En vieux
routier de la vie politique, François Bayrou croit connaître ses classiques.
C’est donc pour ne pas revivre le naufrage en direct de Jean-François Mattei,
ministre de la Santé réapparu en polo de son lieu de villégiature dix jours
après le déclenchement de la
canicule dramatique de 2003 (15 000 morts), que le locataire de Matignon a largement fait savoir
qu’il annulait son déplacement mardi 1er juillet à Chartres pour suivre « en
temps réel la situation météorologique ».
Mais,
vingt-deux ans plus tard, Bayrou ne fait pas mieux que Mattei en reprenant ce
que son lointain prédécesseur avait assuré : le gouvernement est
« pleinement mobilisé », les services de l’État le sont aussi et
tout le monde est appelé « à la plus grande prudence et vigilance,
notamment envers les populations les plus fragiles », un numéro vert
canicule attendant nos appels. Il fait même pire puisqu’il ne peut pas
affirmer, contrairement à son ancien camarade de l’UDF, « qu’on a
ouvert des lits d’hôpitaux, que du personnel a été (déployé) en heures
supplémentaires, (…) que tous les services du pays sont en état d’alerte ».
Forcément. En
fervent partisan des politiques d’attrition des services publics, le premier
ministre ne peut pas sonner la mobilisation générale de services d’urgence qui
appellent eux-mêmes à l’aide, comme à Rennes, Laval ou Alès. De même, à force de coupes
concernant MaPrimeRénov’, ce père la
rigueur budgétaire ne peut que promettre de très nombreuses nuits infernales à
tous les locataires de « bouilloires thermiques », et de nouveaux
jours de débrouillardise à des parents sommés de garder leurs enfants refoulés
des écoles surchauffées.
Le premier
ministre a pourtant eu tout le temps d’imaginer un plan d’aide aux sinistrés de
la canicule. L’Hexagone a déjà connu deux pics de chaleur historiquement
précoces en juin avant que Météo-France ne voie orange ce lundi dans
84 départements et ne bascule 16 d’entre eux en
vigilance rouge ce mardi. Mais François
Bayrou est l’homme du « en même temps » climatique, capable
d’affirmer dimanche que « des chemins pour l’écologie sont à portée de
main » tout en accompagnant le renoncement réactionnaire à la
transition écologique avec les lois Duplomb ou simplification.
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