Sommes-nous à un tournant de la guerre ? Depuis la fin du mois de
décembre, l’armée russe tente une stratégie de saturation. Les nuits du
29 décembre et du 2 janvier se sont déroulées de manière similaire.
Salves de drones pour fixer les défenses antiaériennes mobiles, puis
bombardements massifs de missiles sol-sol, air-sol et même mer-sol. L’objectif
de cette débauche de moyens est double. D’abord, obliger l’armée ukrainienne à
utiliser un maximum de munitions. Ensuite, augmenter la pression sur les populations
civiles ukrainiennes. L’enjeu pour les Russes est de profiter du
flottement chez les Occidentaux et particulièrement chez les États-Uniens, dont
les regards sont aussi tournés vers le Moyen-Orient, pour tenter d’épuiser
l’Ukraine tant sur le plan moral que militaire.
De leur côté, les militaires ukrainiens doivent équilibrer leur communication.
À la fois noircir le tableau pour accélérer les livraisons de munitions, mais
sans aller trop loin, sous peine de démoraliser la population. D’autant
qu’après deux années de guerre, avec un front qui se stabilise, la lassitude
commence à grandir au sein des populations russe et ukrainienne. Les morts se
comptent par dizaines de milliers. Des milliers de soldats ukrainiens n’ont pas
été relevés depuis vingt-deux mois. L’annonce par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le 19 décembre,
de la probable mobilisation de près de 500 000 nouvelles
recrues n’a pas suscité un élan patriotique.
Pourtant, rien ne semble devoir bouger. Le 31 décembre, Volodymyr
Zelensky a promis de « ravager » les forces
russes en Ukraine. Poutine, lui, a assuré lors de ses vœux que son pays ne
reculera « jamais ». Le premier veut tenir jusqu’à
l’arrivée des avions F-16 promis par ses alliés. Quant au second,
il prépare sa réélection à la présidentielle de mars et mise sur la lassitude
des mêmes Occidentaux. Militairement, la situation ressemble à une impasse
stratégique durable. Paradoxalement, cela éloigne la possibilité d’une solution
négociée. Personne ne semblant en situation de prendre un avantage décisif, les
buts stratégiques et la rhétorique de guerre se figent. Une crispation qui fait
craindre que 2024 ne se passe encore sous le signe de la guerre.
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