mercredi 29 mai 2024

« Le climat sacrifié » l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



Force est de le constater, les enjeux climatiques et environnementaux sont quasiment absents du débat politique français pour ces élections européennes. Et, lorsqu’ils sont abordés, c’est le plus souvent pour affubler le mot écologie d’adjectifs qualificatifs. Pour la droite, l’extrême droite et la Macronie, l’écologie n’est « raisonnable » qu’à condition de ne pas nuire au marché et au libre-échange. Parler de normes et de règles et la voilà qui devient « punitive » voire « totalitaire ». Comme si l’urgence climatique n’était plus d’actualité.

Pourtant une chose est scientifiquement prouvée : il faut accélérer la lutte contre le réchauffement climatique. Incendies, sécheresses, inondations, au-delà de ces catastrophes les impacts du dérèglement dans la vie quotidienne, de l’invasion du moustique-tigre à l’accélération de l’érosion côtière, prouvent qu’il faut arrêter de parler au futur des effets du réchauffement.

On ne peut mener la lutte contre le dérèglement climatique sans poser la question de ce qu’il faut changer dans les pratiques industrielles, agricoles, commerciales, énergétiques, sociales. Il faut débattre politiquement sur les implications et les conséquences de ces changements. Et se confronter sur la manière d’y faire face collectivement, que ce soit à l’échelle nationale ou à l’échelle européenne.

Quid du fameux pacte vert européen quand les listes qui ont le vent en poupe en France et en Europe sont celles qui portent le moins les questions environnementales et qui les découplent des enjeux sociaux ? Les listes qui ne voient aucun inconvénient à ce que les compagnies du CAC 40 versent, comme en 2022, près de quatre fois plus de dividendes à leurs actionnaires que ce qu’elles ont investi dans la transition écologique.

Ignorer ou minorer les arguments scientifiques en faveur d’intérêts clientélistes ou de lobbies industriels est criminel et empêche l’élaboration de toutes solutions à court et long terme. Or des solutions se travaillent et méritent un vrai débat politique, comme le démontrent les états généraux de l’industrie et de l’environnement organisés hier par la CGT. Si certains médias n’en parlent pas c’est peut-être parce qu’ils n’aiment pas ce que pointe Sophie Binet : « le capital est responsable de la crise environnementale. Il doit payer. C’est ça la définition d’une transition juste ».

 

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