mardi 1 juillet 2025

« Canicule : François Bayrou n'a rien appris de 2003 », l’éditorial de Stéphane Guérard.



En vieux routier de la vie politique, François Bayrou croit connaître ses classiques. C’est donc pour ne pas revivre le naufrage en direct de Jean-François Mattei, ministre de la Santé réapparu en polo de son lieu de villégiature dix jours après le déclenchement de la canicule dramatique de 2003 (15 000 morts), que le locataire de Matignon a largement fait savoir qu’il annulait son déplacement mardi 1er juillet à Chartres pour suivre « en temps réel la situation météorologique ».

Mais, vingt-deux ans plus tard, Bayrou ne fait pas mieux que Mattei en reprenant ce que son lointain prédécesseur avait assuré : le gouvernement est « pleinement mobilisé », les services de l’État le sont aussi et tout le monde est appelé « à la plus grande prudence et vigilance, notamment envers les populations les plus fragiles », un numéro vert canicule attendant nos appels. Il fait même pire puisqu’il ne peut pas affirmer, contrairement à son ancien camarade de l’UDF, « qu’on a ouvert des lits d’hôpitaux, que du personnel a été (déployé) en heures supplémentaires, (…) que tous les services du pays sont en état d’alerte ».

Forcément. En fervent partisan des politiques d’attrition des services publics, le premier ministre ne peut pas sonner la mobilisation générale de services d’urgence qui appellent eux-mêmes à l’aide, comme à Rennes, Laval ou Alès. De même, à force de coupes concernant MaPrimeRénov’, ce père la rigueur budgétaire ne peut que promettre de très nombreuses nuits infernales à tous les locataires de « bouilloires thermiques », et de nouveaux jours de débrouillardise à des parents sommés de garder leurs enfants refoulés des écoles surchauffées.

Le premier ministre a pourtant eu tout le temps d’imaginer un plan d’aide aux sinistrés de la canicule. L’Hexagone a déjà connu deux pics de chaleur historiquement précoces en juin avant que Météo-France ne voie orange ce lundi dans 84 départements et ne bascule 16 d’entre eux en vigilance rouge ce mardi. Mais François Bayrou est l’homme du « en même temps » climatique, capable d’affirmer dimanche que « des chemins pour l’écologie sont à portée de main » tout en accompagnant le renoncement réactionnaire à la transition écologique avec les lois Duplomb ou simplification.

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