Je ne me fais
pas à la fin de l'été. Les charmes de l'arrière-saison, la splendeur de
l'automne, la douceur des pulls et le retour des feux de cheminée, c'est
inutile de m'en parler. Sans doute, parce qu’arrivé à l’hiver de ma vie. Chaque
année, au printemps, je guette la première explosion des feuilles. Enfin du
vert, du vivant! Les arbres sont faits pour avoir des feuilles. Je ne connais
rien de plus sinistre que la chute des feuilles, en automne, qui annoncent ces
longs mois d'arbres noirs, d'arbres morts en hiver. Ce qui me fait tenir, c'est
cette certitude qu'à partir du 21 décembre, les jours rallongent. Quelques
secondes, puis quelques minutes, oui, c'est bien sûr, on va vers l'été. J'aime
mai et juin quand les feuilles sont encore tendres, fraîches, luisantes. J'aime
ce qu'elles annoncent, les longues journées d'été, l'explosion des couleurs, le
soleil qui joue dans l'herbe, qui fait rêver la terre. C'est à cause des
grandes vacances, de l'enfance, le nez dans l'herbe, pour des semaines et des semaines
d'éternité. Les arbres qui chantent au-dessus de la tête. Le temps qui prend
son temps. On peut se laisser aller, on peut croire au bonheur. On peut serrer
la terre dans ses bras. C'est l'été. Les grandes vacances. Je me disais,
enfant, qu'on devrait interdire la fin de l'été. Je n'ai pas changé d'avis.
Cette impatience est vaine. Bien sûr. Surtout, elle est cruelle : vouloir
accélérer le temps, c'est comme brûler le temps qui reste. Et, il m’en reste
peu. Pourtant, peu importe, J'ai hâte d'être demain, après-demain. Mais le
temps, alors, aura passé. Ce temps que je ne regagnerai jamais. Il faudrait
accepter l'automne et l'hiver, les arbres morts, les nuits trop longues, parce
que c'est le temps de la vie, c'est du temps pour vivre. Mais j'ai cette impatience,
toujours. Et toujours ce regret d'avoir accéléré le temps. Et l'été passe
tellement vite....
jeudi 25 août 2022
À l’hiver de la vie !
mardi 23 août 2022
« Prix de la liberté » ?
Selon
un rituel bien orchestré, le président de la République, descendu de son Jet Ski et quittant sa
« demeure » du fort de Brégançon, s’est rendu vendredi à
Bormes-Les-Mimosas pour commémorer la libération de la ville. La tonalité était
à son image, pédant, glacial, loin du peuple, « auquel nous dit-il, il
faudra de la force de l’âme pour regarder en face le temps qui vient et, unis
accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs ». Emmanuel
Macron nous avait déjà préparés à une rentrée et un hiver difficiles, lors de
son interview du 14 juillet, en raison des risques de pénuries d’énergie et de
la flambée des prix induits par la guerre en Ukraine. Avec gravité, il récidive.
Cependant, alors que tout devrait être entrepris pour obtenir un cessez-le-feu
le plus rapidement possible, aucune issue positive ne se dessine. Pire ce sont
les logiques d’escalade qui prévalent : « demande d’intégration de
l’Ukraine à l’Union Européenne », « élargissement de l’OTAN »,
« formation des troupes ukrainiennes par l’UE ». Quant à Emmanuel
Macron, il en vient à évoquer une économie de guerre ! On peut se poser
une question : cette guerre servirait-elle à justifier une aggravation
considérable de toutes les politiques de régression ? Le 17 mars 2022, le
président-candidat n’annonçait-il pas une féroce guerre sociale. Attaque du
RSA, des retraites, des services publics et en même temps de nouveaux cadeaux
au capital. « Payer le prix de la liberté » cela revient tout
simplement à justifier la hausse des prix généralisée depuis plusieurs mois et
particulièrement ceux de l’énergie. Leurs causes ne devraient plus être recherchées
du côté des politiques au seul service du capital, mais dans la guerre qui se
déroule à nos portes. Il serait osé de nier certaines retombées de l’agression
décidée par Poutine, il y six mois maintenant. Cependant, il faudrait être
aveugle pour ne pas voir le parti que tentent d’en tirer les tenants du
capitalisme en France, en Europe et dans le monde. Canicule, Sécheresse,
incendies, pénurie d’eau, nos concitoyens prennent conscience que le
dérèglement climatique n’est pas une vue de l’esprit. Face à cette urgence,
celui qui se prénomme « le champion de la terre », condamné à deux
reprises par la justice pour inaction climatique, affirmait, sans rire, à la
veille des présidentielles, « vouloir investir massivement dans les
énergies renouvelables ». Cela ne manque pas de sel lorsqu’on sait que la
France est le seul pays à ne pas avoir atteint ses objectifs de déploiements
des énergies renouvelables. Aujourd’hui, on continue de « regarder
ailleurs ». Les promesses succèdent aux effets d’annonce : « les
publicités lumineuses seront interdites la nuit ». L’appel à la
« sobriété » se résume à une sorte de culpabilisation des
« moins que rien ». Depuis sa résidence de Bruxelles Thierry Breton
nous appelle à baisser de 1, 2 ou 3°, la température de nos appartements cet
hiver. Mais pas question de remettre en cause les profits record des compagnies
pétrolières et gazières ! La proposition d’une taxe sur les superprofits a
été balayée d’un revers de main par la droite rassemblée, contrairement à
certains de nos voisins européens. Et puis, au-delà des dispositions
immédiates, quels investissements dans l’isolation des millions de logements,
dans le fret, les transports publics ? Mais tout cela est évidemment
inconciliable avec les logiques du capitalisme. Ne nous y trompons pas
l’intervention de Jupiter-Vulcain à Bormes-les-Mimosas se résume à un appel aux
françaises et aux français à se résigner, à accepter les sacrifices, « le
sang et les larmes » qu’il a promis, bien avant le déclenchement de la
guerre en Ukraine par la Russie. Tout dépendra donc du mouvement populaire, de
sa force, de son action unie pour faire échec à ces régressions, à mettre en
débat, partout dans le pays, des propositions alternatives de progrès et de
justice sociale, mettant en cause les logiques financières du capital. La fête
de l’Humanité sera le premier événement politique
et culturel, auquel se donnent rendez-vous celles et ceux qui en nombre
n’acceptent pas de baisser les bras et souhaitent échanger, confronter leurs
points de vue. Elles, ils se retrouveront aussi à la journée
interprofessionnelle du 29 septembre, à l’appel de la CGT. Le mouvement social
sera d’autant plus puissant si les formations politiques de gauche et
écologiste, réunies dans la NUPES, sont capables de construire des projets alternatifs crédibles, de
mettre e œuvre une révolution sociale et écologiste. Elles ne seront fortes que
dans leur diversité. Pour le PCF, cela implique donc une activité autonome pour
enrichir le débat de ses propositions afin de favoriser le rassemblement le
plus large pour relever le défi qui marque le début de ce nouveau quinquennat.
Services publics, retraites, pouvoir d’achat, fraude fiscale, transition
énergétique, et porter de manière offensive notre « communisme »,
l’alternative au désastre dans lequel le capitalisme nous entraîne.
samedi 20 août 2022
Le sens des mots !
Les réformes structurelles néolibérales sont facilitées par l’utilisation d’euphémismes qui laissent à penser qu’il s’agit de réformes marginales. Ainsi les politiques d’austérité se transforment en « maîtrise des finances publiques ». Les termes implicites sont également utilisés pour favoriser la mise en place de politiques néolibérales. Ainsi l’utilisation du mot « assainissement pour évoquer les finances publiques laisse à penser qu’elles ne sont pas saines ». La mise à la diète des fonctionnaires sous-entend que « ces derniers vivent dans l’opulence ».
La modération salariale renvoie à la même idée
concernant les salariés. Dans le même esprit les politiques de privatisation
consistent à faire « respirer » le secteur public et les politiques de
démantèlement du code du travail consistent à « s’attaquer aux rigidités de ce
dernier ». Le rapport à l’emploi est également décrit d’une manière
particulière, puisqu’il s’agit de « décrocher un emploi », comme s’il
s’agissait d’une chance exceptionnelle. Pour y parvenir, il est demandé d’être
« flexible », c'est-à-dire de s’adapter aux contraintes horaires ou
géographiques de son employeur, voir « agile », en démontrant par exemple sa
capacité à prendre un emploi de 2 mois à Riga ou à Lisbonne ! Un plan de
licenciement est devenu un « plan social » ou un « plan de sauvegarde de
l’emploi ». Le démantèlement du système de protection sociale devient un « plan
de modernisation et de sauvegarde de ce système ». Le terme de
« compétitivité » s’insère dans de nombreux domaines tels que les
hôpitaux, les universités. Les usagers des services publics deviennent des «
clients ». La confrontation patrons-syndicats est également biaisée puisqu’au
lieu de la considérer comme un rapport de force, c'est-à-dire une lutte de
classes, la novlangue néolibérale utilise des termes tels que
« partenaires sociaux » ou « dialogue social », qui
laissent à penser que les « partenaires » ont les mêmes intérêts.
A l’arrivée on veut déposséder le peuple de ses
mots pour que non seulement il ne puisse plus intervenir sur son avenir mais
qu’en plus il ne soit plus en capacité de comprendre. Les néolibéraux n’ont
qu’un objectif : celui de faire disparaître l’idée que le peuple peut prendre
en main son avenir. Cette prépondérance du discours néolibéral ne peut
s’accommoder de la disparition de termes tels que capital, capitalisme,
exploitation, communisme. Cette terminologie doit, plus que jamais, servir de
langage, d’outils d’analyse, de signes de reconnaissance aux protagonistes des
luttes anti capitalistes. Il est absolument nécessaire de combattre cette
opacité volontairement entretenue pour que le peuple se désintéresse de son
propre sort. Cela fait partie intégrante de la lutte des classes !
vendredi 19 août 2022
Quartiers sensibles ?
Quartiers sensibles.
C'est le terme utilisé par les médias et dans les documents officiels.
Sensible, c'est plutôt beau comme mot si on laisse s'exprimer l'émotion plutôt
que la douleur. Quartiers sensibles où je suis souvent allé et que je connais,
où j’y ai retrouvé des gens. Quartiers plutôt calmes, mais qui me ramènent à ce
gamin qui pour tenir tête à une amie répond qu'il est de la racaille. Il a une
quinzaine d'années. Qui a pu lui mettre cette idée en tête ? Un enfant ne
s'assimile pas à de la racaille sans raison. Il ne lui reste peut-être que cela
pour hausser la voix. Élargir la vision. Et peut-être qu'il a une tête de
racaille puisque quelque ministre prétend pour sa défense que lui n'a pas une
tête de fraudeur. Ce qui signifie logiquement que certains ont une tête de
fraudeur, de voleur, de racaille. Et ils sont quelques-uns à nous les montrer
du doigt ces gens-là : chroniqueur de télé, président énervé ou encore un
philosophe qui a trouvé urgent de de donner son point de vue à la radio sur la
dérive d'une équipe de foot : la faute à la « caillera ». Il y
avait urgence effectivement, les micros étaient ouverts. Rappelez-vous, c’était
Alain Finkielkraut, le philosophe. Oui, lui, encore lui. Donc voilà, c'est la
France entière qui est en dérive et le mal vient de la banlieue. Oui, il
nommait, désignait des territoires très différents avec un seul mot : la
banlieue ; et ajoutait pour notre gouverne, et sa racaille : "l’esprit
des cités est en train de dévorer l’esprit de la cité". Bien
entendu la racaille est basanée ou noire, comme on veut, mais pas plus claire.
Je me demande quel espoir il reste à ce gamin de dix ans si le philosophe
l'enferme - à distance - avec quelques mots pauvres dans une banlieue
stigmatisée. Prendra-t-il un jour le chemin des banlieues, le philosophe ? Il
constaterait qu'elle est immense, multiple et sensible. Oui, mais le philosophe
était pressé, il devait donner son point de vue sur le foot. Il n'a guère le
temps de se rendre dans les quartiers-là, et puis trop de racaille. Pas grave elles, ils, ont fait la fête sans lui.
jeudi 11 août 2022
Fleurance, capitale des étoiles !
C’est vers la
mi-août que les étoiles filantes sont les plus nombreuses. Combien de fois
ai-je observé la traîne lumineuse. L’étoile dont on fait d’abord connaissance
est Vénus, l’étoile du berger, qui est la première à s’allumer à la tombée de
la nuit et la dernière à s’éteindre le matin. Enfant, on ne l’oublie pas, pas
plus que les constellations de la Grande Ourse et de la Petite Ourse qui
ressemblent à des chariots. L’étoile à l’extrémité de la Petite Ourse étant
l’étoile polaire. Lire et regarder le ciel étoilé dans le Gers, est un moment
de plaisir insoupçonné. Le Gers a des avantages, le premier de ceux-ci : pas de
pollution visuelle la nuit. D’ailleurs, chaque année, Fleurance est la capitale
des étoiles. C’est là qu’a lieu le Festival International d’astronomie,
réunissant 10.000 passionnés. C'est souvent la moitié négligée du paysage. Le
fond de la carte postale, faire-valoir de quelques curiosités touristiques.
Dans le Gers, au contraire, le ciel pourrait être la star. Ici, la voûte
céleste s'offre généreusement, sans buildings pour gâcher le panorama. La
campagne déroule ses coteaux et ses fins chemins de crête, promontoires idéaux
avec vue sur le grand bleu. «Le relief est agencé de telle sorte qu'on a
perpétuellement l'occasion, et par occasion je veux dire une route en balcon,
un tertre, une fenêtre, un jardin, une ruine, de voir infiniment loin. La terre
n'y monte pas plus haut qu'ailleurs, au contraire. Mais le ciel s'y penche
mieux sur nous. Il nous embrasse de plus près.» Et quel ciel ! Au crépuscule,
les orages parfois s'y déchaînent, zébrures dorées sur fond rose foncé. Les
brouillards naviguent sur la palette des gris et des oranges de l'aube. A
chacun ses riches heures, donc. Néanmoins, en terre gersoise, nombre de
fanatiques du ciel sont oiseaux de nuit. Heureux Gersois, de naissance ou de
passage, qui ont encore la chance de pouvoir contempler la Voie lactée !
mardi 9 août 2022
Le gouvernement avance masqué !
Hier,
un quotidien du matin, sans doute bien informé, nous a fait part de quelques
confidences du clan Macron. On nous prévient « l’hiver va être compliqué,
l’exécutif cherche le bon ton pour préparer l’opinion à la crise ». Il ne faut pas se mentir,
ça va être dur. Les efforts sont faits pour limiter les contraintes, mais il y
aura des contraintes ». Et d’énoncer le contexte de guerre, une inédite
crise de l’énergie, la canicule, la sécheresse et le climat. On ne peut pas
exclure, nous dit-on, « d’utiliser les mêmes formats que lors du Covid,
avec des points de presse réguliers » glisse un conseiller de l’Élysée.
Conseil entendu par les ministres de la Transition écologique et de la Santé « Il
va falloir s’habituer » et « il faut vivre avec », nous
disent-ils à propos du réchauffement climatique, mais pas un seul mot sur les
mesures à prendre sans délai. Une technique usée jusqu’à la corde, par le premier
ministre d‘alors. Faute de réponses concrètes, on en appelle au principe de
réalité. Tout cela peut se résumer ainsi : « Comment faire accepter un
tour de vis, autrement dit, une politique d’austérité ? ». Pour
donner le change, le ministre du budget annonce une augmentation inédite des
budgets de l’éducation, du Travail et des Solidarité. Le même, avec son compère
Bruno Lemaire, S’est pourtant contredit, en lançant sur tous les tons le fameux :
« Nous sommes passés du quoi qu’il en coûte » au « combien ça
coûte ». Dans les faits, la feuille de route du gouvernement est bien celle
du pacte de stabilité avec l’objectif de revenir à 3% du PIB en 2027. Pour maintenir
ce cap, le grand classique reste la
réduction d.es dépenses publiques, les réformes libérales sur les retraites et l’assurance-chômage, avec en
ligne de mire les privés d’emploi et les bénéficiaires de la solidarité. Par
ailleurs, on est en droit de se poser cette question simple, quels sont les
budgets qui vont être sacrifiés ? Comment faire accepter et préparer l’opinion
à cette politique régressive, voilà ce quoi se résument les « bruits »
que nous a livrés, hier le quotidien du matin. En refusant toute taxe sur les
superprofits, toute hausse des impôts des entreprises et des grandes fortunes,
même s’il compte sur un surplus de recettes lié à la hausse des prix pour
atteindre les objectifs fixés par Bruxelles, mais sans connaître réellement ce
que seront ses marges de manœuvre, le gouvernement se retrouve contraint des
deux côtés. La stratégie consistant à rendre la France plus attractive
fiscalement coûte plus de 70 milliards d’euros par an. Or la taxe sur les
superprofits, par exemple, n’a pas eu d’effets sur « l’attractivité pour
les investisseurs dans les autres pays européens. Ce qui signifie qu’il n’y a
pas d’obstacle à taxer le capital. Autant dire qe la rentrés sociale risque d’être
chaude. La Cgt appelle à une journée d’action interprofessionnelle le 29
septembre. Le PCF a redit son ambition de mobiliser notamment sur « une
réforme des retraites progressiste », avec toutes les forces de gauche.
samedi 6 août 2022
Après les moissons !
Dans le Midi,
le blé se fait rare, du fait qu’il est le plus souvent remplacé par l’orge et
l’avoine. Quelle que soit la céréale cultivée, ce n’est pas son opulence de
l’été qui nous touche le plus, mais les éteules après les moissons. Au plus
haut de leur gloire, le blé comme l’orge, couvrent la terre d’une pelisse
couleur de paille, parfois dorée, parfois plus pâle, où éclate le rouge vif des
coquelicots. Dans l’orge, quelques graminées jaunes ou bleues émergent
quelquefois. Ces tapis ondulent sous le vent avec une souplesse féline, et leur
houle semble s’échouer contre les routes comme des vagues sur une plage. Ils
sentent la farine et le pain, le chaud de l’été, la paille des moissons, les
greniers, la terre sèche, le four des boulangers. Ils abritent des nichées de
cailles et de perdrix dont on aperçoit parfois les parents inquiets dans les
lisières, le long des haies. Ils demeurent sans cesse animés d’une vie qui
vient de loin, du temps où les hommes cuisaient des galettes dans des foyers de
terre. Aujourd’hui, on trouve de plus en plus de champs de maïs. On les
traverse aisément sans les abîmer : il suffit de se glisser dans une rangée
entre les pieds qui sont assez espacés pour livrer le passage. On s’y aventure
volontiers, pour couper court et gagner la rivière. Les maïs chuchotent,
murmurent, délivrent des secrets. Même la nuit, sous la lune, ils ne cessent de
commenter ce qui se passe autour d’eux et ce dont demain sera fait. En plein
après-midi, leur ombre d’église verte est d’une agréable fraîcheur. On
s’allonge sur la terre chaude entre les plus hauts pieds, et on les écoute, et
ils parlent des hommes ; ils les jugent distants, pas assez soigneux des
lisières, et redoutables par leurs engrais. Ils prétendent que la chimie les a changés,
qu’ils ne ressemblent plus au maïs d’hier, et ils en souffrent. On les console
comme on peut, en leur avouant que la chimie a aussi changé nos vies, et on
soupèse leurs épis dont les grains, d’un jaune tendre, ont besoin de mûrir. On
en arrache la barbe : ces filaments soyeux que les anciens faisaient bouillir
en infusion, et servaient aux enfants, à s’harnacher de moustaches factices. La
douce blondeur des maïs se situe à la hauteur exacte de la douceur de leur
murmure. Ils savent ce qui les attend, mais ils ne se plaignent pas. À peine
si, au début de l’automne, ils frémissent en voyant s’avancer ces machines
modernes et qui vont les dévaster en moins d’une demi-journée. Les labours de
l’automne, les grands lambeaux de terre charmée, d’un marron gras et luisant,
forment de profonds sillons dominés par des lèvres épaisses qui parlent : elles
racontent leur patience infinie, le sommeil de l’hiver et l’essor du printemps.
Elles disent leur acceptation de la blessure, des grains qui vont tomber, de la
force souterraine qui viendra éclore à la surface, comme chaque année depuis
que les hommes ont inventé le labour. Derrière les tracteurs, se rassemblent
les passereaux. Il faudra un nouvel automne pour qu’elle s’ouvre de nouveau
sous un soc qui la fécondera
lundi 1 août 2022
Merci de votre fidélité !
Durant ce mois de juillet vous avez lu 3140 pages sur mon blog, soit en moyenne 113 pages par jour. Depuis sa création, le 11 octobre 2021 49651 pages ont été lues. Un grand merci !
« Au rendez-vous », l’éditorial de Laurent Mouloud dan l’Humanité.
« Va à la niche ! Va à la niche ! On est chez nous ! » Diffusées dans Envoyé spécial , les images de cette sympathisante RN de Montarg...
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjG_7TClCL10lqE7eBeNtd6uRuQE2iWIy-VZfrJrYNTs5L9FhhYD6zNsUwO6bhEeduH0_RiFp5v1NGq6b5zLCE2PjuK3gxdCjNAq0zSmKx8cb8ZilSlWqFmOtIST1ws5RFk6J7g0SfKFxfa_Ftxx84M22T2asQO7EnWUS_mkJBHQYpNKHQuHFhSfg7sOrEO/w400-h225/LMO.png)
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