dimanche 2 juillet 2023

« Appel d’urgence », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité.



Si on savait écouter les maires, nul ne ­serait surpris de ce qui se passe actuellement. Voilà des élus, de proximité, qui ont souvent d’aussi nombreux problèmes à gérer que peu de gloire à retirer de leur fonction, sans compter un sentiment durable d’abandon et de surdité de l’État. Ces édiles connaissent pourtant les problèmes des citoyens au plus près de leur quotidien. Eux ne peuvent se contenter de chiffres et de tableaux qui font la joie des ministères passés sous les fourches Caudines de la technocratie néolibérale.

En première ligne, les élus des quartiers ­populaires et de la ruralité alertent depuis longtemps sur la situation explosive dans le pays, miné par la précarité et les discriminations. Encore ces dernières semaines, un certain nombre d’entre eux ont dit combien le Covid et l’inflation, venant s’ajouter à la casse des services publics, faisaient de leurs villes des poudrières. Car, avant que le baril n’explose, il s’est rempli depuis des décennies. Une fois de plus, les maires n’ont pas été entendus. Et c’est encore à eux qu’il incombe de venir, physiquement, tenter d’éviter les dégâts de violences que de nombreux jeunes, en s’attaquant aux services publics, retournent en réalité contre eux-mêmes. Ces équipements, les municipalités ont dû batailler pour les bâtir, les entretenir et les faire fonctionner pour construire pas à pas des bouts d’égalité républicaine. Car, bien davantage que dans la bouche des responsables politiques qui en parlent tant et la pratiquent si peu, c’est souvent dans les municipalités audacieuses que la République se construit au jour le jour.

Une nouvelle fois, l’Humanité donne la ­parole à ces «médiateurs et urgentistes d’une République essorée, fracturée, fracassée». Répondre à leurs appels par des actes en faveur du développement des services publics locaux, du tissu associatif, de l’emploi aurait été une vraie preuve de «lapaisement» décrété par le chef de l’État pour sortir du conflit sur les retraites. Faute d’actes, il a l’embrasement. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

 

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