jeudi 4 novembre 2021

L’Autoportrait de Modigliani : « Son véritable testament »



Dernière œuvre de Modigliani, cet autoportrait est son véritable testament. Non seulement c’est le seul autoportrait du peintre qui soit parvenu jusqu’à nous, à l’exception de « l’Autoportrait de Pierrot de Copenhague » et de quelques très rares dessins, mais on ne connaît pas non plus de portraits de lui parmi ses amis artistes (à part quelques dessins), qui ont, en revanche, beaucoup peint leur proche entourage. Ce n’est pas la représentation de lui-même qu’il redoutait : de nombreuses photographies nous le montrent, prenant la pose, gai et d’une séduisante modernité. Craignait-il le regard de l’autre, l’interprétation, qu’en aurait faite, un artiste, même ami ? Modigliani ayant consacré toute sa vie à l’art du portrait, à l’exclusion presque totale de tout autre genre, la suite variée de quelques centaines de visages qu’il nous a transmise constitue en elle-même un portrait composite. L’expression même du regard intime du peintre. Après avoir si longtemps refusé toute image peinte de lui, peut-être a – t – il  souhaité, se sentant très malade et affaibli, laisser un dernier témoignage, le plus personnel de son art. De profil, pose rare chez ses modèles assis, que l’on ne trouve que sur deux portraits de Jeanne HÉBUTERNE. Il tourne vers le spectateur un regard pathétique dans un visage émacié, très proche du masque mortuaire relevé sur lui quelques semaines plus tard par LIPCHITZ, l’ami de toujours. Pourtant, la palette à la main, où s’harmonisent les derniers tons de son pinceau, Modigliani incarne pour l’éternité la phrase qu’il avait adressée à Paul Alexandre une dizaine d’années plus tôt : « Le bonheur est un ange au visage grave. »

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