jeudi 7 août 2025

« Guerre à Gaza : Benjamin Netanyahou impose son projet d’occupation totale de l’enclave palestinienne malgré les appels à un cessez-le-feu » (Pierre Barbancey)



Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou entend aller jusqu’au bout de son entreprise pour en finir avec le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Face à lui, le chef d’état-major de l’armée est de peu de poids.

L’armée israélienne d’occupation, bras armé du génocide en cours dans la bande de Gaza, police de la colonisation dans l’ensemble des territoires palestiniens – Cisjordanie et Jérusalem-Est comprises –, se présente maintenant comme le rempart seul à même de limiter les plans de Benyamin Netanyahou. Faut-il que ce dernier soit allé loin en détruisant l’image d’Israël par ses plans génocidaires !

Jeudi 7 août, au soir, lors de la réunion du cabinet de sécurité convoqué par le premier ministre israélien, le chef d’état-major, le général Eyal Zamir, a redit son opposition à l’occupation totale de Gaza. 75 % de l’enclave palestinienne – ou ce qu’il en reste – se trouvent pourtant déjà sous contrôle de l’armée de Tel-Aviv.

Selon les médias israéliens, le plus haut gradé a averti que « l’occupation de la bande de Gaza entraînerait Israël dans un trou noir – prenant la responsabilité (du sort) de 2 millions de Palestiniens, nécessitant une opération de nettoyage de plusieurs années, exposant les soldats à la guérilla et, plus dangereux encore, mettant en danger les otages ».

Les limites du propos sont évidentes. Il ne s’agit pas, à ses yeux, d’en finir avec le génocide et de mettre un terme aux souffrances des populations civiles palestiniennes, d’empêcher l’expulsion de tout un peuple. Ce qui inquiète le général, ce sont les vies de ses soldats et des otages, israéliens.

Son attitude est également toute militaire. Il n’entend pas déborder sur le domaine politique. Or, en Israël, depuis sa création et même durant la Palestine mandataire, l’action des dirigeants politiques et des militaires est toujours allée de pair. De façon quasi naturelle. Nombre de premiers ministres ont été des chefs d’état-major.

Est-ce que ce sera le cas du général Eyal Zamir ? Il s’est opposé sans succès à Benyamin Netanyahou qui entend prendre possession de toute la bande de Gaza – tout en précisant : « Je n’annexerai pas Gaza » – comme il l’a fait jeudi, devant des journalistes. Le premier ministre israélien a annoncé qu’il entendait transférer le contrôle du territoire à un gouvernement de transition dès que le Hamas serait défait.Son plan se déroulerait par étapes et pourrait durer au moins cinq mois. Officiellement, il viserait à détruire ce qui reste du Hamas et à faire pression sur lui pour qu’il libère les 50 otages qu’il détient encore. « Il commencerait par la prise de la ville de Gaza et des camps du centre de la bande, repoussant près de la moitié de la population de l’enclave vers le sud, en direction de la zone humanitaire d’al Mawasi », selon le Times of Israel.

Channel 12, qui soutient toutes les opérations militaires, affirme que, lors de la première phase, un ordre d’évacuation pour la totalité des habitants de la ville de Gaza serait lancé. Le nord du territoire étant déjà quasiment dépeuplé, il s’agirait tout bonnement d’une opération bulldozer, poussant la population toujours plus au sud.

Mais, conscient d’une possible réaction internationale, les autorités israéliennes vont annoncer la mise sur pied de camps et d’hôpitaux. Benyamin Netanyahou sait qu’il peut compter sur le soutien total de Donald Trump et sur la pusillanimité des gouvernements occidentaux.

Pour preuve, ce bateau qui a fait halte dans le port français de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Selon plusieurs associations, il transporterait du matériel militaire à destination d’Haïfa. L’ambassadeur des États-Unis en Israël, Mike Huckabee, pasteur évangélique et farouche défenseur des plans de Netanyahou, parlait récemment sur Bloomberg News d’une possibilité d’ouvrir de nouveaux sites toujours gérés par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) de sinistre réputation. Le diplomate regrette seulement les « incertitudes concernant certaines zones du nord, qui pourraient dépendre de la capacité de l’armée israélienne à les nettoyer et à les sécuriser ».

Le premier ministre israélien a besoin d’un plan d’occupation totale et non pas seulement d’un encerclement de la bande de Gaza, comme le suggère l’état-major.

Dans un premier temps, le but est de rassembler tous les Palestiniens dans un vaste camp, au sud, comme l’a déjà annoncé le ministre de la Défense, Israël Katz, puis de tenter de les chasser une fois pour toutes.

Benyamin Netanyahou ferait ainsi d’une pierre deux coups. Il éteindrait définitivement le droit du peuple palestinien à l’autodétermination (en Cisjordanie où se pratique un nettoyage ethnique, l’annexion est à l’ordre du jour), établirait le grand Israël et, en poursuivant cette guerre, continuerait à se mettre à l’abri de toute condamnation pénale.

De surcroît, il bétonne son alliance électorale avec l’extrême droite de Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, alors que des élections doivent se dérouler l’année prochaine. Évidemment, pour le grand public, il continue d’affirmer, comme il l’a encore fait ce 7 août, que les principaux objectifs de la guerre restent « la destruction complète du Hamas et le retour de tous les otages israéliens ».

La colère des familles d’otages explose

Jeudi 7 août, une manifestation s’est déroulée près du bâtiment où se tenait la réunion du cabinet de sécurité. Auparavant, Einav Zangauker, dont le fils Matan est détenu à Gaza, déclarait dans un message vidéo aux médias : « Ces dernières semaines, j’ai laissé une chance à un accord. Netanyahou a exploité ma douleur, celle des familles, celle du peuple, et a saboté un accord. Il m’a menti. Il nous a tous menti. Netanyahou n’a aucune intention de ramener nos enfants à la maison. Plus jamais ! »

Le Forum des familles des otages avait également publié une déclaration appelant le chef d’état-major de l’armée, Eyal Zamir, et les commandants à tous les niveaux à s’opposer à toute action mettant en danger la vie des otages.

On comprend mieux les tergiversations autour des négociations ces dernières semaines, tout comme la violation du cessez-le-feu dès le 18 mars. Le Hamas a déjà expliqué qu’il était prêt à libérer tous les Israéliens détenus et à ne pas participer à un quelconque gouvernement palestinien en échange de l’arrêt de la guerre et du retrait des troupes israéliennes.

Face au danger, même le président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, a tenu à se démarquer du projet israélien, dénonçant un génocide et dégageant toute responsabilité de son pays dans la famine en cours. Après 60 000 victimes, l’heure n’est pourtant plus aux mots mais à l’action pour bloquer Netanyahou une fois pour toutes.

 

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