Si on savait écouter les maires, nul ne serait
surpris de ce qui se passe actuellement. Voilà des élus, de proximité, qui ont
souvent d’aussi nombreux problèmes à gérer que peu de gloire à retirer de leur
fonction, sans compter un sentiment durable d’abandon et de surdité de l’État.
Ces édiles connaissent pourtant les problèmes des citoyens au plus près de leur
quotidien. Eux ne peuvent se contenter de chiffres et de tableaux qui font la joie
des ministères passés sous les fourches Caudines de la technocratie
néolibérale.
En première ligne, les élus des quartiers populaires
et de la ruralité alertent depuis longtemps sur la situation explosive dans le
pays, miné par la précarité et les discriminations. Encore ces dernières
semaines, un certain nombre d’entre eux ont dit combien le Covid et
l’inflation, venant s’ajouter à la casse des services publics, faisaient de
leurs villes des poudrières. Car, avant que le baril n’explose, il s’est rempli
depuis des décennies. Une fois de plus, les maires n’ont pas été entendus. Et
c’est encore à eux qu’il incombe de venir, physiquement, tenter d’éviter les
dégâts de violences que de nombreux jeunes, en s’attaquant aux services
publics, retournent en réalité contre eux-mêmes. Ces équipements, les
municipalités ont dû batailler pour les bâtir, les entretenir et les faire
fonctionner pour construire pas à pas des bouts d’égalité républicaine. Car,
bien davantage que dans la bouche des responsables politiques qui en parlent
tant et la pratiquent si peu, c’est souvent dans les municipalités audacieuses
que la République se construit au jour le jour.
Une nouvelle fois, l’Humanité donne la parole à ces « médiateurs et urgentistes d’une République essorée, fracturée, fracassée ». Répondre à leurs appels
par des actes en faveur du développement des services publics locaux, du tissu
associatif, de l’emploi aurait été une vraie preuve de « l’apaisement » décrété par le chef de l’État pour sortir du conflit sur les retraites.
Faute d’actes, il a l’embrasement. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.
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