Chaque
fin d‘année, l’INSEE publie les chiffres du recensement. Comme vous, sans
doute, j’en ai pris connaissance. En Seine-Saint-Denis, la palme de la
croissance revient à notre ville. Romainville affiche en six ans une croissance
démographique de 22,8%, soit 3,5% par an. Nous comptons aujourd’hui 31.469
habitants. Les prévisions s’affichent : 40.000 en 2030 ! Celles et
ceux d‘entre nous, qui avons l’habitude des promenades dans nos rues, n‘en
seront pas surpris. Partout, depuis une bonne quinzaine d’années, les grues ont
envahi le paysage dans les quartiers du centre-ville, des trois communes, des grands-champs, des
bas-pays… laissant la place à une multitude d’opérations immobilières. D’autres
projets vont encore sortir de terre. Je m’autorise à donner mon point de vue,
avec un regard attentif et toujours engagé. J’ai toujours été très critique sur
une politique d‘aménagement et d’urbanisme, sans aucune ligne directrice.
Les
élu-e-s de l’actuelle opposition ne manquent aucune occasion pour vanter, comme
un leitmotiv, les mérites du bilan de la majorité d’hier et à laquelle elles,
ils, appartenaient. Il n’y a pas lieu de s’en étonner, encore moins de s’en offusquer.
C’est la démocratie. L’opposition est dans son rôle. Mais comme toujours, il
serait un peu court de s’en tenir à « l’écume des choses ». Cette
majorité a-t-elle laissé notre ville en faillite ? Non ! Faut-il lui
reconnaître la réussite de la rénovation de la cité Marcel Cachin, faut-il se
féliciter de la création d’une belle médiathèque, de l’agrandissement du
conservatoire et d’autres réalisations ? Oui.
Mon
propos n’est pas de faire la leçon à qui que ce soit, cependant dans tout
bilan, il y a les lumières, mais aussi les ombres. Chacune, chacun doit les
assumer. Les biens immobiliers appartenant à la commune et cédés aux promoteurs
ont fait leur plus grand bonheur. Restaurant du personnel, atelier municipal,
gymnase Vallès, foyer Croizat, salle Jean Lurçat, Foyer Pierre Kérautret,
bibliothèque Romain Rolland, maison des associations, place de l’ancien marché,
locaux rue Louise Dory, le Mille-club, Bd de la Boissière, terrains rue de la
République et rue Jean Jaurès, et les décombres de la cité des Mares, aujourd’hui
sous nos yeux…J’en oublie certainement !
Les initiateurs de cette densification échevelée ont eux-mêmes, été dépassés par l’appétit des promoteurs immobiliers, dont ils ont été des facilitateurs bienveillants. Au début de l’année 2016, dans un document publié par la majorité municipale, nous lisions : « Nous l’avons toujours dit, nous en avons débattu en atelier urbain, nous sommes favorables à une évolution maîtrisée de la population à 30.000 habitants, à l’horizon 2030. Oui mais voilà, nous serons 40.000 à cette même date. Les nouveaux et futurs résidents, sont naturellement les bienvenus, encore faut-il qu’ils soient bien accueillis. Gouverner, c’est prévoir, c’est avoir une vision sur le futur. On ne dirige pas une ville le nez sur le guidon. C’est ici que le bât blesse.
Aujourd’hui, nous sommes « Gros-Jean comme devant ». 40.000 habitants, ce sont des classes supplémentaires à ouvrir. ! 40.000 habitants, ce sont des équipements sportifs et culturels à construire ! 40.000 habitants, ce sont des structures nouvelles pour l’accueil de la petite enfance ! 40.000 habitants, c’est peut-être un troisième collège ! Mais avec quel foncier et où ? L’un des arguments qu’on nous servait régulièrement, pour justifier cette grande braderie, c’est, que nombre de ces biens, étaient vétustes. Sauf que si nous les avions conservés, plutôt que de les vendre aux promoteurs, nous disposerions d’un foncier bien utile au moment où, dans sept ans, notre ville comptera 40.000 habitants.
Si j’ai décidé de reprendre la
plume, ce que je fais de plus en plus rarement, c’est parce que le sujet est
sérieux. On pourra tourner les choses dans tous les sens, notre ville devra
disposer de foncier, dans les années qui viennent, pour répondre à tous les
besoins d’une ville de 40.000 habitants. Mais à quel prix ? C’est pourquoi
j’ai cru utile, avec la sécheresse qui m’est parfois reprochée, de faire un peu
d’histoire afin de situer les responsabilités d’une gestion municipale sans vision
d’avenir.
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