jeudi 25 août 2022

À l’hiver de la vie !



Je ne me fais pas à la fin de l'été. Les charmes de l'arrière-saison, la splendeur de l'automne, la douceur des pulls et le retour des feux de cheminée, c'est inutile de m'en parler. Sans doute, parce qu’arrivé à l’hiver de ma vie. Chaque année, au printemps, je guette la première explosion des feuilles. Enfin du vert, du vivant! Les arbres sont faits pour avoir des feuilles. Je ne connais rien de plus sinistre que la chute des feuilles, en automne, qui annoncent ces longs mois d'arbres noirs, d'arbres morts en hiver. Ce qui me fait tenir, c'est cette certitude qu'à partir du 21 décembre, les jours rallongent. Quelques secondes, puis quelques minutes, oui, c'est bien sûr, on va vers l'été. J'aime mai et juin quand les feuilles sont encore tendres, fraîches, luisantes. J'aime ce qu'elles annoncent, les longues journées d'été, l'explosion des couleurs, le soleil qui joue dans l'herbe, qui fait rêver la terre. C'est à cause des grandes vacances, de l'enfance, le nez dans l'herbe, pour des semaines et des semaines d'éternité. Les arbres qui chantent au-dessus de la tête. Le temps qui prend son temps. On peut se laisser aller, on peut croire au bonheur. On peut serrer la terre dans ses bras. C'est l'été. Les grandes vacances. Je me disais, enfant, qu'on devrait interdire la fin de l'été. Je n'ai pas changé d'avis. Cette impatience est vaine. Bien sûr. Surtout, elle est cruelle : vouloir accélérer le temps, c'est comme brûler le temps qui reste. Et, il m’en reste peu. Pourtant, peu importe, J'ai hâte d'être demain, après-demain. Mais le temps, alors, aura passé. Ce temps que je ne regagnerai jamais. Il faudrait accepter l'automne et l'hiver, les arbres morts, les nuits trop longues, parce que c'est le temps de la vie, c'est du temps pour vivre. Mais j'ai cette impatience, toujours. Et toujours ce regret d'avoir accéléré le temps. Et l'été passe tellement vite....

mardi 23 août 2022

« Prix de la liberté » ?



Selon un rituel bien orchestré, le président de la République,  descendu de son Jet Ski et quittant sa « demeure » du fort de Brégançon, s’est rendu vendredi à Bormes-Les-Mimosas pour commémorer la libération de la ville. La tonalité était à son image, pédant, glacial, loin du peuple, « auquel nous dit-il, il faudra de la force de l’âme pour regarder en face le temps qui vient et, unis accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs ». Emmanuel Macron nous avait déjà préparés à une rentrée et un hiver difficiles, lors de son interview du 14 juillet, en raison des risques de pénuries d’énergie et de la flambée des prix induits par la guerre en Ukraine. Avec gravité, il récidive. Cependant, alors que tout devrait être entrepris pour obtenir un cessez-le-feu le plus rapidement possible, aucune issue positive ne se dessine. Pire ce sont les logiques d’escalade qui prévalent : « demande d’intégration de l’Ukraine à l’Union Européenne », « élargissement de l’OTAN », « formation des troupes ukrainiennes par l’UE ». Quant à Emmanuel Macron, il en vient à évoquer une économie de guerre ! On peut se poser une question : cette guerre servirait-elle à justifier une aggravation considérable de toutes les politiques de régression ? Le 17 mars 2022, le président-candidat n’annonçait-il pas une féroce guerre sociale. Attaque du RSA, des retraites, des services publics et en même temps de nouveaux cadeaux au capital. « Payer le prix de la liberté » cela revient tout simplement à justifier la hausse des prix généralisée depuis plusieurs mois et particulièrement ceux de l’énergie. Leurs causes ne devraient plus être recherchées du côté des politiques au seul service du capital, mais dans la guerre qui se déroule à nos portes. Il serait osé de nier certaines retombées de l’agression décidée par Poutine, il y six mois maintenant. Cependant, il faudrait être aveugle pour ne pas voir le parti que tentent d’en tirer les tenants du capitalisme en France, en Europe et dans le monde. Canicule, Sécheresse, incendies, pénurie d’eau, nos concitoyens prennent conscience que le dérèglement climatique n’est pas une vue de l’esprit. Face à cette urgence, celui qui se prénomme « le champion de la terre », condamné à deux reprises par la justice pour inaction climatique, affirmait, sans rire, à la veille des présidentielles, « vouloir investir massivement dans les énergies renouvelables ». Cela ne manque pas de sel lorsqu’on sait que la France est le seul pays à ne pas avoir atteint ses objectifs de déploiements des énergies renouvelables. Aujourd’hui, on continue de « regarder ailleurs ». Les promesses succèdent aux effets d’annonce : « les publicités lumineuses seront interdites la nuit ». L’appel à la « sobriété » se résume à une sorte de culpabilisation des « moins que rien ». Depuis sa résidence de Bruxelles Thierry Breton nous appelle à baisser de 1, 2 ou 3°, la température de nos appartements cet hiver. Mais pas question de remettre en cause les profits record des compagnies pétrolières et gazières ! La proposition d’une taxe sur les superprofits a été balayée d’un revers de main par la droite rassemblée, contrairement à certains de nos voisins européens. Et puis, au-delà des dispositions immédiates, quels investissements dans l’isolation des millions de logements, dans le fret, les transports publics ? Mais tout cela est évidemment inconciliable avec les logiques du capitalisme. Ne nous y trompons pas l’intervention de Jupiter-Vulcain à Bormes-les-Mimosas se résume à un appel aux françaises et aux français à se résigner, à accepter les sacrifices, « le sang et les larmes » qu’il a promis, bien avant le déclenchement de la guerre en Ukraine par la Russie. Tout dépendra donc du mouvement populaire, de sa force, de son action unie pour faire échec à ces régressions, à mettre en débat, partout dans le pays, des propositions alternatives de progrès et de justice sociale, mettant en cause les logiques financières du capital. La fête de l’Humanité  sera le premier événement politique et culturel, auquel se donnent rendez-vous celles et ceux qui en nombre n’acceptent pas de baisser les bras et souhaitent échanger, confronter leurs points de vue. Elles, ils se retrouveront aussi à la journée interprofessionnelle du 29 septembre, à l’appel de la CGT. Le mouvement social sera d’autant plus puissant si les formations politiques de gauche et écologiste, réunies dans la NUPES, sont capables de construire des projets alternatifs crédibles, de mettre e œuvre une révolution sociale et écologiste. Elles ne seront fortes que dans leur diversité. Pour le PCF, cela implique donc une activité autonome pour enrichir le débat de ses propositions afin de favoriser le rassemblement le plus large pour relever le défi qui marque le début de ce nouveau quinquennat. Services publics, retraites, pouvoir d’achat, fraude fiscale, transition énergétique, et porter de manière offensive notre « communisme », l’alternative au désastre dans lequel le capitalisme nous entraîne.

samedi 20 août 2022

Le sens des mots !



Les réformes structurelles néolibérales sont facilitées par l’utilisation d’euphémismes qui laissent à penser qu’il s’agit de réformes marginales. Ainsi les politiques d’austérité se transforment en « maîtrise des finances publiques ». Les termes implicites sont également utilisés pour favoriser la mise en place de politiques néolibérales. Ainsi l’utilisation du mot « assainissement pour évoquer les finances publiques laisse à penser qu’elles ne sont pas saines ». La mise à la diète des fonctionnaires sous-entend que « ces derniers vivent dans l’opulence ».

La modération salariale renvoie à la même idée concernant les salariés. Dans le même esprit les politiques de privatisation consistent à faire « respirer » le secteur public et les politiques de démantèlement du code du travail consistent à « s’attaquer aux rigidités de ce dernier ». Le rapport à l’emploi est également décrit d’une manière particulière, puisqu’il s’agit de « décrocher un emploi », comme s’il s’agissait d’une chance exceptionnelle. Pour y parvenir, il est demandé d’être « flexible », c'est-à-dire de s’adapter aux contraintes horaires ou géographiques de son employeur, voir « agile », en démontrant par exemple sa capacité à prendre un emploi de 2 mois à Riga ou à Lisbonne ! Un plan de licenciement est devenu un « plan social » ou un « plan de sauvegarde de l’emploi ». Le démantèlement du système de protection sociale devient un « plan de modernisation et de sauvegarde de ce système ». Le terme de « compétitivité » s’insère dans de nombreux domaines tels que les hôpitaux, les universités. Les usagers des services publics deviennent des « clients ». La confrontation patrons-syndicats est également biaisée puisqu’au lieu de la considérer comme un rapport de force, c'est-à-dire une lutte de classes, la novlangue néolibérale utilise des termes tels que « partenaires sociaux » ou « dialogue social », qui laissent à penser que les « partenaires » ont les mêmes intérêts.

A l’arrivée on veut déposséder le peuple de ses mots pour que non seulement il ne puisse plus intervenir sur son avenir mais qu’en plus il ne soit plus en capacité de comprendre. Les néolibéraux n’ont qu’un objectif : celui de faire disparaître l’idée que le peuple peut prendre en main son avenir. Cette prépondérance du discours néolibéral ne peut s’accommoder de la disparition de termes tels que capital, capitalisme, exploitation, communisme. Cette terminologie doit, plus que jamais, servir de langage, d’outils d’analyse, de signes de reconnaissance aux protagonistes des luttes anti capitalistes. Il est absolument nécessaire de combattre cette opacité volontairement entretenue pour que le peuple se désintéresse de son propre sort. Cela fait partie intégrante de la lutte des classes !

vendredi 19 août 2022

Quartiers sensibles ?



Quartiers sensibles. C'est le terme utilisé par les médias et dans les documents officiels. Sensible, c'est plutôt beau comme mot si on laisse s'exprimer l'émotion plutôt que la douleur. Quartiers sensibles où je suis souvent allé et que je connais, où j’y ai retrouvé des gens. Quartiers plutôt calmes, mais qui me ramènent à ce gamin qui pour tenir tête à une amie répond qu'il est de la racaille. Il a une quinzaine d'années. Qui a pu lui mettre cette idée en tête ?  Un enfant ne s'assimile pas à de la racaille sans raison. Il ne lui reste peut-être que cela pour hausser la voix. Élargir la vision. Et peut-être qu'il a une tête de racaille puisque quelque ministre prétend pour sa défense que lui n'a pas une tête de fraudeur. Ce qui signifie logiquement que certains ont une tête de fraudeur, de voleur, de racaille. Et ils sont quelques-uns à nous les montrer du doigt  ces gens-là : chroniqueur de télé, président énervé ou encore un philosophe qui a trouvé urgent de de donner son point de vue à la radio sur la dérive d'une équipe de foot : la faute à la « caillera ».  Il y avait urgence effectivement, les micros étaient ouverts. Rappelez-vous, c’était Alain Finkielkraut, le philosophe. Oui, lui, encore lui. Donc voilà, c'est la France entière qui est en dérive et le mal vient de la banlieue. Oui, il nommait, désignait des territoires très différents avec un seul mot : la banlieue ; et ajoutait pour notre gouverne, et sa racaille : "l’esprit des cités est en train de dévorer l’esprit de la cité". Bien entendu la racaille est basanée ou noire, comme on veut, mais pas plus claire. Je me demande quel espoir il reste à ce gamin de dix ans si le philosophe l'enferme - à distance - avec quelques mots pauvres dans une banlieue stigmatisée. Prendra-t-il un jour le chemin des banlieues, le philosophe ? Il constaterait qu'elle est immense, multiple et sensible. Oui, mais le philosophe était pressé, il devait donner son point de vue sur le foot. Il n'a guère le temps de se rendre dans les quartiers-là, et puis trop de racaille. Pas grave elles, ils, ont  fait la fête sans lui.

jeudi 11 août 2022

Fleurance, capitale des étoiles !

 


C’est vers la mi-août que les étoiles filantes sont les plus nombreuses. Combien de fois ai-je observé la traîne lumineuse. L’étoile dont on fait d’abord connaissance est Vénus, l’étoile du berger, qui est la première à s’allumer à la tombée de la nuit et la dernière à s’éteindre le matin. Enfant, on ne l’oublie pas, pas plus que les constellations de la Grande Ourse et de la Petite Ourse qui ressemblent à des chariots. L’étoile à l’extrémité de la Petite Ourse étant l’étoile polaire. Lire et regarder le ciel étoilé dans le Gers, est un moment de plaisir insoupçonné. Le Gers a des avantages, le premier de ceux-ci : pas de pollution visuelle la nuit. D’ailleurs, chaque année, Fleurance est la capitale des étoiles. C’est là qu’a lieu le Festival International d’astronomie, réunissant 10.000 passionnés. C'est souvent la moitié négligée du paysage. Le fond de la carte postale, faire-valoir de quelques curiosités touristiques. Dans le Gers, au contraire, le ciel pourrait être la star. Ici, la voûte céleste s'offre généreusement, sans buildings pour gâcher le panorama. La campagne déroule ses coteaux et ses fins chemins de crête, promontoires idéaux avec vue sur le grand bleu. «Le relief est agencé de telle sorte qu'on a perpétuellement l'occasion, et par occasion je veux dire une route en balcon, un tertre, une fenêtre, un jardin, une ruine, de voir infiniment loin. La terre n'y monte pas plus haut qu'ailleurs, au contraire. Mais le ciel s'y penche mieux sur nous. Il nous embrasse de plus près.» Et quel ciel ! Au crépuscule, les orages parfois s'y déchaînent, zébrures dorées sur fond rose foncé. Les brouillards naviguent sur la palette des gris et des oranges de l'aube. A chacun ses riches heures, donc. Néanmoins, en terre gersoise, nombre de fanatiques du ciel sont oiseaux de nuit. Heureux Gersois, de naissance ou de passage, qui ont encore la chance de pouvoir contempler la Voie lactée !

mardi 9 août 2022

Le gouvernement avance masqué !



Hier, un quotidien du matin, sans doute bien informé, nous a fait part de quelques confidences du clan Macron. On nous prévient « l’hiver va être compliqué, l’exécutif cherche le bon ton pour préparer l’opinion  à la crise ». Il ne faut pas se mentir, ça va être dur. Les efforts sont faits pour limiter les contraintes, mais il y aura des contraintes ». Et d’énoncer le contexte de guerre, une inédite crise de l’énergie, la canicule, la sécheresse et le climat. On ne peut pas exclure, nous dit-on, « d’utiliser les mêmes formats que lors du Covid, avec des points de presse réguliers » glisse un conseiller de l’Élysée. Conseil entendu par les ministres de la Transition écologique et de la Santé « Il va falloir s’habituer » et « il faut vivre avec », nous disent-ils à propos du réchauffement climatique, mais pas un seul mot sur les mesures à prendre sans délai. Une technique usée jusqu’à la corde, par le premier ministre d‘alors. Faute de réponses concrètes, on en appelle au principe de réalité. Tout cela peut se résumer ainsi : « Comment faire accepter un tour de vis, autrement dit, une politique d’austérité ? ». Pour donner le change, le ministre du budget annonce une augmentation inédite des budgets de l’éducation, du Travail et des Solidarité. Le même, avec son compère Bruno Lemaire, S’est pourtant contredit, en lançant sur tous les tons le fameux : « Nous sommes passés du quoi qu’il en coûte » au « combien ça coûte ». Dans les faits, la feuille de route du gouvernement est bien celle du pacte de stabilité avec l’objectif de revenir à 3% du PIB en 2027. Pour maintenir ce cap, le  grand classique reste la réduction d.es dépenses publiques, les réformes libérales sur les  retraites et l’assurance-chômage, avec en ligne de mire les privés d’emploi et les bénéficiaires de la solidarité. Par ailleurs, on est en droit de se poser cette question simple, quels sont les budgets qui vont être sacrifiés ? Comment faire accepter et préparer l’opinion à cette politique régressive, voilà ce quoi se résument les « bruits » que nous a livrés, hier le quotidien du matin. En refusant toute taxe sur les superprofits, toute hausse des impôts des entreprises et des grandes fortunes, même s’il compte sur un surplus de recettes lié à la hausse des prix pour atteindre les objectifs fixés par Bruxelles, mais sans connaître réellement ce que seront ses marges de manœuvre, le gouvernement se retrouve contraint des deux côtés. La stratégie consistant à rendre la France plus attractive fiscalement coûte plus de 70 milliards d’euros par an. Or la taxe sur les superprofits, par exemple, n’a pas eu d’effets sur « l’attractivité pour les investisseurs dans les autres pays européens. Ce qui signifie qu’il n’y a pas d’obstacle à taxer le capital. Autant dire qe la rentrés sociale risque d’être chaude. La Cgt appelle à une journée d’action interprofessionnelle le 29 septembre. Le PCF a redit son ambition de mobiliser notamment sur « une réforme des retraites progressiste », avec toutes les forces de gauche.

samedi 6 août 2022

Après les moissons !



Dans le Midi, le blé se fait rare, du fait qu’il est le plus souvent remplacé par l’orge et l’avoine. Quelle que soit la céréale cultivée, ce n’est pas son opulence de l’été qui nous touche le plus, mais les éteules après les moissons. Au plus haut de leur gloire, le blé comme l’orge, couvrent la terre d’une pelisse couleur de paille, parfois dorée, parfois plus pâle, où éclate le rouge vif des coquelicots. Dans l’orge, quelques graminées jaunes ou bleues émergent quelquefois. Ces tapis ondulent sous le vent avec une souplesse féline, et leur houle semble s’échouer contre les routes comme des vagues sur une plage. Ils sentent la farine et le pain, le chaud de l’été, la paille des moissons, les greniers, la terre sèche, le four des boulangers. Ils abritent des nichées de cailles et de perdrix dont on aperçoit parfois les parents inquiets dans les lisières, le long des haies. Ils demeurent sans cesse animés d’une vie qui vient de loin, du temps où les hommes cuisaient des galettes dans des foyers de terre. Aujourd’hui, on trouve de plus en plus de champs de maïs. On les traverse aisément sans les abîmer : il suffit de se glisser dans une rangée entre les pieds qui sont assez espacés pour livrer le passage. On s’y aventure volontiers, pour couper court et gagner la rivière. Les maïs chuchotent, murmurent, délivrent des secrets. Même la nuit, sous la lune, ils ne cessent de commenter ce qui se passe autour d’eux et ce dont demain sera fait. En plein après-midi, leur ombre d’église verte est d’une agréable fraîcheur. On s’allonge sur la terre chaude entre les plus hauts pieds, et on les écoute, et ils parlent des hommes ; ils les jugent distants, pas assez soigneux des lisières, et redoutables par leurs engrais. Ils prétendent que la chimie les a changés, qu’ils ne ressemblent plus au maïs d’hier, et ils en souffrent. On les console comme on peut, en leur avouant que la chimie a aussi changé nos vies, et on soupèse leurs épis dont les grains, d’un jaune tendre, ont besoin de mûrir. On en arrache la barbe : ces filaments soyeux que les anciens faisaient bouillir en infusion, et servaient aux enfants, à s’harnacher de moustaches factices. La douce blondeur des maïs se situe à la hauteur exacte de la douceur de leur murmure. Ils savent ce qui les attend, mais ils ne se plaignent pas. À peine si, au début de l’automne, ils frémissent en voyant s’avancer ces machines modernes et qui vont les dévaster en moins d’une demi-journée. Les labours de l’automne, les grands lambeaux de terre charmée, d’un marron gras et luisant, forment de profonds sillons dominés par des lèvres épaisses qui parlent : elles racontent leur patience infinie, le sommeil de l’hiver et l’essor du printemps. Elles disent leur acceptation de la blessure, des grains qui vont tomber, de la force souterraine qui viendra éclore à la surface, comme chaque année depuis que les hommes ont inventé le labour. Derrière les tracteurs, se rassemblent les passereaux. Il faudra un nouvel automne pour qu’elle s’ouvre de nouveau sous un soc qui la fécondera

lundi 1 août 2022

Merci de votre fidélité !

 


Durant ce mois de juillet vous avez lu 3140 pages sur mon blog, soit en moyenne 113 pages par jour. Depuis sa création, le 11 octobre 2021 49651 pages ont été lues. Un grand merci !

 

« Au rendez-vous », l’éditorial de Laurent Mouloud dan l’Humanité.

  « Va à la niche ! Va à la niche ! On est chez nous ! »  Diffusées dans  Envoyé spécial , les images de cette sympathisante RN de Montarg...