jeudi 7 août 2025

« Incendie dans l’Aude : alerte rouge », l’éditorial de Laurent Mouloud.



Il grignote la garrigue à une allure vertigineuse. En moins de vingt-quatre heures, l’incendie qui s’est déclenché, mardi en fin d’après-midi, dans le massif des Corbières (Aude), a ravagé plus de 15 000 hectares. Ce monstre de flammes, dont la vitesse de propagation a surpris tout le monde, se classe déjà parmi les plus gros feux survenus en France depuis une vingtaine d’années. Végétation inflammable, vent, relief, sol aride… Tous les ingrédients sont réunis pour donner du carburant à ce brasier infernal dont l’ampleur doit alerter – s’il en était encore besoin – sur le terrible engrenage du réchauffement climatique et sur l’indispensable investissement public pour y faire face.

Cet incendie est un cas d’espèce. Confrontée à la sécheresse depuis quatre ans, l’Aude paye au prix fort le manque de pluies. Les vignes, coupe-feu naturel, se meurent sur ces terres viticoles. Acculés, de nombreux vignerons ont dû se résoudre à des campagnes d’arrachage, laissant place à de la pinède et autres résineux hautement combustibles. Les politiques de gestion de l’eau et d’aménagement des zones naturelles manquent cruellement. Tout comme le soutien aux agriculteurs en difficulté. Même imprévoyance concernant les services de secours. Malgré plusieurs rapports accablants sur la flotte vieillissante de bombardiers d’eau, les gouvernements macronistes ont préféré repousser la commande de nouveaux Canadair – qui manquent tant aujourd’hui – au nom d’un « cadre budgétaire contraint »

La lutte contre le réchauffement climatique et ses conséquences en cascade ne peuvent se contenter de la compassion de ministres venus constater les dégâts. Elle nécessite de rompre avec l’austérité et le court-termisme des libéraux au pouvoir. Chaque euro non investi dans l’anticipation, dans la transition écologique, peut se traduire en hectare dévasté, en village sinistré, parfois en mort. Ce n’est qu’au prix de ce courage politique qu’on pourra faire reculer le rideau de flammes qui brûle les Corbières.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

« Guerre à Gaza : Benjamin Netanyahou impose son projet d’occupation totale de l’enclave palestinienne malgré les appels à un cessez-le-feu » (Pierre Barbancey)

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou entend aller jusqu’au bout de son entreprise pour en finir avec le droit à l’autodétermi...