jeudi 4 janvier 2024

« Naufragés climatiques », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité.



Le cauchemar des inondations se répète dans le Pas-de-Calais. Sous les pluies diluviennes, près de 200 habitants d’une cinquantaine de communes ont été contraints mercredi d’évacuer à nouveau leur maison, deux mois tout juste après les crues déjà historiques qui avaient frappé le département. Le village d’Arques, lui, se retrouve coupé du monde pour la troisième fois depuis novembre. Plus d’électricité, plus d’eau potable. Quant aux sinistrés, menacés de tout perdre jusqu’à leurs logements rongés par les eaux boueuses, ils n’en peuvent plus de cette succession de drames. Beaucoup envisagent ouvertement de quitter la région face à des phénomènes d’« exception » qui deviennent la règle.

Cette détresse doit interpeller tout un chacun. Les conséquences du changement climatique ne sont pas une vue de l’esprit, mais une réalité bien concrète en France. L’intensification des pluies, comme de la sécheresse des sols, va se poursuivre. Et, à l’évidence, les premiers réfugiés climatiques ne viendront pas de contrées du Pacifique ou de l’Asie. Mais bien des départements côtiers de l’Hexagone et des plaines alluviales, devenus inhabitables par la menace permanente de submersion. N’en doutons pas : l’enjeu économique et social – en termes de bâti, d’agriculture ou encore de transport – va être colossal pour des régions entières. Et face à cette urgence, les politiques d’adaptation devraient être une préoccupation majeure. Elles restent malheureusement, jusqu’ici, d’une légèreté coupable.

Symbole de cette désinvolture ? Le ministère de l’Économie a décidé, dans le cadre du budget 2024, de baisser le montant du fonds dédié aux plans de prévention des… risques d’inondations (PPRI). Incompréhensible, alors même que les PPRI ont permis une réduction des dommages de 20 % sur la période 1995-2018 pour les communes concernées. Mi-janvier, le gouvernement présentera un nouveau plan national d’adaptation au changement climatique. Espérons qu’il saisira cette occasion pour sortir de son déni environnemental. Et, au-delà des mots, prendra réellement en main le sort des naufragés du climat.

 

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