Il grignote la
garrigue à une allure vertigineuse. En moins de vingt-quatre heures, l’incendie qui s’est déclenché, mardi
en fin d’après-midi, dans le massif des Corbières (Aude), a ravagé plus de
15 000 hectares. Ce monstre de flammes, dont la vitesse de
propagation a surpris tout le monde, se classe déjà parmi les plus gros feux survenus
en France depuis une vingtaine d’années. Végétation inflammable, vent, relief,
sol aride… Tous les ingrédients sont réunis pour donner du carburant à ce
brasier infernal dont l’ampleur doit alerter – s’il en était encore besoin –
sur le terrible engrenage du réchauffement climatique et sur l’indispensable
investissement public pour y faire face.
Cet incendie
est un cas d’espèce. Confrontée à la sécheresse depuis quatre ans, l’Aude paye
au prix fort le manque de pluies. Les vignes, coupe-feu naturel, se meurent sur
ces terres viticoles. Acculés, de nombreux vignerons ont dû se résoudre à des
campagnes d’arrachage, laissant place à de la pinède et autres résineux
hautement combustibles. Les politiques de gestion de l’eau et d’aménagement des
zones naturelles manquent cruellement. Tout comme le soutien aux agriculteurs
en difficulté. Même imprévoyance concernant les services de secours. Malgré
plusieurs rapports accablants sur la flotte vieillissante de bombardiers d’eau,
les gouvernements macronistes ont préféré repousser la commande de nouveaux
Canadair – qui manquent tant aujourd’hui – au nom d’un « cadre
budgétaire contraint »…
La lutte contre le réchauffement
climatique et ses conséquences en cascade ne peuvent se contenter de
la compassion de ministres venus constater les dégâts. Elle nécessite de rompre
avec l’austérité et le court-termisme des libéraux au pouvoir. Chaque euro non
investi dans l’anticipation, dans la transition écologique, peut se traduire en
hectare dévasté, en village sinistré, parfois en mort. Ce n’est qu’au prix de
ce courage politique qu’on pourra faire reculer le rideau de flammes qui brûle
les Corbières.
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