La Charte des Nations unies
scellait voilà quatre-vingts ans la libre union de peuple résolus, au lendemain de la défaite du nazisme, « à
préserver les générations futures du fléau de la guerre qui (…) a infligé à
l’humanité d’indicibles souffrances ». L’ONU célèbre cet anniversaire
dans un monde au bord de la déflagration, sous le feu croisé des invectives dont
la couvrent Benyamin Netanyahou et Donald Trump.
Le premier,
commanditaire du génocide en cours à Gaza, visé par un mandat d’arrêt de la
Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, désigne l’ONU comme une « maison des ténèbres », un « bourbier
de bile antisémite ». « Personne ne nous arrêtera »,
avait averti le premier ministre israélien après la plainte déposée par
l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice pour tenter de
stopper l’insoutenable carnage perpétré dans l’enclave palestinienne.
Le second, qui
a décrété le retrait des États-Unis de plusieurs instances mondiales de
coopération sur la santé, le climat, les droits humains, se dit convaincu que
son pays ne peut accomplir « son destin d’artisan de la paix »
que par le recours à « la force ». Tous deux revendiquent une
stratégie de délégitimation de toutes les institutions multilatérales. Ces
alliés ne connaissent qu’une loi, celle du plus fort.
L’unilatéralisme
et les desseins hégémoniques de Washington n’ont rien d’une nouveauté :
ils sont une constante de la politique extérieure des États-Unis et de l’ordre
international issu de la Seconde Guerre mondiale. Israël piétine depuis bien
longtemps toutes les résolutions de l’ONU
relatives à la décolonisation de la Palestine. Mais il y a dans la frénésie avec laquelle le chef du gouvernement
israélien et le président américain violent une à une toutes les règles du
droit international la promesse d’un monde proprement invivable pour tous.
Un verset de la
Bible dit que ce qui ne s’obtient « ni par la puissance, ni par la
force » s’obtient par l’« esprit ». Un dicton
populaire, en Israël, en a renversé le sens : « Ce qui ne
s’obtient pas par la force s’obtient avec plus de force. » Choisir la
force contre l’esprit, contre la loi, c’est laisser libre cours à la barbarie.
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