vendredi 5 janvier 2024

« Guerre sans fin », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



Sommes-nous à un tournant de la guerre ? Depuis la fin du mois de décembre, l’armée russe tente une stratégie de saturation. Les nuits du 29 décembre et du 2 janvier se sont déroulées de manière similaire. Salves de drones pour fixer les défenses antiaériennes mobiles, puis bombardements massifs de missiles sol-sol, air-sol et même mer-sol. L’objectif de cette débauche de moyens est double. D’abord, obliger l’armée ukrainienne à utiliser un maximum de munitions. Ensuite, augmenter la pression sur les populations civiles ukrainiennes. L’enjeu pour les Russes est de profiter du flottement chez les Occidentaux et particulièrement chez les États-Uniens, dont les regards sont aussi tournés vers le Moyen-Orient, pour tenter d’épuiser l’Ukraine tant sur le plan moral que militaire.

De leur côté, les militaires ukrainiens doivent équilibrer leur communication. À la fois noircir le tableau pour accélérer les livraisons de munitions, mais sans aller trop loin, sous peine de démoraliser la population. D’autant qu’après deux années de guerre, avec un front qui se stabilise, la lassitude commence à grandir au sein des populations russe et ukrainienne. Les morts se comptent par dizaines de milliers. Des milliers de soldats ukrainiens n’ont pas été relevés depuis vingt-deux mois. L’annonce par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le 19 décembre, de la probable mobilisation de près de 500 000 nouvelles recrues n’a pas suscité un élan patriotique.

Pourtant, rien ne semble devoir bouger. Le 31 décembre, Volodymyr Zelensky a promis de « ravager » les forces russes en Ukraine. Poutine, lui, a assuré lors de ses vœux que son pays ne reculera « jamais ». Le premier veut tenir jusqu’à l’arrivée des avions F-16 promis par ses alliés. Quant au second, il prépare sa réélection à la présidentielle de mars et mise sur la lassitude des mêmes Occidentaux. Militairement, la situation ressemble à une impasse stratégique durable. Paradoxalement, cela éloigne la possibilité d’une solution négociée. Personne ne semblant en situation de prendre un avantage décisif, les buts stratégiques et la rhétorique de guerre se figent. Une crispation qui fait craindre que 2024 ne se passe encore sous le signe de la guerre.

 

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