À Gaza, 2024 aura vécu ses premières heures comme 2023 ses dernières :
sous un déluge de feu. Les frappes israéliennes, dont l’intensification
n’épargne désormais aucun secteur de l’enclave palestinienne, alourdissent
chaque jour le bilan terrible des morts et des blessés. Depuis le
7 octobre, la riposte de l’armée israélienne aux actes terroristes commis
par le Hamas est un carnage. En quelques semaines à peine, 22 185 Gazaouis
ont été tués – dont plus de 200 ces dernières vingt-quatre heures. Les hôpitaux,
exsangues et systématiquement pris pour cibles, ne parviennent pas à prendre en
charge le flot continu des quelque 70 000 blessés. L’Unicef estime que
70 % des victimes sont des femmes et des enfants. L’ONU chiffre à
570 000 le nombre des civils confrontés « à une faim
extrême ».
Bien seul dans son enfer, le peuple de Gaza est doublement victime. De la
violence aveugle que lui inflige Benyamin Netanyahou, d’abord. De l’apathie,
aussi, d’une communauté internationale incapable de mettre un terme à son
calvaire. Dans la dissonance coupable du concert des nations, Paris doit jouer
sa partition. Membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, la France a un
poids diplomatique qu’il n’est plus temps de minorer mais urgent de faire
valoir. En reconnaissant officiellement l’État de Palestine – à l’instar
de 139 pays et conformément à la résolution adoptée en 2014 par l’Assemblée
nationale –, la France ouvrirait une brèche dans ce bloc occidental paralysé
par son atlantisme. D’autres États européens pourraient s’y engouffrer.
Face à l’horreur perpétrée par Israël dans le huis clos d’une bande de Gaza
sous blocus total, la diplomatie des grands discours et des petites pressions
est illusoire. Ainsi, l’Afrique du Sud vient de déposer une requête contre
Israël devant la Cour internationale de justice. Objectif : utiliser
l’organe judiciaire des Nations unies pour faire respecter le droit
international. Pretoria l’a fait, Paris – et d’autres – devrait le faire aussi.
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