mardi 23 juillet 2024

« Une tâche redoutable », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



Prévue bien avant la démission de Joe Biden, l’arrivée, ce mardi, aux États-Unis du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, pour une visite de trois jours n’apparaît pas très opportune. Au moment où la campagne présidentielle prend un nouveau tour avec la candidature probable de la vice-présidente Kamala Harris, la guerre menée par Israël à Gaza cristallisait, autant que l’âge du capitaine, l’une des contradictions majeures du camp démocrate. On ne sait quelle sera l’attitude de Joe Biden en recevant son invité. Les États-Unis ont soutenu et financé depuis 1967 l’État d’Israël, considéré comme leur allié indéfectible au Proche et au Moyen-Orient. Joe Biden n’y a pas failli et depuis le terrible massacre du 7 octobre, les livraisons d’armes américaines n’ont pas cessé.

Mais la donne a changé. Les manifestations de soutien à la Palestine sur les campus ont été l’expression la plus visible d’une fracture chez les démocrates, avec une amorce de sécession dans la jeunesse et une baisse sensible du président Biden dans les sondages. La question demeure après sa démission. Comment Kamala Harris, qui a semblé à quelques reprises sensible à la question de Gaza, va-t-elle gérer ce qui est devenu un problème dans son électorat potentiel ? Il n’est pas exagéré de dire que ce sera l’une des clés du scrutin pour les démocrates.

Côté Trump, pas d’embarras. Benyamin Netanyahou s’est dit assuré qu’avec lui, le soutien américain continuerait. Sans doute. Et l’électorat républicain, gonflé à bloc depuis que Dieu a sauvé son héros, n’a strictement rien à faire du sort de Gaza. Celui de l’Ukraine ne l’intéresse pas plus : le colistier du miraculé entend ménager la Russie, dans une sorte de partenariat implicite dont le moins qu’on puisse dire est qu’il ne ferait pas les affaires de L’Europe. La politique étrangère ne sera que l’une des faces de la nouvelle campagne à venir mais la candidate démocrate, si elle est bien investie par la Convention, aura-t-elle la volonté, que ce soit au plan intérieur ou extérieur, d’affronter une tâche redoutable ? Faire valoir une politique de justice et de raison face à la démagogie et aux outrances réactionnaires ?

 

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