vendredi 16 février 2024

« Décideurs de guerres », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



C’est une grand-messe sexagénaire qui commence aujourd’hui en Bavière : la conférence de Munich sur la sécurité (MSC). C’est en Allemagne que se retrouvent « des décideurs et des leaders d’opinion du monde entier pour des discussions sur les préoccupations de sécurité internationale les plus urgentes en février 2024 », peut-on lire sur le site de l’événement. Du changement climatique aux menaces terroristes en passant par la guerre en Ukraine, rien n’échappe à la sagacité « des décideurs et des leaders d’opinion ».

Et ils sont bien obligés de reconnaître que l’idée, vendue pendant des décennies, selon laquelle libéralisme économique et libéralisme politique, capitalisme et démocratie seraient indissociablement liés, n’était qu’une jolie fable. Le capitalisme adore les autocraties. La preuve « le nombre de démocraties libérales est passé de 44 en 2009 à 32 en 2022, et près des trois quarts (72 %) de la population mondiale vivent dans des autocraties, contre moins de la moitié il y a dix ans », explique benoîtement la MSC.

Mais la sagacité des décideurs ne va pas jusqu’à mettre en cause ce modèle, qui, loin d’avoir installé la paix, a au contraire promu la guerre comme mode de résolution principal des conflits. À Munich, le scénario qui tient la corde est celui d’une Union européenne qui risque de se retrouver en position de faiblesse dans un inéluctable conflit direct avec la Russie. L’Europe n’aurait donc point d’autre choix que le surarmement.

Trump ne dit pas autre chose lorsqu’il pointe du doigt les « mauvais payeurs » de l’Otan dont ne fait pas partie la France. Paris a en effet décidé de doubler son budget militaire d’ici à 2030 par rapport à 2019, soit 69 milliards en 2030 et 413 milliards d’euros pour la période 2024-2030. Des sommes faramineuses au moment où les peuples se serrent la ceinture. Car, qui peut croire que la suraccumulation d’armes est la garantie de la paix ?

Accepter que l’Europe redevienne une poudrière, pour le plus grand bonheur des marchands d’armes, fait peser un terrible danger sur les populations. Celui d’une prophétie autoréalisatrice d’un futur conflit entre l’Alliance atlantique et la Russie.

 

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