C’est une grand-messe sexagénaire qui commence aujourd’hui en
Bavière : la conférence de Munich sur la
sécurité (MSC).
C’est en Allemagne que se retrouvent « des décideurs et des leaders
d’opinion du monde entier pour des discussions sur les préoccupations de
sécurité internationale les plus urgentes en février 2024 », peut-on
lire sur le site de l’événement. Du changement climatique aux menaces
terroristes en passant par la guerre en Ukraine, rien n’échappe à la sagacité « des
décideurs et des leaders d’opinion ».
Et ils sont bien obligés de reconnaître que l’idée, vendue pendant des
décennies, selon laquelle libéralisme économique et libéralisme politique,
capitalisme et démocratie seraient indissociablement liés, n’était qu’une jolie
fable. Le capitalisme adore les autocraties. La preuve « le nombre de
démocraties libérales est passé de 44 en 2009 à 32 en 2022, et près des trois
quarts (72 %) de la population mondiale vivent dans des autocraties,
contre moins de la moitié il y a dix ans », explique benoîtement la
MSC.
Mais la sagacité des décideurs ne va pas jusqu’à mettre en cause ce modèle,
qui, loin d’avoir installé la paix, a au contraire promu la guerre comme mode de
résolution principal des conflits. À Munich, le scénario qui tient la corde est
celui d’une Union européenne qui risque de se retrouver en position de
faiblesse dans un inéluctable conflit direct avec la Russie. L’Europe n’aurait
donc point d’autre choix que le surarmement.
Trump ne dit pas autre chose lorsqu’il pointe du doigt les « mauvais
payeurs » de l’Otan dont ne fait pas partie la France. Paris a en effet
décidé de doubler son budget militaire d’ici à 2030 par rapport à 2019, soit
69 milliards en 2030 et 413 milliards d’euros pour la période
2024-2030. Des sommes faramineuses au moment où les peuples se serrent la
ceinture. Car, qui peut croire que la suraccumulation d’armes est la garantie
de la paix ?
Accepter que l’Europe redevienne une poudrière, pour le plus grand bonheur
des marchands d’armes, fait peser un terrible danger sur les populations. Celui
d’une prophétie autoréalisatrice d’un futur conflit entre l’Alliance atlantique
et la Russie.
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