Arrivés à
l’hiver de la vie, nous sommes nombreux à nous souvenir de nos trésors
d’enfance. Pourtant, tout n’était pas si rose, à cette époque-là, et la vie
n’était pas aussi belle, que parfois, certains ont bien voulu l’écrire. Mais le
merveilleux, étant la nourriture céleste de l’enfance, quoi de plus naturel, si
nos souvenirs en soient imprégnés. D’ailleurs, notre mémoire ne
sélectionne-t-elle pas et n’enjolive-t-elle pas ce que nous vivons de meilleur
en occultant le reste. Quoi qu’il en soit, je demeure persuadé que les années
qui ont suivi la Deuxième Guerre Mondiale, au-delà de toutes les souffrances et
les peines, ont été des années plus heureuses que d’autres. Après la peur et
l’horreur qui avaient duré cinq ans, il y avait dans l’air un besoin de bonheur
immédiat, simple et naturel, une envie de se sentir vivant et d’aimer la vie.
Pourtant, je ne voudrais pas que l’on pense que je me complais dans la
nostalgie, que je demeure prisonnier de mes souvenirs comme les hommes que
l’âge interroge. Chaque fois que je rencontre des enfants, je ne cesse de leur
dire que le meilleur de la vie est toujours à venir. En étant persuadé que
c’est sur les trésors du passé que se bâtit la richesse de notre avenir, de la
même manière que, pour pousser haut, les hommes, comme les arbres, ont besoin
de racines profondes et vigoureuses. Malheureusement, le profit à tout prix, la
rentabilité financière recherchée par le capital épuise les êtres humains comme
nos ressources naturelles alors qu’il convient de transformer la peur en
espoir, de réanimer notre humanité, de redonner du sens au progrès, de se
réapproprier le bonheur…il faut pourtant continuer à croire à cette promesse
d’un monde nouveau. Je crois que les vrai-e-s femmes et hommes de demain
sauront faire la différence entre le brin d’herbe qui pousse entre les pierres
avec cette force qui nous a fait surgir du néant et les agitations ultra-médiatisées
de ces temps. Celles et ceux qui considéreront tous les êtres vivants comme de
précieux compagnons dans l’aventure unique de la vie qui est commune à tous.
Celles et ceux qui sauront retrouver les vraies richesses, à commencer par
notre alliance avec le monde sensible. Celles et ceux qui espéreront en
l’avenir, car la vérité d’aujourd’hui n’est pas la vérité de demain, et la
relativité des choses nous enseigne que « de mémoire de rose on n’a jamais vu
mourir un jardinier ». Celles et ceux pour qui rien n’est fatal, et
combattent pour un monde plus humain, plus juste, plus respectueux de
l’environnement, débarrassé du cancer financier… plus désirable enfin !
mercredi 29 juin 2022
L’hiver de la vie…
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