake de Docteur Folamour, ce film visionnaire de Stanley Kubrick où la folie des hommes de pouvoir plonge l’humanité dans le chaos final.

Les détenteurs de l’arme ont tendance à se comporter en club exclusif et à considérer le traité de non-prolifération nucléaire (TNP), signé en 1968, comme le règlement intérieur de leur hégémonie. Or, le troisième pilier de ce traité, désormais adopté par 191 pays, stipule que les parties prenantes s’engagent sur la voie du désarmement, seul chemin certain vers la réalisation de « Plus jamais d’Hiroshima ».

 

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