Le premier
ministre israélien Benjamin Netanyahou entend aller jusqu’au bout de son
entreprise pour en finir avec le droit à l’autodétermination du peuple
palestinien. Face à lui, le chef d’état-major de l’armée est de peu de poids.
L’armée israélienne
d’occupation, bras armé du génocide en cours dans la bande de Gaza, police de
la colonisation dans l’ensemble des territoires palestiniens – Cisjordanie et
Jérusalem-Est comprises –, se présente maintenant comme le rempart seul à même
de limiter les plans de Benyamin Netanyahou.
Faut-il que ce dernier soit allé loin en détruisant l’image d’Israël par ses plans génocidaires !
Jeudi
7 août, au soir, lors de la réunion du cabinet de sécurité convoqué par le
premier ministre israélien, le chef d’état-major, le général Eyal Zamir, a
redit son opposition à l’occupation totale de Gaza. 75 % de l’enclave
palestinienne – ou ce qu’il en reste – se trouvent pourtant déjà sous contrôle
de l’armée de Tel-Aviv.
Selon les
médias israéliens, le plus haut gradé a averti que « l’occupation de la bande de Gaza
entraînerait Israël dans un trou noir – prenant la responsabilité (du sort) de 2 millions
de Palestiniens, nécessitant une opération de nettoyage de plusieurs années,
exposant les soldats à la guérilla et, plus dangereux encore, mettant en danger
les otages ».
Les limites du
propos sont évidentes. Il ne s’agit pas, à ses yeux, d’en finir avec le
génocide et de mettre un terme aux souffrances des populations civiles
palestiniennes, d’empêcher l’expulsion de tout un peuple. Ce qui inquiète le
général, ce sont les vies de ses soldats et des otages, israéliens.
Son attitude
est également toute militaire. Il n’entend pas déborder sur le domaine
politique. Or, en Israël, depuis sa création et même durant la Palestine
mandataire, l’action des dirigeants politiques et des militaires est toujours
allée de pair. De façon quasi naturelle. Nombre de premiers ministres ont été
des chefs d’état-major.
Est-ce que ce
sera le cas du général Eyal Zamir ? Il s’est opposé sans succès à Benyamin
Netanyahou qui entend prendre possession de toute la bande de Gaza – tout en
précisant : « Je n’annexerai pas Gaza » – comme il l’a
fait jeudi, devant des journalistes. Le premier ministre israélien a annoncé
qu’il entendait transférer le contrôle du territoire à un gouvernement de
transition dès que le Hamas serait défait.Son plan se déroulerait par étapes et
pourrait durer au moins cinq mois. Officiellement, il viserait à détruire ce
qui reste du Hamas et à faire pression sur lui pour qu’il libère les 50 otages
qu’il détient encore. « Il commencerait par la prise de la ville de Gaza et des
camps du centre de la bande, repoussant près de la moitié de la population de
l’enclave vers le sud, en direction de la zone humanitaire d’al Mawasi »,
selon le Times of Israel.
Channel 12, qui
soutient toutes les opérations militaires, affirme que, lors de la première
phase, un ordre d’évacuation pour la totalité des habitants de la ville de Gaza
serait lancé. Le nord du territoire étant déjà quasiment dépeuplé, il s’agirait
tout bonnement d’une opération bulldozer, poussant la population toujours plus
au sud.
Mais, conscient
d’une possible réaction internationale, les autorités israéliennes vont
annoncer la mise sur pied de camps et d’hôpitaux. Benyamin Netanyahou sait
qu’il peut compter sur le soutien total de Donald Trump et sur la
pusillanimité des gouvernements occidentaux.
Pour preuve, ce
bateau qui a fait halte dans le port français de Fos-sur-Mer
(Bouches-du-Rhône). Selon plusieurs associations, il transporterait du matériel
militaire à destination d’Haïfa. L’ambassadeur des États-Unis en
Israël, Mike Huckabee, pasteur évangélique et farouche défenseur des plans de
Netanyahou, parlait récemment sur Bloomberg News d’une possibilité d’ouvrir
de nouveaux sites toujours gérés par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) de
sinistre réputation. Le diplomate regrette seulement les « incertitudes
concernant certaines zones du nord, qui pourraient dépendre de la capacité de
l’armée israélienne à les nettoyer et à les sécuriser ».
Le premier
ministre israélien a besoin d’un plan d’occupation totale et non pas seulement
d’un encerclement de la bande de Gaza, comme le suggère l’état-major.
Dans un premier
temps, le but est de rassembler tous les Palestiniens dans un vaste camp, au
sud, comme l’a déjà annoncé le ministre de la Défense, Israël Katz, puis de
tenter de les chasser une fois pour toutes.
Benyamin
Netanyahou ferait ainsi d’une pierre deux coups. Il éteindrait définitivement
le droit du peuple palestinien à l’autodétermination (en Cisjordanie où se
pratique un nettoyage ethnique, l’annexion est à l’ordre du jour), établirait
le grand Israël et, en poursuivant cette guerre, continuerait à se mettre à
l’abri de toute condamnation pénale.
De surcroît, il
bétonne son alliance électorale avec l’extrême droite de Bezalel Smotrich et
Itamar Ben Gvir, alors que des élections doivent se dérouler l’année
prochaine. Évidemment, pour le grand public, il continue d’affirmer, comme il
l’a encore fait ce 7 août, que les principaux objectifs de la guerre
restent « la destruction complète du Hamas et le retour de tous les
otages israéliens ».
La colère des familles d’otages explose
Jeudi
7 août, une manifestation s’est déroulée près du bâtiment où se tenait la
réunion du cabinet de sécurité. Auparavant, Einav Zangauker, dont le fils Matan
est détenu à Gaza, déclarait dans un message vidéo aux médias : « Ces
dernières semaines, j’ai laissé une chance à un accord. Netanyahou a exploité
ma douleur, celle des familles, celle du peuple, et a saboté un accord. Il m’a
menti. Il nous a tous menti. Netanyahou n’a aucune intention de ramener nos
enfants à la maison. Plus jamais ! »
Le Forum des
familles des otages avait également publié une déclaration appelant le chef
d’état-major de l’armée, Eyal Zamir, et les commandants à tous les niveaux à
s’opposer à toute action mettant en danger la vie des otages.
On comprend
mieux les tergiversations autour des négociations ces dernières semaines, tout
comme la violation du cessez-le-feu dès le 18 mars. Le Hamas a déjà expliqué
qu’il était prêt à libérer tous les Israéliens détenus et à ne pas participer à
un quelconque gouvernement palestinien en échange de l’arrêt de la guerre et du
retrait des troupes israéliennes.
Face au danger,
même le président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, a tenu à se démarquer du
projet israélien, dénonçant un génocide et dégageant toute responsabilité de
son pays dans la famine en cours. Après 60 000 victimes, l’heure n’est
pourtant plus aux mots mais à l’action pour bloquer Netanyahou une fois pour toutes.
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